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Le dialogisme chez Dostoievski

Publié le 06/10/2012

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COMPRENDRE DOSTOIEVSKI PAR LE DIALOGUE Le mot de l'auteur dans la forme de l'expression artistique de Crime et Châtiment et Des Possédés INTRO A) Amener le problème de l'exposé (à savoir la difficulté d'attribuer à Dostoïevski une conception déterminée de l'homme et de la société) à partir de l'histoire des idées russes au 19ème siècle. 1. Naissance de l'intelligentsia Nous avons vu, lors de l'introduction au séminaire, que l'ouverture de la Russie à la civilisation occidentale, à l'Europe des Lumières, était le résultat de la volonté de Pierre le Grand et un objectif des réformes qu'il entreprit au début du XVIIIème. Ces reformes ont notamment contribué à l'accélération du développement de l'imprimerie, qui avait été freiné, au 17ème siècle, par les autorités religieuses qui en détenaient le monopole. Le règne de Pierre 1er de Russie est l'époque de la désacralisation du livre, de la laïcisation de la culture, mais surtout, de l'émancipation de l'instruction vis-à-vis de la tutelle religieuse. Nous savons que beaucoup de familles nobles prendront à leur service des précepteurs allemands, autrichiens, français... et que de leur enseignement naitront les premiers grands auteurs russes. De nouveaux types d'établissements voient également le jour (Académie des sciences, fondée à Saint-Pétersbourg en 1725 ; École militaire de la noblesse, créée en 1732 ; Université de Moscou, 1755). On se rappelle que cet accès à la culture et à l'éducation est d'abord, et pendant plus d'un siècle, réservé à l'élite sociale, à l'aristocratie qui sert les intérêts du Tsar. Un fossé se creuse entre une classe dirigeante, instruite et occidentalisée, et le peuple, superstitieux, enfermé dans les carcans de la tradition religieuse. L'intelligentsia se constituera à partir de cette élite intellectuelle et sociale, et de la conscience qu'elle prend de son rôle auprès des classes populaires. Pierre PASCAL, "Les grands courants de la pensée russe contemporaine", Cahiers du monde russe et soviétique, Année 1962, Volume 3, Numéro 1 p. 6 [pic] C'est sous le règne de Nicolas 1er que cette façon de penser et d'agir, dont parle Pierre Pascal, acquiert davantage la signification implicite d'une opposition à l'absolutisme et au servage. Le Tsar, qui prend le pouvoir au moment de la révolte des décembristes en 1825 (dont on a parlé lors de la lecture de la lettre que Dostoïevski écrit à son à son frère à sa sortie du bagne), instaure une discipline de fer. Il se fait le gardien fidèle des principes absolutistes. Il interdit l'enseignement de la philosophie et durcit la censure. L'intelligentsia, dont la littérature est alors le seul moyen d'expression, se développe comme véritable parti de l'intelligence, du discernement, de la critique au sens grec du terme. 2. Années 40 Au cours des années 1840, l'intelligentsia se partage en deux courants : l'occidentalisme, libéral, souvent athée, qui attribue les maux dont souffre la Russie à ses traditions et aux retards de ses idées par rapport à l'Europe occidentale ; et le courant slavophile, attaché à la religion orthodoxe et aux institutions patriarcales de la vieille Russie, qui remet en cause les réformes de Pierre le Grand et cherche dans les classes non instruites (et en particulier, dans la paysannerie) les racines spirituelles de la vie russe. Ce dédoublement de l'intelligentsia vient de la division des intellectuels russes dans leur réponse à la nécessité de reformuler une philosophie de l'histoire appropriée à la Russie. Pour les slavophiles, les problèmes de la Russie sont issus des réformes de Pierre le Grand, qui a placé la nation sur une voie qui n'était pas la sienne. Ils refusent l'idée d'une civilisation universelle. Chaque nation a sa culture, fondée sur l'esprit national et aucune culture ne peut être transplantée. Tout le caractère du peuple russe, ses m?urs et ses coutumes sont déterminés par le christianisme orthodoxe. Les préceptes de l'Eglise « byzantine « sont le soutien sûr et la raison d'être du tsar autocrate, seul chef capable de gouverner les Russes, dont il est le père et le symbole. La philosophie de l'histoire défendue par les slavophiles consiste dans un retour aux traditions religieuses et dans la culture de l'esprit national. A l'inverse, pour les occidentalistes, le malaise de la Russie vient de ce qu'elle ne réalise pas comme l'Occident les principes de liberté, de progrès et d'humanité. Le courant regroupe nombre de jeunes intellectuels appartenant aux classes nobiliaires et bourgeoises : professeurs et publicistes, tels Biélinski, Granovski, Herzen ou Tchaadaïev. En particulier, Tchaadaïev soutient que la Russie n'a pas de passé, qu'elle n'a rien apporté aux autres nations, et qu'elle n'a d'avenir qu'en se mettant à l'école de l'Occident. Elle doit renoncer à sa religion « byzantine « et embrasser le catholicisme. Notons ici que l'athéisme ne semble pas une discussion close au sein même de l'occidentalisme. On y reviendra. Les idées chères à Biélinski concernent également la dignité de la personne humaine, la foi dans le progrès, la subordination de l'art et de la littérature à l'éveil et à la prise de conscience du peuple. (lettre de Bielienski à Gogol, p. 117) L'occidentalisme ne peut être exclusivement défini comme un courant progressiste opposé à un chauvinisme passéiste et rétrograde. Les slavophiles ne sont pas des réactionnaires bornés. Ils admettent que tout va mal en Russie. Les occidentalistes ne sont pas non plus de « mauvais Russes «, adorant aveuglement les nations occidentales. Les uns et les autres aiment profondément leur patrie, déplorent sa stagnation, son désordre, et condamnent sévèrement le servage. On se souvient de Bielinski écrivant dans sa lettre à Gogol que, même les slavophiles se désolidarisaient des Passages choisis de ma correspondance avec mes amis, et manifestaient peu de sympath...
dostoievski

« une discipline de fer.

Il se fait le gardien fidèle des principes absolutistes.

Il interdit l’enseignement de la philosophie et durcit la censure.

L’intelligentsia , dont la littérature est alors le seul moyen d’expression, se développe comme véritable parti de l'intelligence, du discernement, de la critique au sens grec du terme. 2.

Années 40 Au cours des années 1840, l’intelligentsia se partage en deux courants : l'occidentalisme, libéral, souvent athée, qui attribue les maux dont souffre la Russie à ses traditions et aux retards de ses idées par rapport à l’Europe occidentale ; et le courant slavophile, attaché à la religion orthodoxe et aux institutions patriarcales de la vieille Russie, qui remet en cause les réformes de Pierre le Grand et cherche dans les classes non instruites (et en particulier, dans la paysannerie) les racines spirituelles de la vie russe.

Ce dédoublement de l’intelligentsia vient de la division des intellectuels russes dans leur réponse à la nécessité de reformuler une philosophie de l’histoire appropriée à la Russie.

Pour les slavophiles, les problèmes de la Russie sont issus des réformes de Pierre le Grand, qui a placé la nation sur une voie qui n'était pas la sienne.

Ils refusent l’idée d’une civilisation universelle.

Chaque nation a sa culture, fondée sur l'esprit national et aucune culture ne peut être transplantée.

Tout le caractère du peuple russe, ses mœurs et ses coutumes sont déterminés par le christianisme orthodoxe.

Les préceptes de l’Eglise « byzantine » sont le soutien sûr et la raison d'être du tsar autocrate, seul chef capable de gouverner les Russes, dont il est le père et le symbole.

La philosophie de l’histoire défendue par les slavophiles consiste dans un retour aux traditions religieuses et dans la culture de l’esprit national.

A l’inverse, pour les occidentalistes, le malaise de la Russie vient de ce qu’elle ne réalise pas comme l’Occident les principes de liberté, de progrès et d’humanité.

Le courant regroupe nombre de jeunes intellectuels appartenant aux classes nobiliaires et bourgeoises : professeurs et publicistes, tels Biélinski, Granovski, Herzen ou Tchaadaïev.

En particulier, Tchaadaïev soutient que la Russie n'a pas de passé, qu'elle n'a rien apporté aux autres nations, et qu'elle n'a d'avenir qu'en se mettant à l'école de l'Occident.

Elle doit renoncer à sa religion « byzantine » et embrasser le catholicisme.

Notons ici que l’athéisme ne semble pas une discussion close au sein même de l’occidentalisme.

On y reviendra.

Les idées chères à Biélinski concernent également la dignité de la personne humaine, la foi dans le progrès, la subordination de l'art et de la littérature à l'éveil et à la prise de conscience du peuple.

(lettre de Bielienski à Gogol, p.

117) L’occidentalisme ne peut être exclusivement défini comme un courant progressiste opposé à un chauvinisme passéiste et rétrograde.

Les slavophiles ne sont pas des réactionnaires bornés.

Ils admettent que tout va mal en Russie.

Les occidentalistes ne sont pas non plus de « mauvais Russes », adorant aveuglement les nations occidentales.

Les uns et les autres aiment profondément leur patrie, déplorent sa stagnation, son désordre, et condamnent sévèrement le servage.

On se souvient de Bielinski écrivant dans sa lettre à Gogol que, même les slavophiles se désolidarisaient des Passages choisis de ma correspondance avec mes amis , et manifestaient peu de sympathie pour ce livre.

Ceci nous montre encore que la division entre slavophile et occidentaliste ne recouvre pas l’opposition entre progressistes et réactionnaires et repose davantage sur la question du sens à donner à l’évolution historique de la Russie.. »

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