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L'Eglise, sacrement du salut

Publié le 17/03/2012

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Dans l’un de ses discours[1], le pape Paul VI n’a pas hésité à qualifier Lumen Gentium, la constitution dogmatique sur l’Église, de « magna carta « du Concile Vatican II. C’est le fruit de quatre années de travail où théologiens et évêques se sont appliqués à élaborer la synthèse de la doctrine sur l’Église ; cette démarche de recherche ecclésiologique n’a pas de précédent dans l’histoire de l’Église et elle a permis à l’Église de se comprendre davantage, tout en sachant qu’aucune formule ne pourra englober la totalité de son mystère[2]. De ce fait, les pères conciliaires, dans le souci de donner une description de ce qu’est l’Église en elle-même, et vers l’extérieur, ont utilisé une multiplicité d’images et de concepts qui se complètent. Parmi ces concepts, la définition de l’Église comme « sacrement « est « la porte d’entrée « par excellence, parce qu’elle apparait dès le premier numéro de Lumen Gentium, mais aussi dans d’autres numéros de ladite constitution[3] et dans d’autres documents conciliaires[4].


[1] Paul VI, Discours du 2 février 1965.

[2] En théologie chrétienne, parler d’une réalité comme d’un mystère ne veut pas dire qu’il est incompréhensible et qu’il doit rester incompréhensible. Quand on parle de mystère, c’est dire une réalité qui a un rapport avec Dieu ; et comme pour Dieu, cette réalité ne peut être approchée d’une façon ultime qu’avec la foi. Ainsi, c’est dans la foi que toutes réalités chrétiennes peuvent être perçues dès maintenant, mais pas dans leur totalité. Le sens ultime du mystère échappe à la raison et pourtant la raison sert pour l’investiguer.

[3] Vatican II, Lumen Gentium, 21.11.1964. LG 1, 9, 48.

[4] Vatican II, Sacrosantum Concilium, 4.12.1963, SG 5 et 26; Id., Gaudium et Spes, 7.12.1965, GS 42,45 ; Id., Ad Gentes, 7.12.1965, AG 1, 5.

« 2 Première partie. L’objectif de cette première partie est d’analyser pour quelles raisons il fallait recourir au terme « sacrement » pour définir l’Église à Vatican II.

Autrement dit, en introduisant la catégorie du « sacramentel » pour définir l’Église, particulièrement en la plaçant au premier plan comme la véritable « porte d’entrée » d’une démarche ecclésiologique, quelle est l’intention des Pères du concile Vatican II? Afin de mieux comprendre le choix et l’utilisation de la définition d’« Église-sacrement », il est nécessaire, dans un premier temps, de faire un détour historique, en parcourant les options ecclésiologiques que l’Église catholique a adoptées au fur et à mesure, comme des réponses nécessaires à des sollicitations extérieures dans des contextes historiques particuliers. Dans un deuxième temps, nous analyserons les limites de ces approches ecclésiologiques, et dans un troisième temps, nous verrons comment les concepts de « mystère » et de « sacrement » utilisés par Vatican II permettent de dépasser ces impasses. 1.1 L’ecclésiologie catholique avant Vatican II. 1.1.1 Préambules méthodologiques. Avant d’énoncer succinctement les positions que l’Église catholique a prises pour parler d’elle-même au cours de l’histoire jusqu’à Vatican II, nous trouvons profitable de faire brièvement deux préambules méthodologiques pour mieux situer et justifier le point de départ de notre réflexion. Premièrement, en soulignant le caractère particulier de l’ecclésiologie comme un discours élaboré par un sujet croyant appartenant à l’Église, avec une dimension subjective du rapport à l’Église avec une attitude d’intériorité, on peut définir l’ecclésiologie comme « une interprétation dans la foi de la réalité de l’Église » ; cependant l’Église, par sa « réalité complexe » 7et pour être comprise avec justesse, requiert aussi d’autres disciplines que la dogmatique car elle est aussi une espace social structuré et une réalité historique 8.

Ainsi, les discours tenus par l’Église sur elle-même ne peuvent faire abstraction des contextes socioculturels puisque elle-même manifeste son identité et sa différence dans un rapport Église- monde qui change selon les époques et les lieux. Deuxièmement, il s’agit souvent d’entrer dans une dialectique entre deux pôles en tension, continuité et rupture , et du coup, il faut toujours nuancer les deux termes.

Par exemple, la démarche qui va suivre n’a pas l’intention d’énoncer un avant et un après Vatican II avec une 7LG, 8. 8« Comme discipline théologique, l’ecclésiologie se situe au carrefour de nombreuses autres disciplines théologiques dont elle ne peut se passer, tout en faisant aussi appel aux sciences humaines, telles que l’histoire et la sociologie » in H.

Legrand, « Le statu pluridisciplinaire de l’ecclésiologie.

Une requête de Lumen Gentium 8 : ‘L’Église, réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin’ », Science et Esprit (Canada) 59, 2007, pp.333-349.. »

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