Devoir de Philosophie

Des Droits.

Publié le 16/06/2011

Extrait du document

1. Les droits naissent des devoirs et sont de plusieurs sortes. Comme dans tout devoir on peut considérer, 1° celui qui en est l'objet ou envers qui on est obligé; 2° celui qui en est le sujet ou qui est obligé ; 3° et enfin celui qui prescrit l'obligation : il y a donc aussi trois espèces de droits. 2. Le droit de celui envers gui on est obligé n'est pas autre chose que le devoir de celui qui est obligé, mais considéré par rapport à son objet. Dire qu'un père a droit à être respecté de son fils, ou que le fils doit respecter son père, c'est dire la même chose; dire que le fils a droit à être protégé, élevé par son père, ou que le père doit protéger, élever son fils, c'est évidemment présenter la même vérité sous deux rapports. Il en est de même de cette locution : Je me dois à moi-même, qui est complètement identique à celle-ci : Je dois, et qui n'en diffère qu'en ce qu'on se considère dans l'une comme objet, et dans l'autre comme sujet du devoir.

« 1.

Nous ferons l'application de quelques-uns des principes indiqués dans les précédents chapitres à la question duduel, qui semble d'ailleurs en être venue à n'avoir plus besoin d'être traitée par le raisonnement', mais êtreabandonnée en théorie et ne conserver dans la Pratique qu'une autorité usurpée par le préjugé et le respecthumain.2.

La première chose à faire pour juger sainement cette question, c'est donc de se mettre dans la position d'espritla plus libre à l'égard de cet empire qu'exerce toujours sur nous et malgré nous une opinion commune, soutenue parle point d'honneur.

Pour atteindre ce but, il faut isoler les éléments essentiels de la question des diversescirconstances auxquelles ils se trouvent liés, afin de les envisager en eux-mêmes.3.

C'est le procédé de Pascal, lorsqu'il dit : Deux hommes du peuple qui se battent à coups de couteau sont descoquins; mais allongez les armes, faites-en des épées, voilà ce qu'on appelle une affaire d'honneur.

Toute la forcede ce raisonnement ironique vient de ce que l'une des circonstances du préjugé dont il s'agit est l'emploi decertaines armes à l'exclusion des autres.4.

Il est évident pour tout homme qui n'est pas sous l'influence d'une prévention, que le duel est un crime au mêmetitre que le suicide et l'homicide dont ils sont une sorte de combinaison.

Mais si la prévention cachant l'évidence, onniait la parité du duel avec le suicide et l'homicide, par la raison qu'il y a défense mutuelle, et qu'ainsi les chancessont partagées et balancées, on ramènerait facilement l'évidence ainsi déguisée en changeant les circonstances.

Eneffet, présenter à quelqu'un un fruit empoisonné, c'est se rendre coupable d'homicide.

Lui présenter le choix sur cinqfruits, dont un seul est empoisonné, c'est encore une tentative d'homicide, quoiqu'il y ait une seule chance desuccès contre quatre.

Le consentement de la personne à courir cette chance ne diminuerait en rien le crime de latentative , puisque nul n'ayant droit sur sa propre vie, ne peut communiquer un tel droit qui lui manque.

Leconsentement, en pareil cas, n'aurait pas d'autre résultat que de faire deux coupables au lieu d'un.

Enfin , si celuiqui présente les fruits en choisissait un de son côté, et partageait ainsi la chance de l'empoisonnement, cettecirconstance nouvelle ne diminuerait rien au premier crime et en ajouterait un second, savoir la tentative du suicide.5.

Du reste, les arguments qui établissent que le duel est un crime ne sont pas combattus par des argumentscontraires; on se borne à leur opposer une fin de non-recevoir, tirée de certains motifs impérieux qui contraignentparfois l'homme le plus opposé au duel à en subir la funeste loi.

Ces motifs sont en général les suivants : 1° notrehonneur outragé et pour la réhabilitation duquel les lois humaines peuvent se trouver impuissantes; 2° l'obligation desoutenir, non plus notre propre honneur, mais celui de personnes à qui nous sommes liés par le sang , l'amitié ou lareconnaissance; 3° enfin certaines positions forcées où l'on ne saurait éviter une sorte d'opprobre si l'on ne serésigne à faire ce que prescrit l'usage.

En trois mots, l'honneur, la générosité, le respect humain.6.

Ces motifs ne deviennent une sorte d'arguments qu'en substituant mal à propos la sensibilité à la raison.

L'intérêtqu'on porte à l'homme placé en présence d'un devoir pénible ne saurait diminuer en rien son obligation, et lui-mêmene saurait être admis à opposer à la voix de la conscience les déchirements qu'il éprouve pour lui obéir.

Lesdifficultés du devoir n'ont qu'une valeur en morale, c'est d'ajouter au mérite du devoir accompli; jamais elles n'ont lepouvoir d'en dispenser; et les martyrs ont appris au monde que les épreuves les plus terribles ne sont jamais au-dessus de l'homme qui est résolu d'être fidèle à la loi de Dieu , et qui invoque dans ses situations pressantes celuid'où vient toute force comme toute lumière.7.

Mais, il faut l'avouer , ce dernier secret manque souvent à l'homme; toute morale qui ne remonte pas à Dieu et nese consomme pas dans le sentiment religieux, nous laisse bien faibles dans les grandes épreuves; et l'un des signespalpables de cette faiblesse, entre beaucoup d'autres, est précisément l'empire humiliant que le duel exerce encoresur tant d'âmes réputées fortes ; âmes en réalité bien faibles, qui maudissent un préjugé, et lui sacrifient par uncrime. III.

Des fins que les hommes se proposent en cette vie. 1.

L'homme a deux fins : l'une présente, qui est l'accomplissement de la loi morale; l'autre ultérieure, étroitement liéeà sa fin présente, et qui est le bonheur.2.

Ce serait un travail d'une grande utilité pratique, que d'apprécier de ce point de vue les différentes fins que leshommes se proposent en cette vie, et de voir comment elles s'éloignent ou se rapprochent plus ou moins de leursfins véritables.

Bornés par l'espace, nous ne ferons qu'indiquer trois des fins les plus ordinaires de la vie pratique.3.

La première est celle des hommes qui ne se proposent autre chose en ce monde que de jouir de l'existence; laseconde est celle des hommes qui se proposent de se préparer par le labeur de leur jeunesse et de leur âge mûr unevieillesse agréable, consacrée à un repos légitime.

La troisième est celle des hommes qui se proposent de préparerl'avenir de leurs enfants.4.

La première fin qui se résume par ces mots jouir de l'existence, peut, au début, être érigée en principe deconduite presque innocemment et par l'inconsidération d'un coeur livré trop exclusivement à ce désir du bonheur quetout homme porte en lui-même; mais elle ne tarde pas à produire la négligence et l'oubli du devoir, parce quel'accomplissement du devoir, quoiqu'il soit la vraie voie du bonheur dans cette vie même, nécessite d'abord dessacrifices et des résolutions pénibles.

Cette fin est essentiellement égoïste en soi, puisqu'elle pose le moi comme lebut unique de tous les actes de la vie.

Enfin cette fin est une illusion dont le terme est une amère déception, parceque la jouissance de la vie recherchée pour elle-même est nécessairement bornée dans sa durée, bornée dans sesmoyens, et privée de cette estime de soi-même et de ce calme intérieur que la vertu seule donne, et sans lesquelstout bonheur apparent n'est qu'un mensonge.5.

La deuxième fin, réduite aux proportions d'un motif secondaire, d'une espérance accessoire, capable de soutenirl'homme au milieu de ses travaux, fait partie des considérations de l'intérêt bien entendu , et peut venir en aide à. »

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