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femmes savantes acte III scene 3

Publié le 12/03/2011

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Vos vers ont des beautés que n'ont point tous les autres. Les grâces et Vénus règnent dans tous les vôtres.  Vous avez le tour libre, et le beau choix des mots.  On voit partout chez vous l'ithos et le pathos. Nous avons vu de vous des églogues d'un style Qui passe en doux attraits Théocrite et Virgile. Vos odes ont un air noble, galant et doux, Qui laisse de bien loin votre Horace après vous. Est-il rien d'amoureux comme vos chansonnettes? Peut-on voir rien d'égal aux sonnets que vous faites? Rien qui soit plus charmant que vos petits rondeaux? Rien de si plein d'esprit que tous vos madrigaux? Aux ballades surtout vous êtes admirable. Et dans les bouts-rimés je vous trouve adorable. Si la France pouvait connaître votre prix. Si le siècle rendait justice aux beaux esprits. En carrosse doré vous iriez par les rues. On verrait le public vous dresser des statues. Hom! C'est une ballade, et je veux que tout net Vous m'en... Avez-vous vu certain petit sonnet

Sur la fièvre qui tient la princesse Uranie? Oui, hier il me fut lu dans une compagnie. Vous en savez l'auteur? Non; mais je sais fort bien Qu'à ne le point flatter son sonnet ne vaut rien. Beaucoup de gens pourtant le trouvent admirable. Cela n'empêche pas qu'il ne soit misérable; Et, si vous l'avez vu, vous serez de mon goût. Je sais que là-dessus je n'en suis point du tout, Et que d'un tel sonnet peu de gens sont capables. Me préserve le Ciel d'en faire de semblables!

Je soutiens qu'on ne peut en faire de meilleur; Et ma grande raison, c'est que j'en suis l'auteur. Vous! Moi. Je ne sais donc comment se fit l'affaire. C'est qu'on fut malheureux de ne pouvoir vous plaire. Il faut qu'en écoutant j'aye eu l'esprit distrait, Ou bien que le lecteur m'ait gâté le sonnet. Mais laissons ce discours et voyons ma ballade. La ballade, à mon goût, est une chose fade. Ce n'en est plus la mode; elle sent son vieux temps. La ballade pourtant charme beaucoup de gens. Cela n'empêche pas qu'elle ne me déplaise. Elle n'en reste pas pour cela plus mauvaise. Elle a pour les pédants de merveilleux appas. Cependant nous voyons qu'elle ne vous plaît pas. Vous donnez sottement vos qualités aux autres. Fort impertinemment vous me jetez les vôtres. Allez, petit grimaud, barbouilleur de papier. Allez, rimeur de balle, opprobre du métier. Allez, fripier d'écrits, impudent plagiaire. Allez, cuistre. Eh! Messieurs, que prétendez-vous faire?

Va, va restituer tous les honteux larcins Que réclament sur toi les Grecs et les Latins. Va, va-t'en faire amende honorable au Parnasse D'avoir fait à tes vers estropier Horace. Souviens-toi de ton livre et de son peu de bruit. Et toi, de ton libraire à l'hôpital réduit. Ma gloire est établie; en vain tu la déchires. Oui, oui, je te renvoie à l'auteur des Satires. Je t'y renvoie aussi.

J'ai le contentement Qu'on voit qu'il m'a traité plus honorablement: Il me donne, en passant, une atteinte légère, Parmi plusieurs auteurs qu'au Palais on révère; Mais jamais, dans ses vers, il ne te laisse en paix, Et l'on t'y voit partout être en butte à ses traits. C'est par là que j'y tiens un rang plus honorable. Il te met dans la foule, ainsi qu'un misérable, Il croit que c'est assez d'un coup pour t'accabler, Et ne t'a jamais fait l'honneur de redoubler; Mais il m'attaque à part, comme un noble adversaire Sur qui tout son effort lui semble nécessaire, Et ses coups contre moi redoublés en tous lieux Montrent qu'il ne se croit jamais victorieux. Ma plume t'apprendra quel homme je puis être. Et la mienne saura te faire voir ton maître. Je te défie en vers, prose, grec, et latin. Hé bien, nous nous verrons seul à seul chez Barbin.

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