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La conscience contrarie-t-elle notre liberté ?

Publié le 24/01/2004

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conscience
                    La conscience intellectuelle représente-t-elle un obstacle à notre liberté ?   a.       La conscience intellectuelle, pur savoir réflexif Nous l'avons vu en introduction, il existe deux sens du concept de conscience : il y a d'une part la conscience intellectuelle et de l'autre la conscience morale. Nous commencerons par nous intéresser à la première, et tout d'abord à en préciser le concept. On appelle conscience intellectuelle ce savoir réflexif que nous avons de nos propres représentations. Pour avoir conscience de quelque chose, il faut avoir une connaissance qui fait retour sur ce que nous savons. Par exemple, pour que j'ai conscience d'avoir mal, il faut que l'information de la douleur parvienne jusqu'à mon cerveau, et que je réussisse à faire retour sur cette information, ce qui est l'activité propre de la conscience. La conscience intellectuelle, pour le dire d'une manière plus condensée, est cette capacité à saisir ce qui se passe en moi ou en dehors de moi. A présent que nous savons mieux ce qu'est la conscience intellectuelle (que l'on peut également nommer « conscience psychologique ») nous nous demanderons si elle est capable de contrarier notre liberté, à savoir, de représenter un obstacle pour elle. b.

Quand nous disons le mot « conscience « nous faisons référence à deux objets distincts dont le premier est le moyen de l’autre : d’une part, nous désignons la faculté qu’à notre esprit de saisir ce qui se passe en nous ou en dehors de nous, c’est ce que nous nommerons « conscience psychologique «. Et d’autre part, nous faisons référence à la conscience morale, qui vient après la conscience psychologique, quand le sujet juge de la valeur morale de son action ou de ses intentions. Dans la suite de ce travail, nous ferons donc référence à la fois à la conscience psychologique et à la conscience morale. Lorsqu’une chose est contraire à une autre, cela signifie qu’elle représente un obstacle pour le but qu’elle tend à atteindre. Prenons un exemple concret : je suis dans le train, pressé d’arriver, quand le trajet s’interrompt. Cela me fait éprouver un vif sentiment de contrariété, car je suis empêché par cet évènement de faire ce que je désirais. On dira donc qu’une chose en contrarie une autre quand elle lui est contraire, c'est-à-dire quand elle s’interpose comme un obstacle sur le chemin de la fin vers la réalisation de laquelle elle tend. Donner une définition simple et univoque de la liberté n’est possible qu’au prix d’une simplification inacceptable du concept de liberté. En effet, pour définir la liberté, il faut nécessairement faire référence à un terme qui s’oppose à elle. Ainsi on peut définir la liberté par opposition à l’esclavage : alors elle est la condition d’une personne qui n’est pas sous la dépendance d’une autre. Elle s’oppose également à la contrainte, puisqu’elle est le pouvoir de faire ce que l’on veut ; mais elle s’oppose également à l’oppression, en tant qu’elle est le droit de faire tout ce que les lois permettent, sous réserve de ne pas porter atteinte aux droits d’autrui. Enfin, elle s’oppose au déterminisme, puisqu’elle est le pouvoir de la raison humaine de se déterminer en toute indépendance. Prenons garde à la lettre du sujet qui nous demande de réfléchir sur « ma « liberté et non sur « la « liberté. Cela implique qu’il nous faudra considérer une dimension expérientielle, intime de la liberté, celle qui s’incarne dans un sujet, et non comme un pur concept.

conscience

« d'abord à en préciser le concept.

On appelle conscience intellectuelle ce savoir réflexif que nous avons de nospropres représentations.

Pour avoir conscience de quelque chose, il faut avoir une connaissance qui fait retour surce que nous savons.

Par exemple, pour que j'ai conscience d'avoir mal, il faut que l'information de la douleurparvienne jusqu'à mon cerveau, et que je réussisse à faire retour sur cette information, ce qui est l'activité proprede la conscience.

La conscience intellectuelle, pour le dire d'une manière plus condensée, est cette capacité à saisirce qui se passe en moi ou en dehors de moi. A présent que nous savons mieux ce qu'est la conscience intellectuelle (que l'on peut également nommer« conscience psychologique ») nous nous demanderons si elle est capable de contrarier notre liberté, à savoir, dereprésenter un obstacle pour elle. b.

La conscience intellectuelle n'est pas autre chose que la liberté Nous nous demanderons donc si la conscience intellectuelle peut représenter un obstacle à la liberté, ce quiapparait pour le moins improbable étant donné que la conscience n'est pas autre chose que le choix.

En effet,Bergson a montré avec clarté que la conscience est liée à l'action, au réel et au présent : « Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moinsconsidérable de choix, ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite.

Tout porte à croirequ'il en est ainsi de la conscience en général.

Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscienceest synonyme de choix ».

L'évolution créatrice Pour agir dans le présent, je sollicite les souvenir qui me sont utiles pour mener à bien ma tache.

En revanche,d'autres souvenirs restent inconscients : il s'agit de l'ensemble des souvenirs qui ne sont pas indispensables à laréalisation de mon action présente.

En définitive, être conscient c'est chercher la meilleure solution d'un problème,m'aviser que je peux agir de telle manière, de telle autre, ou de telle autre encore.

En ce sens, on peut dire que laconscience est la liberté.

Par conséquent, à la question qui nous est posée, il semble que nous devions répondre parla négative : la conscience intellectuelle ne représente pas un obstacle à notre liberté, mais incarne et rend possiblenotre liberté.

Mais en va-t-il de même pour ce que nous nommons la conscience morale, faculté qu'il nous reste àidentifier et qui contrarie peut-être notre liberté ? II.

La conscience morale est-elle un obstacle à notre liberté ? a.

La conscience morale, nécessaire limitation de notre puissance d'agir Si nous considérons désormais la conscience morale, nous ne pouvons manquer de dire qu'elle contrarie notreliberté.

En effet, si la conscience morale est ce retour que nous faisons sur nos propres actes, afin de les évaluer enfonction de normes extérieures, et le cas échéant, de les censurer, alors il semble qu'elle représente une limitationde ma puissance d'agir.

En effet, qu'est-ce que la conscience morale, sinon cette voix dont certains philosophespensaient qu'elle était absolument naturelle (c'est la thèse de Rousseau dans son Emile) et dont d'autresprétendaient qu'elle était le fruit de l'éducation donnée à l'homme (comme Sade dans son Histoire de Juliette) quienjoint à certains actes, et proscrit la réalisation d'autres actes ? En définitive, l'origine de la conscience morale(innée ? acquise ?) importe peu : car quelle que soit le moyen par lequel elle a été ancrée dans notre psychisme,elle est cette évaluation de nos actes en fonction de normes et de valeurs qui intervient comme une limitation denotre puissance d'agir. b.

La conscience morale contrarie la liberté entendue comme autonomie A la lumière de ce que nous venons d'avancer, réfléchissons à la distinction Kantienne entre impératif hypothétiqueet impératif catégorique.

Le premier est un commandement qui obéit à une finalité : il prescrit un comportementparce qu'il est conforme à une fin recherchée (il prend la forme « si tu veux X, alors tu dois Y »).

Le second, lui,n'obéit à aucune condition : il est une pure obligation, un « tu dois » impératif qui ne souffre aucune prise encompte des circonstances et qui s'applique automatiquement.

L'impératif catégorique est nécessairement contraireà notre liberté, si par liberté nous entendons une puissance d'autodétermination du sujet en fonction de sa proprevolonté.

Le devoir auquel nous rappelle sans cesse la conscience morale, et qui prend la forme de l'impératifcatégorique, est bien cette limitation de ma liberté, cette injonction univoque à faire certaines choses et à enrefuser d'autres.

Par conséquent, nous dirons que si la liberté, c'est la capacité du sujet à agir en prenant pourseule règle d'action sa volonté et son désir, la conscience morale contrarie salutairement sa liberté, en empêchant. »

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