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La délibération réfléchie, en déterminant notre choix, abolit-elle notre liberté ?

Publié le 23/03/2004

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« Se déterminer » peut être soit un verbe réfléchi, soit un verbe pronominal. « Se tuer » se dit du désespéré qui se tire un coup de revolver dans la tempe; mais il se dit aussi de l'alpiniste qui a fait une chute mortelle. Ou encore, d'Un malade à toute extrémité on dit qu' « il se meurt », c'est-à-dire que la maladie achève son oeuvre. Si ce sont les motifs qui nous déterminent, le verbe « se déterminer » ne doit-il pas être pris dans une acception pronominale comme synonyme du passif « être déterminé », non par soi-même, pas par une force supérieure à soi P Dans ce cas, il n'y a plus de liberté. Les motifs et la liberté. L'infinitif « se déterminer », que LITTRÉ classe parmi les verbes réfléchis, n'est peut-être qu'un verbe pronominal, car il est difficile de concevoir le dédoublement par lequel on se déterminerait soi-même; du moins n'est-il pas l'équivalent d'un verbe passif, car je ne suis jamais aussi actif que lorsque je me détermine. Mais comment puis-je me déterminer activement si ma détermination est due aux motifs ou aux raisons? Pour répondre à cette difficulté, il suffit de réfléchir aux différences essentielles qui distinguent 'les motifs ou les raisons qui conditionnent la liberté des causes ou des forces qui nécessitent. , Dans une grande mesure, les motifs sont l'oeuvre de la liberté. Sans doute, il est au-dessus du pouvoir de l'homme libre de faire que ce qui est blanc lui paraisse noir, que l'ivresse ou la calomnie se transforment en actes de vertu.

L'enfant et l'adulte lui-même ne conçoivent guère la liberté sans le droit de mettre en vacances le règlement et l'esprit de sérieux pour suivre la spontanéité de leur nature, leur fantaisie, voire leur caprice. Or la délibération réfléchie préparatoire à un choix de quelque importance exige une attitude diamétralement opposée et la décision à laquelle elles aboutissent arrête définitivement une ligne de conduite. On peut donc se demander si, en déterminant notre choix, la délibération réfléchie n'abolit pas notre liberté. Il est classique de distinguer quatre moments dans le processus qui aboutit à l'acte libre : la représentation d'un résultat désirable et des moyens de l'obtenir; la délibération, dans laquelle sont discutés les motifs pour ou contre l'acte envisagé; la décision, et enfin l'exécution. Il en est de même dans la délibération réfléchie : quand on l'aborde, les jeux sont plus ou moins faits; mais la réflexion montre parfois qu'ils sont mal faits, qu'on a fermé les yeux à toute une partie du réel ou qu'on a pris des prétextes pour de bonnes raisons.

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