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Comment peut-on être heureux ?

Publié le 19/08/2005

Extrait du document

Mais, même si nous voulions ou bien réduire cette fin  au véritable besoin naturel, dans lequel notre espèce est entièrement d'accord avec elle-même, ou bien, de l'autre côté, intensifier encore au plus haut point l'habileté à réaliser des fins imaginées, ce que l'homme entend par bonheur et qui constitue en fait la fin naturelle dernière qui lui est personnelle (et non pas la fin de la liberté) ne serait pourtant jamais atteint par lui ; car sa nature n'est pas telle qu'elle puisse s'arrêter et trouver sa satisfaction dans la possession et la jouissance. D'autre part, c'est se tromper largement que de croire que la nature l'a élu pour son favori particulier et qu'elle l'a comblé de plus de bienfaits que tous les animaux ; au contraire, dans ses effets pernicieux, tels que la peste, la faim, les périls provoqués par l'eau, le froid, les attaques d'autres animaux grands et petits, etc., elle l'a tout aussi peu ménagé que n'importe quelle espèce animale ; bien plus encore, ce qu'il y a d'incohérent dans les dispositions naturelles présentes en lui l'expose à des tourments qu'il s'invente lui-même et le plonge, lui et ses semblables, par l'oppression de la tyrannie, la barbarie des guerres, etc., dans une détresse telle, et il travaille lui-même tellement, autant qu'il en a la capacité, à la destruction de sa propre espèce que même avec la nature la plus bienveillante en dehors de nous, la fin de celle-ci, si elle résidait dans le bonheur de notre espèce, ne pourrait pas être atteinte sur terre dans un système de la nature, parce que la nature en nous n'en est pas capable. »   Transition : Que la fin dernière de la nature ne soit pas le bonheur de l'homme, bonheur que l'homme lui-même n'est pas capable de définir, cela signifie-t-il qu'il n'y ait pas de moyen d'être heureux ?    2.    Il faut vivre selon notre nature.    a)    Conformité à notre nature. Ne pas désirer ce qui n'est pas possible. Texte : Cicéron, Tusculanes V, 81-82, traduction Jacques Brunschwig et Pierre Pellegrin.

Analyse du sujet : L’intitulé du sujet présuppose qu’on peut être heureux. Il  nous faut donc chercher le ou les moyens de l’être. Mais sait-on d’abord ce que signifie être heureux ? Chacun n’a-t-il pas une définition différente et personnelle de ce qu’est le bonheur ? Comment, dès lors, trouver des moyens communs à tous pour être heureux ? S’il y a une conception commune du bonheur, elle semble résider dans la possession de certains biens qu’il ne dépend pas, ou pas uniquement, de nous de posséder : richesses, chance, santé, etc. Si le bonheur dépend de circonstances extérieures, de ce que l’on pourrait appeler le « destin « ou la « fortune «, en quoi pouvons-nous l’influencer ? Comment penser qu’il puisse y avoir pour nous des moyens d’être heureux ? Être heureux, cela ne relève-t-il pas plutôt d’un état d’esprit, d’une façon de réagir face aux événements ? Mais, dans ce cas, n’est-ce pas une question de caractère (on dit de quelqu’un qu’il a un « mauvais « ou un « heureux « caractère) ? Y a-t-il vraiment une recette pour être heureux, et, qui plus est, une recette valable pour tous ? Problématisation : Le bonheur semble être ce qui est recherché par tous. Pourtant, peu semblent heureux ou se disent heureux, et, d’autre part, nous ne nous entendons pas sur une définition du bonheur. Peut-on, dans ces conditions, trouver un moyen de devenir heureux valable pour tous ? S’il existe une recette miracle du bonheur, et si tous cherchent à être heureux, pourquoi tous ne suivent-ils pas cette recette ? Qu’est-ce qui nous empêche d’être heureux ? Le bonheur nous est-il accessible, et si oui, à quel prix ?

« Transition : Que la fin dernière de la nature ne soit pas le bonheur de l'homme, bonheur que l'homme lui-même n'est pas capable de définir, cela signifie-t-il qu'il n'y ait pas de moyen d'être heureux ? 2.

Il faut vivre selon notre nature. a) Conformité à notre nature.

Ne pas désirer ce qui n'est pas possible. Texte : Cicéron, Tusculanes V, 81-82, traduction Jacques Brunschwig et Pierre Pellegrin. « C'est une caractéristique propre au sage de ne rien faire qu'il puisse regretter, rien contre sa volonté,mais de tout faire en homme d'honneur, avec constance, avec sérieux et droitement ; qu'il n'anticipe riencomme si cela était certain d'arriver, qu'il ne soit choqué par rien, quand cela arrive, sous rpétexte quecet événement est inattendu et étrange, qu'il rapporte tout à son propre jugement, qu'il s'en tienne à sespropres décisions.

Je ne peux rien concevoir de plus heureux que cela.

C'est une conclusion aisée pourles Stoïciens, puisqu'ils ont saisi le bien ultime comme étant l'accord avec la nature et la vie en harmonieavec la nature, ce qui est non seulement la fonction propre du sage, mais aussi quelque chose qui est enson pouvoir.

Il s'ensuit nécessairement que la vie heureuse est au pouvoir de l'homme qui a le bien ultimeen son pouvoir.

De sorte que la vie du sage est toujours heureuse.

» Texte : Diogène Laërce VII, 87-89, traduction Jacques Brunschwig et Pierre Pellegrin. « C'est pourquoi vivre en accord avec la nature devient la fin, ce qui veut dire en accord avec sa proprenature et celle du tout (...).

» Texte : Sénèque, De la vie heureuse , traduction Émile Bréhier. « Il faut en effet prendre la nature comme guide : c'est elle que la raison observe et consulte.

Car vivreheureusement et vivre conformément à la nature est une même chose.

Ce que cette formule signifie, jevais maintenant te l'expliquer.

Cela consiste à conserver nos qualités corporelles et tout ce qui est lié ànotre nature avec soin, mais sans crainte ; ce sont des choses fugitives et donc d'un jour ; ne subissonspas leur esclavage, ne nous laissons pas prendre par des choses qui nous sont étrangères ; tous cessuppléments qui plaisent au corps, mettons-les à la place où se trouvent dans un camp les auxiliaires etles troupes légères ; qu'ils soient à notre service et ne dominent pas, c'est ainsi seulement qu'ils sontprofitables à l'âme.

» b) Rechercher l'utile propre (qui ne se limite pas à la simple satisfaction des besoins). Texte : Spinoza, Éthique , quatrième partie, proposition 45, scolie du corollaire 2, traduction Charles Appuhn. « Seule assurément une farouche et triste superstition interdit de prendre des plaisirs.

En quoi, en effet,convient-il mieux d'apaiser la faim et la soif que de chasser la mélancolie ? Telle est ma règle, telle maconviction.

Aucune divinité, nul autre qu'un envieux, ne prend plaisir à mon impuissance et à ma peine,nul autre ne tient pour vertu nos larmes, nos sanglots, notre crainte et autre marques d'impuissanceintérieure ; au contraire, plus grande est la Joie dont nous sommes affectés, plus grande la perfection àlaquelle nous passons, plus il est nécessaire que nous participions de la nature divine.

Il est donc d'unhomme sage d'user des choses et d'y prendre plaisir autant qu'on le peut (sans aller jusqu'au dégoût, cequi n'est lus prendre plaisir).

Il est d'un homme sage, dis-je, de faire servir à sa réfection et à laréparation de ses forces des aliments et des boissons agréables pris en quantité modérée, comme aussiles parfums, l'agrément des plantes verdoyantes, la parure, la musique, les jeux exerçant le Corps, lesspectacles et d'autres choses de même sorte dont chacun peut user sans dommage pour autrui.

Le Corpshumain en effet est composé d'un très grand nombre de parties de nature différente qui ontcontinuellement besoin d'une alimentation nouvelle et variée, pour que le Corps entier soit égalementapte à tout ce qui peut suivre de sa nature et que l'Âme soit également apte à comprendre à la foisplusieurs choses.

» c) Mais sans attendre notre bonheur de l'extérieur. Texte : Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique , proposition 3, traduction Michel Muglioni. « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'agencementmécanique de son existence animale et qu'il ne participe à aucun autre bonheur ou à aucune autreperfection que ceux qu'il s'est créés lui-même, libre de l'instinct, par sa propre raison. La nature, en effet, ne fait rien en vain et n'est pas prodigue dans l'usage des moyens qui lui permettent de parvenir àses fins.

Donner à l'homme la raison et la liberté du vouloir qui se fonde sur cette raison, c'est déjà uneindication claire de son dessein en ce qui concerne la dotation de l'homme.

L'homme ne devait donc pasêtre dirigé par l'instinct ; ce n'est pas une connaissance innée qui devait assurer son instruction, il devaitbien plutôt tirer tout de lui-même.

La découverte d'aliments, l'invention des moyens de se couvrir et depourvoir à sa sécurité et à sa défense (pour cela la nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les. »

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