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Doit-on apprendre à devenir homme ?

Publié le 27/02/2008

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              1° Notre essence d'homme nous est donnée, l'apprentissage consiste à bien user de nos facultés Pour Descartes, nous sommes hommes par notre essence, qui nous est donnée de manière innée : nous ne devons donc pas apprendre à devenir hommes, mais à bien user de ce qui nous définit comme hommes. La qualité d'homme réside dans l'âme, qui est substance pensante, opposée à la substance étendue qu'est la matière. Nous naissons avec des facultés qui caractérisent l'humanité : Descartes affirme dans le Discours de la méthode que la raison est la chose du monde la mieux partagée, ce qui signifie que nous la possédons de façon innée, même si cela n'implique pas que nous savons en user correctement. De plus, l'homme possède un ensemble d'idées innées, que Dieu a mises en notre esprit et dont il garantit la vérité, comme les idées mathématiques. Etre homme est donc le résultat de notre essence de substance pensante, nous n'avons pas à proprement parler à devenir hommes au sens où il nous faudrait acquérir cette essence. Mais cela ne signifie pas qu'être homme consiste à ne rien avoir à apprendre : nous devons éduquer notre raison en dirigeant notre pensée de manière à n'accepter dans notre entendement que les idées innées dont la vérité nous apparaît clairement, et en préservant notre raison de l'emprise des passions qui nous induit en erreur.               2° Il est de notre essence d'être libres d'apprendre à devenir hommes Dans la perspective stoïcienne, telle que l'expose notamment Epictète, nous possédons une faculté, la raison, qui nous différencie des animaux. Mais cette faculté en elle-même n'est rien si nous n'apprenons pas à en user selon notre destination : être homme ne se définit pas par la possession de la raison, mais par son usage. Zeus nous a en effet donné la raison en nous laissant la liberté de son usage, pour qu'il revienne à notre mérite d'apprendre à nous conduire selon l'humanité. La sagesse consiste à apprendre, en s'exerçant, à accepter l'ordre du monde, ou la Providence, en conformant nos désirs à ce qui arrive : il nous revient donc, pour vivre en hommes, d'user des représentations de la raison, pour accéder à la possibilité de participer à l'oeuvre de Zeus.

Etre homme se comprend généralement comme un fait, en référence à la possession de l’essence ou de la nature humaine. Par ailleurs, il semble être une caractéristique de l’homme, contrairement aux animaux, de ne pas se définir par un ensemble d’instincts figés, mais de posséder une capacité d’apprentissage qui permet le développement de ses facultés. Faut-il alors penser que la qualité d’être homme nous est donnée d’emblée, de façon innée, par notre nature, qui serait directement achevée, et que l’apprentissage ne consiste que dans le perfectionnement de cette nature ? Ou bien cet apprentissage doit-il nous conférer la qualité d’homme, à partir d’une potentialité qu’il nous reviendrait de faire accéder à la nature humaine ?

« Problématique La tendance naturelle à la sociabilité et à la reconnaissance juridique et morale des droits et de la dignité d'autrui neparaît pas être immédiatement utile à l'homme pour survivre.

Animal d'abord, il paraît au contraire naturel de seméfier du danger que peut représenter autrui, ce qui suppose que se trouve garantis ses rapports avec lui par desrègles.

Dès lors, pour devenir véritablement un homme, et dépasser les conditions d'une existence animale et fragile,les hommes doivent pouvoir s'entendre et se reconnaître, ce qui suppose une forme d'éducation morale et politique.Autrement dit, si l'homme doit vivre en société pour bien vivre, il doit apprendre à devenir un être sociable.

Dès lors,la question de l'apprentissage possible de l'humanité de l'homme se pose.

En effet, les deux définitions de l'hommecomme animal et comme être sociable confrontent à un paradoxe.

D'une part, l'homme est homme parce qu'il estanimal et poursuit son intérêt particulier mais, d'autre part, l'homme est homme à partir du moment où il renonce àson animalité et devient un être politique. Plan rédigé proposé 1.

Ia.

Il paraît tout d'abord découler d'une définition de l'homme comme animal le fait que tout homme estnaturellement homme dès l'instant où il agit en animal. Ib.

Il ne doit donc pas apprendre son humanité puisqu'elle se définit par la primauté de l'intérêt égoïste en lui. Ic.

Ce n'est en ce sens que plus tardivement dans la construction de son rapport aux autres qu'il peut devenirhomme et définir les règles juridiques et morales d'une coexistence pacifique avec les autres. 2.

IIa.

Toutefois, en prenant la mesure du fait qu'il ne peut vivre sans les autres, il semble nécessaire de dépassercette définition naturelle de l'homme pour montrer que l'homme doit apprendre à devenir homme en comprenant sadépendance à l'égard des autres et de la culture qui réunit historiquement les hommes. IIb.

Ce processus de construction de soi n'est d'ailleurs pas un processus historique, mais une découverte de soi etun renoncement à l'animalité qui l'éloignait de son humanité. IIc.

Se comporter en animal est même une façon de renoncer à soi, c'est-à-dire un maintien dans une condition quile rend de plus en plus incapable d'agir e,n tant qu'homme et de faire parler en lui l'intelligence qui le distingue de labête. 3.

IIIa.

Cette analyse semble élucider le paradoxe du sujet en montrant que l'homme ne devient pas homme au senspropre du terme, mais est toujours homme et devient citoyen en renonçant progressivement à une individualitéégoïste. IIIb.

Cependant, lorsqu'il se discipline et construit une société avec les autres, l'homme renonce à une part de sonanimalité, ou fait en tout cas semblant dans un premier temps d'y renoncer, au point qu'il finit par devenir un êtredocile qui ne laisse plus exprimer la nature en lui. IIIc.

Ce qu'a perdu l'homme est donc ce qu'il avait de plus propre, c'est-à-dire la façon dont il s'affirmait lui-même,pour devenir comme les autres et adopter les mêmes règles que tout le monde.

Il ne serait pas faux à cet égard demontrer que l'apprentissage de l'humanité est paradoxal puisqu'il se traduit par un renoncement à l'identité première.À la question de savoir si l'homme doit apprendre à devenir homme, il est donc possible de répondre de façonpassablement ambiguë.

Il doit apprendre à devenir homme s'il veut trouver les meilleures conditions de sa vie, maisen apprenant ainsi à devenir le même homme que les autres, il finit par ne plus être un homme, c'est-à-dire par neplus rien avoir de propre et d'authentique qui lui appartienne à lui seul.. »

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