Commentaire de texte : Le Père Goriot ( Honoré de Balzac)

 

Problématique : En quoi ce portrait joue-t-il sur la duplicité du personnage de Vautrin ? 

 

Plan : I. Le portrait d’un « fameux gaillard «

a. Un portrait physique

b. Un portrait moral

c. Les activités de Vautrin.  

 

II. Un personnage mystérieux

a. Un personnage tout en contraste

b. Une identité dissimulée

c. Le parti pris du narrateur : Créer une attente chez le lecteur

 

III. Un personnage diabolique 

a. Le magnétisme du regard

b. Un homme intelligent et brillant 

c. Un grand manipulateur

 

I. Le portrait d’un « fameux gaillard « : 

a. Un portrait physique :

 

Dans ce passage du Père Goriot, Balzac nous décrit Vautrin d’une manière rustique et animale, dans phrase: « Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, les mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux ardent. « L’auteur insiste beaucoup sur la musculature de l’homme ; cela nous montre son aspect bestial. Cet aspect est renforce après par la description des ses mains, qui sont poilues ; le roux des poils fait penser à la couleur d’un animal sauvage, comme un tigre. Tout cela en somme donne une image assez sauvage de Vautrin, qui insiste sur sa force, mais aussi sur sa virilité. 

Cependant, on voit aussi que Vautrin a quarante ans, et son visage porte des rides, ce qui lui donne un aspect plus âgé et plus sage.  De plus, l’auteur nous décrit un personnage « a favoris peints «, ce qui indique que Vautrin est un personnage assez coquet ; il essaye de camoufler son physique viril en prenant soin de lui-même, et en ayant des manières « souples et liantes « ce qui donne un coté doux et léger a notre protagoniste. Balzac laisse un voile de transparence sur le visage de cet homme, en le décrivant à peine, et sur sa voix qu’il décrit comme de « basse-taille « ce qui ne donne pas d’indication sur le ton de la voix, si elle est rauque ou bien douce. L’auteur nous fait aussi paraître Vautrin comme un homme qui plait aux femmes ; « ne déplaisait point « ce qui contredit la description fait précédemment. 

Le personnage de Vautrin est présenté comme un homme physiquement rustique, musclé, bestial, mais l’auteur nous montre aussi un aspect plus doux et mystérieux de cet homme, qui peut en devenir presque séduisant, ce qui peut laisser penser que l’homme peut faire preuve d’une certaine douceur de caractère. 

 

b.  Un portrait moral :

 

La première impression que nous donne Balzac du personnage de Vautrin, est qu’il est avant tout un homme très serviable ; « il lui offrait aussitôt ses services «, il offre de l’aide aux gens s’ils en ont besoin. C’est aussi un homme a tout faire, il bricole et touche à tout ; rafistole, démonte, répare, et il a une vaste connaissance sur beaucoup de sujets ; « il connaissait tout d’ailleurs. On remarque que Balzac  nous présente Vautrin comme un homme « obligeant et rieur « ou encore une personne respirant la gaieté. 

On voit aussi que cet homme, serviable, n’hésite pas a prêté de l’argent, a madame Vauquer par exemple, mais il est près de ses sous ; «  mais ses obliges seraient morts plutôt que de ne pas lui rendre «, ce qui font planer un certain doute sur Vautrin. Ceci est renforcé par le champ lexical du criminel comportant les mots « crainte, sang-froid, imperturbable, crime, juge « qui soudain, nous font paraître Vautrin comme un être violent, criminel, et mystérieux. On voit que Vautrin est un homme très pressé de manière générale. L’auteur nous décrit une façon particulière que le personnage a d’utiliser sa « gaieté « pour mettre un mur entre lui et les autres, ce qui renforce les doutes que l’on peut avoir sur les activités de Vautrin, on voit que le portrait dressé est ambiguë et se base surtout sur de nombreux contrastes. 

 

b. Les activités de Vautrin :   

 

Dans ce passage, on découvre plusieurs activités pratiquées par Vautrin, mais elles sont toutes assez vagues. On voit tout d’abord que c’est un homme très habile de ses mains, il sait réparer les serrures, et ceci est mis en valeur par une accumulation de participes passés ; « démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée «. Il est très intelligent, il connaît beaucoup de choses ; Balzac nous le montre avec le champ lexical de son savoir qui est présent dans tout le passage. On voit aussi que c’est un homme qui  a de l’expérience dans beaucoup de domaines, notamment l’argent ; qu’il prête à madame Vauquer et aux pensionnaires, il tient bien ses comptes et personne n’ose lui rendre son argent en retard. C’est un homme très efficace, et rapide ; il fait tout dans la rapidité, il règle vite ses comptes, ce qui créer un doute. Balzac nous présente Vautrin comme un criminel ou un criminel repentis ; il connaît les prisons.  Les occupations du personnage sont étranges, et créent une atmosphère mystérieuse ; les mots « sortir,  décamper, revenir, rentrer « y participent. Le doute plane, ceci est renforcé par les horaires imprécis du personnage, qui est très indépendant. Le personnage de Vautrin pratique des activités mystérieuses, qui sont en lien avec le monde de la criminalité, ces activités ne sont pas claires, et le lecteur doute. 

 

II. Un personnage mystérieux :

a. Un personnage tout en contraste :

 

La description de Vautrin faite par Balzac est basée sur de nombreux contrastes. D’abord, on voit que Vautrin, un homme de quarante ans a « favoris peints « ; cette coquetterie et des manières «souples et liantes « marquent un contraste avec la dureté de son physique et de son visage qui porte des rides prématurées ; Vautrin garde une sorte d’équilibre qui pourrait être rassurant mais il fait plus douter qu’autre chose, et l’auteur ne dévoile pas tout. On voit dans le texte plusieurs formations antithétiques, comme « Il était obligeant et rieur « ou encore « tant, malgré son air bonhomme, il imprimait de crainte «, ce qui renforce le doute et met en place une certaine ambiguïté ; le lecteur ne sait plus quoi penser. C’est un personnage mystérieux ; il a des activités étranges, la nuit, il est discret, possède un passe-partout, on ne connaît pas ses activités exactes. Pourtant, il agit comme un être normal, entretiens une relation assez affectueuse avec madame Vauquer, la directrice de la pension, en l’appelant « maman «. On voit donc dans le personnage de Vautrin, un personnage que Balzac nous décrit tout en contrastes ; Un homme qui semble dissimuler ses activités et son apparence suspecte, sous une coquetterie, et des meurs de bon vivant apparents. 

 

b. Une identité dissimulée : 

 

Dans cette description de Vautrin, on remarque que l’auteur ne donne pas toutes les informations concernant le personnage. Cependant, plusieurs indices nous montrent que Vautrin ne joue pas franc jeu. On voit premièrement qu’il dissimule son physique sauvage est imposant derrière une certaine coquetterie. Ensuite, il camoufle sa voix « de basse-taille « avec une « grosse gaieté « qui ne semble pas être spontanée ou naturelle. Puis on remarque ses capacités a réparer et a démonter des serrures, ce qui peut faire penser que c’est ou c’était un criminel, mais on voit que le personnage dissimule ses capacités en les mettant à la disposition de gens qui en ont besoin.  Il fait part de générosité, prête de l’argent, mais inspire la crainte. 

Il dissimule ses activités mystérieuses et suspectes derrière un comportement qui semble tout à fait normal, il porte, pou madame Vauquer une certaine affection, mais cette affection semble fausse, et ne correspond pas vraiment au personnage ; ceci est montré dans le texte dans ces propositions «  sa constante complaisance et sa gaieté … laissait passer l’épouvantable profondeur de son caractère. «  Ainsi, le personnage de Vautrin est un personnage qui se dissimule sous des airs et des apparences, mais qui en fait s’avère être différent, brutal, peut être violent. 

 

c. Le parti pris du narrateur : Créer une attente chez le lecteur :

 

Tout au long de ce passage du Père Goriot, Balzac, en nous décrivant Vautrin créé une attente chez le lecteur ; il ne donne pas toutes les informations sur le personnage, ce qui incite le lecteur á se poser des questions. On voit que L’auteur nous présente Vautrin de manière très ambiguë, sans dévoiler la vérité sur cet homme. Il ne donne aucune indication précise sur le passé de l’homme, mais nous donne de petits indices ici et la. Par exemple, le fait que, bizarrement, Vautrin soit expert en des domaines qui sont en lien avec l’infraction, comme démonter et remonter des serrures, ou encore le fait qu’il a des activités nocturnes suspectes ; on ne sait pas ce qu’il fait exactement. Il est très discret, il a même un passe partout, ce qui est une preuve d’extrême discrétion et un privilège énorme lors-ce qu’il s’agit de sortir incognito. Il a des grandes connaissances dans des domaines en rapport avec le crime et les affaires sectes, comme la loi,  les prisons, l’argent. Il semble connaître un tas de choses sur les bateaux, l’étranger, la mer, qui ont un étrange lien avec la fuite ; aurait-il fuis la France, suite a une histoire qui aurait mal tourner ? 

Prépare-t-il un mauvais coup ? Beaucoup d’indications dans le texte nous font penser que oui. Le lecteur se demande constamment ce que lui réserve la suite de l’histoire, Balzac fait exprès de semer le doute et de ne pas tout nous révéler ; cela créé une attente.

 

III. Un personnage diabolique 

a. Le magnétisme du regard : 

 

Beaucoup d’éléments de ce passage nous ramènent a une chose en particulier ; le regard de Vautrin. Le regard est ici analysé comme chez Shakespeare : c’est le reflet de l’âme, une voie d’accès vers celle ci. Vautrin est perspicace, il scrute, et voit a l’intérieur des gens. Il lit a en eux comme dans un livre ouvert, comme le montre cette phrase « son œil semblait aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments «. On remarque aussi que Vautrin fait part d’une force de caractère monstrueuse ; il est déterminé. On remarque ceci dans la phrase :  « un certain regard profond plein de résolution «. Vautrin domine et fascine le monde qui l’entoure, mais inspire aussi la peur : son regard, qui joue d’un certain magnétisme semble avoir un effet paralysant sur les autres et vont les déranger, comme si ce dernier les mettaient à nu, simplement en les regardant. Vautrin peut avoir alors accès a ce qu’il désire, juste par la crainte et la fascination qu’inspirent son regard, on voit la comme une promesse, un pacte signé par Vautrin, qui est représenté comme un « juge sévère «. 

 

b. Un homme intelligent et brillant : 

 

Vautrin ne joue pas seulement de son regard pour obtenir ce qu’il veut dans la vie, c’est aussi un homme très intelligent. Le champ de son savoir est très vaste ; « il connaissait tout, d’ailleurs «. Son savoir s’intègre parfaitement dans sa vie quotidienne, comme le montre cette parole anodine « Ca me connaît «. On remarque que Vautrin a beaucoup d’expérience, dans de multiples domaines ; qu’il s’agisse de bricoler ou autre ? L’énumération de ses savoirs  montre que Vautrin a parcouru du chemin et qu’il a de l’expérience en matière de voyages et d’expéditions, mais qu’il a de l’expérience dans le domaine de la loi : Peut être à-t-il fait de la prison ? Dans tout les cas Vautrin est un homme très brillant, et il possède un savoir inouï. On remarque aussi qu’il est intelligent en général, il sait se faire discret, il sait dissimuler aussi bien son apparence et son caractère, il sait se faire respecter. 

Vautrin utilise parfois son intelligence a des fins manipulateurs, comme il le fait avec madame Vauquer.