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Comment définir ce qui est loi et discerner ce qui est perturbation ?

Publié le 11/05/2011

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Nous avons l'idée intuitive que le mouvement est en connexion avec les actes de pousser, de soulever ou de tirer. Des expériences répétées nous amèneraient à risquer cette autre affirmation que si nous voulons que le corps se meuve plus rapidement, nous devons le pousser plus vigoureusement. Il semble naturel de conclure que plus forte est l'action exercée sur un corps et plus grande sera sa vitesse. Une voiture tirée par quatre chevaux avance plus rapidement qu'une voiture traînée par deux chevaux seulement. L'intuition nous dit ainsi que le mouvement est essentiellement lié à l'action... Nous lisons dans les Mécaniques (attribuées à Aristote) : « Le corps en mouvement s'arrête quand la force qui le pousse ne peut plus agir de façon à le pousser... « Mais où l'intuition est-elle trompeuse. Examinons de plus près les faits fondamentaux... Considérons un homme qui, sur une route unie, pousse devant soi une voiture et qui brusquement cesse de le faire. La voiture continuera à parcourir une certaine distance avant de s'arrêter. Nous demandons : comment pourrait-on allonger cette distance ? On peut y arriver de différentes manières, en graissant les roues, par exemple, et en rendant la route plus unie. Plus aisément les roues tournent, plus la route est unie et plus longtemps la voiture continuera de se mouvoir. Et qu'a-t-on obtenu par le graissage et l'aplanissement ? Tout simplement ceci : les influences extérieures ont été réduites. L'effet de ce qu'on appelle frottement a été diminué, aussi bien dans les roues qu'entre celles-ci et la route. Ceci est déjà une interprétation théorique d'un fait patent ; en réalité elle est arbitraire. Un pas significatif de plus et nous aurons le véritable fil conducteur. Imaginez une route parfaitement unie et des roues sans aucun frottement. Il n'y aurait alors rien pour arrêter la voiture et elle continuerait à se mouvoir sans cesse. Cette conclusion est obtenue seulement en imaginant une expérience idéalisée qui, en fait, ne peut jamais être réalisée 1, étant donné qu'il est impossible d'éliminer toutes les influences extérieures.

A. EINSTEIN et L. INFELD.

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