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Le désenchantement du monde ?

Publié le 13/02/2004

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Un univers effrayant, parce que l'homme et ses inquiétudes n'y ont plus de place et n'y trouvent plus de réponses. Telle est la leçon janséniste. Dieu n'est plus visible dans la nature, le Dieu auquel on doit croire est « un Dieu caché ». La conséquence que Pascal tire donc des sciences de son temps, c'est la « disproportion de l'homme ». il y a disproportion entre l'homme et l'univers, entre le fini de l'humaine condition et l'infini de l'univers ; il y a disproportion entre l'homme et lui-même, dans la mesure où nous sommes incapables de nous comprendre nous-mêmes sans Dieu et le secours des Ecritures. Pascal montre donc à l'homme qu'au regard de l'infinité de l'espace, il n'est que dans un « petit cachot », dans un morceau ridicule d'espace, mais aussi que, fouillant la plus petite parcelle de matière, il retrouvera « une infinité d'univers ». « Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles, et je crois que sa curiosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence, qu'à les rechercher avec présomption. » Nous touchons là au second sens de l'effroi devant l'infinité et le silence de l'univers. Il faut vaincre la présomption scientifique. Il faut réapprendre à l'homme à trembler, il faut lui faire comprendre que par la raison il ne comprendra jamais ni l'univers, ni lui-même.

« Avec les découvertes de Galilée , tout change.

Galilée est le premier à avoir l'idée de pointer la lunette récemment découverte sur le ciel.

Il découvre des tâches solaires, des volcans et des cratères lunaires, et montre que la voielactée est faite de milliers d'étoiles.

C'est donc que le monde supralunaire n'est pas parfait, immuable, incorruptible.Ces cratères et ces tâches sont le signe qu'il y a changement, génération & corruption partout dans l'univers. Galilée est le premier à formuler correctement la loi de la chute des corps, à calculer le rapport de la distance parcourue par un objet qui tombe, le temps de la chute et sa vitesse.

Il montre alors deux choses : Ø Il n'y a pas de lieu naturel des corps, la notion de mouvement est relative à la place et au mouvement de celui quiobserve.

Par exemple si un marin en haut d'un mât laisse tomber une pierre sur le bateau, il verra la pierretomber en ligne droite.

Mais un observateur sur un pont verra la pierre tomber suivant une parabole.

Ou encoresi je suis dans un train, j'ai l'impression d'être immobile et que les objets hors du train se meuvent ; Ø On peut exprimer le mouvement des corps et prévoir leur chute grâce à une formulation mathématique.

Lesmathématiques peuvent servir de « langage » pour décrire la réalité concrète des corps physiques. Enfin, Galilée en vient à soutenir que Copernic avait raison : la Terre n'est pas au centre du monde ; elle n'est pas immobile.

C'est le soleil qui est au centre du monde, et la Terre tourne autour de lui et sur elle-même.

De plus, lemonde n'est certainement pas fini, mais infini. Avec toutes ces découvertes, c'en est terminé du monde tel que l'Antiquité puis le Moyen-Age se lereprésentaient.

Galilée ouvre une crise extrêmement grave : toute une vision du monde s'écroule.

L'homme perd sa place au centre du monde.

Il n'a plus de fonction définie au sein du monde hiérarchisé et fini : il est sur une planètecomme une autre, perdu dans une infinité.

Il n'a plus de monde à imiter : la nature n'est plus qu'un livre froid,désenchanté, accessible à l'abstraction mathématique. Pour les anciens, le monde était « plein de dieux » ( Héraclite ), pour les chrétiens médiéval, il chantait la gloire de Dieu par sa beauté, son ordre, sa perfection.

Pour les savants de XVII ième siècle, il est « écrit en langage mathématique », dans la froide abstraction des figures géométriques.

Il ne parle plus au coeur de l'homme, il ne l'entretient plus de la gloire de Dieu, il faut, au contraire, péniblement le déchiffrer grâce à la langue la plusrationnelle et la plus glacée qui soit : les mathématiques.

Un accusateur de Galilée le dira ; si celui-ci a raison, nous ne sommes plus le centre du monde mais « comme des fourmis attachées à un ballon » : des êtres insignifiants sur une planète comme les autres. Ce sont Descartes & Pascal qui tireront les conséquences philosophiques et théologiques de cette révolution dans les sciences.

Ce sont eux qui comprendront qu'il faut absolument redéfinir la place de l'homme dans ce monde infiniet glacé où rien ne lui indique ni son lieu ni sa fonction. Le XVIIe siècle inaugure donc l'attitude scientifique moderne face à la nature.

C'est cette attitude qu'on peutqualifier de « désenchantement du monde » : celui-ci n'est plus qu'un ensemble régi par des lois qu'il faut connaître,il n'est plus un « vivant » mystérieux à déchiffrer.

Il ne parle plus, le langage et le sens se concentrant tout entiersdans le sujet humain et pensant (le cogito cartésien), qui se conçoit face au monde, comme devant une matièreinerte, un mécanisme aveugle.Cette nature désenchantée, devenue pur objet de science, satisfait ainsi non seulement le désir de savoir, maisaussi le rêve d'une domination technique de l'homme sur le monde, lui permettant, selon le mot de Descartes, des'en rendre « comme maître et possesseur ».

Mais une nature dépourvue de tout mystère et devenue muette peutaussi bien susciter l'inquiétude métaphysique d'un Pascal : « Le silence des espaces infinis m'effraie ». NOTE SUR LE JANSÉNISME Le jansénisme est une forme particulièrement rigoureuse de pensée et de vie chrétienne.

Il se propose de revenir àl'enseignement de Saint Augustin par réaction contre le laxisme des molinistes et des jésuites qui accordaient tantde pouvoir à la liberté de l'homme que plus rien ne restait à la puissance de Dieu..

Le jansénisme et son austéritémorale constituèrent une véritable machine de guerre contre les jésuites et leur système rhétorique qui leurpermettait de tout justifier y compris les actions morales les plus condamnables.. »

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