En quel sens la connaissance scientifique peut-elle être considérée comme un désenchantement du monde ?
Publié le 27/02/2008
                             
                        
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                                                                    b) La science, en effet, désenchante le monde en instaurant une rupture méthodique, entre la Nature et l'espritconnaissant.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si l'on en trouve très tôt des expressions chez Platon (la conversion à l'Intelligible dans 	La République	,	Ve siècle av.
                                                            
                                                                                
                                                                    J-C), ou chez Descartes (à partir du doute méthodologique narré dans la 	Première Méditation	, 1646),	on perçoit  que le désenchantement  éloigne l'homme  des sortilèges  heureux ou malheureux  exercés sur lui parl'univers sensible et par l'imagination.
                                                            
                                                                                
                                                                    Néanmoins, le désenchantement devient systématique (ou généralisé) lorsquel'esprit scientifique substitue un déterminisme rigoureux (causalité naturelle liée à l'idée de loi) aux déterminismescomplexes et multiples de la magie (le Destin, la Providence, le Miracle).
                                                            
                                                                                
                                                                    c) Le désenchantement, d'ailleurs, se trouve redoublé par l'aspect technique des nouvelles explications du monde ;en effet, la rationalité mathématique et expérimentale permet non seulement de déterminer les lois des phénomènesselon une causalité purement naturelle, mais en outre les processus de la nature deviennent prédictibles, parfoismême maîtrisables (médecine) et donnent lieu à la production par l'homme de machines qui opèrent sur le modèledes mécanismes naturels (cela aboutit au monde industriel).Ce monde ouvert à la connaissance rationnelle et qui s'offre à une exploitation rentable à des hommes devenus pourde bon « comme maîtres et possesseurs » de la nature (Descartes), il semble que l'esprit doive le domestiquer auxdépens  de ses rêves ; il a perdu la saveur du mystère.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le plus fervent partisan de l'esprit scientifique ne peut quereconnaître le tribut à payer ; Renan, en effet, éprouve lui-même les affres du désenchantement : « La science n'aguère fait jusqu'ici que détruire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Appliquée à la nature, elle en a détruit le charme et le mystère, en montrant desforces mathématiques, là où l'expression populaire voyait vie, expression morale et liberté » (	La valeur de la science	,	écrit  en 1848).
                                                            
                                                                                
                                                                     Et surtout,  la science  semble avoir détruit  « les  consolantes  croyances » dans  lesquelles  seréfugiaient les humains.
                                                            
                                                                                
                                                                    3- charmes et sortilèges du monde de la science a) Néanmoins, le désenchantement est-il aussi radical et hyperbolique que le doute cartésien ? Si, comment l'écritencore Renan « disséquer  le corps humain, c'est détruire  sa beauté  », ne convient-il  pas, avec  le chantre  dupositivisme,  de découvrir,  grâce à la  science,  d'autres sources d'enchantement  ? N'y  a-t-il  pas, pour  l'espritmathématique, un univers des nombres et de leurs relations qui enchante la raison par sa complexité et les surprisesqu'il offre  indéfiniment  à l'esprit  qui le pénètre  ? Et  que  dire de l'astronomie  ou de la biologie,  qui, certes,  nerecourent plus aux causes finales pour rendre compte des faits, mais entraînent notre imagination rationnelle dansl'infiniment grand et l'infiniment petit, à des découvertes qui peuvent à leur tour être des occasions de rêverie etd'interrogation ? b) il  n'est  donc pas interdit  de penser  que la science  fait passer  l'esprit  d'un enchantement  à un  autreenchantement :  l'art, la science-fiction, la littérature,  le cinéma, ont de longue date célébré la  rencontre de lascience et de  l'émerveillement.
                                                            
                                                                        
                                                                     Non seulement  sur le plan  de la théorie  (l'aspect  « théorétique  » des  théoriesscientifique est source d'admiration constante), mais également sur le plan de la pratique, avec l'avènement de la« techno science » et l'aménagement technique du monde.
                                                            
                                                                                
                                                                    c) L'histoire témoigne fort bien à la fois de ce désenchantement du monde par la science, et de la capacité de lascience à enchanter  un monde conquis par l'objectivité.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le romantisme européen à d'abord témoigné  de la criseprofonde engendrée par l'effacement du mystère et du surnaturel (voire du métaphysique).
                                                            
                                                                                
                                                                    Au thème augustinien etpascalien de la « vanité de la science », le poète André Chénier (1762-1794), a substitué, dès le XVIIIe siècle, une« poésie  scientifique  » consacrant  l'apothéose  de la science,  au désenchantement   «  voltairien  » (Voltaire,Dictionnaire Philosophique	, 1764, article 	Miracle	) à l'égard de la nature (Chénier, poème 	L'invention).	 S'il est vrai que	les diatribes de Chateaubriand, ô combien nostalgique du « vieil ordre européen qui expire », font de la conclusion deses Mémoires d'Outre-tombe (1841) un quasi testament de ce monde enchanté par « le génie du christianisme » ;Baudelaire, si novateur en esthétique et en moral, s'insurgera lui aussi fréquemment contre cette « infatuation » dela  science  hégémonique  et de  la grotesque  idée du « progrès  » dont  elle se réclame  (Baudelaire, 	Curiosités	Esthétiques, Exposition Universelle de 1855	).
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais d'autres enchanteront  l'âme et la vie des hommes grâce à la	science : ainsi  Hugo  réconcilie-t-il  la mythologie  et l'univers  techno scientifique  dans une célébration  poétiquepuissante :	La science pareille aux antiques pontifes,	Attelle aux chars tonnants d'effrayants hippogriffes ;	Le feu souffle aux naseaux de la bête d'airain,Le globe esclave cède à l'esprit souverain	(Victor Hugo : 	Châtiments	, VII, 13, 	Force des choses	, vers 166-200) ; et Villiers de l'Isle-Adam de renouer, deux	siècles après Cyrano de Bergerac, avec l'éloge de la science, dans l'épisode crucial de 	l'Eve Future	 (1886), augurant	désormais des enchantements, de la magie et du mystère rouverts indéfiniment par des oeuvres de science-fiction,de Jules Verne à Bradbury.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les « faits sociaux » (E.
                                                            
                                                                                
                                                                    Durkheim, 	Les règles de la méthode sociologiques	, 1895) eux-	mêmes ne resteront pas à l'écart du désenchantement opéré par le développement des sciences humaines : leroman expérimental de Zola, pour scientifiquement fondée que soit sa démarche, ne demeure-t-il pas, une sourced'émotions, de sentiments et de rêveries inépuisables au cœur même des affres causés par la révolution industrielleet l'organisation scientifique de la société européenne ?.
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