La fonction sociale de la science aujourd'hui
Publié le 07/06/2012
Extrait du document
Le monde dans lequel nous vivons, son paysage le plus quotidien comme ses ressources futures sont définis par les progrès de la science et de la technologie ; mais, si nul ne peut minimiser la dette des sociétés modernes à leur égard, les raisons d'inquiétude l'emportent aujourd'hui plus souvent que les motifs d'optimisme. Les bienfaits de la science ne se célèbrent plus sur le mode positiviste du XIXe siècle.
Quand on parle de « fonction sociale « de la science, il est impossible de ne pas se souvenir du livre de Bernal qui porte ce titre, ne serait-ce que pour mesurer le chemin parcouru depuis sa publication en 1939. Malgré l'approche de la Seconde Guerre mondiale, c'était un livre profondément optimiste : Bernal déplorait le peu d'intérêt que la recherche scientifique suscitait dans le grand public et la pénurie dans laquelle elle se développait, mais il ne doutait ni des progrès immenses que la science devait accomplir ni des services qu'elle pourrait ainsi rendre à la société...
Plan
Introduction ................................................................................................................................. 1
I. Des relations étroites entre la recherche et la puissance publique ........................................... 2
a) Développement des activités de recherche sous l'impulsion donnée par la Seconde Guerre mondiale .................................................................................................................................. 2
b) Vers une production scientifique ........................................................................................ 2
c) La recherche scientifique n'est plus seulement une fin, elle est devenue aussi un moyen. ..... 3
II. La « neutralité « de la science ................................................................................................ 4
a) Francis Bacon : le progrès incessant des techniques ................................................................ 4
b) La science comme outil indispensable à l'exercice même du pouvoir ................................... 5
c) L’entreprise scientifique contestée ..................................................................................... 6
III. La crise de la science .......................................................................................................... 7
a) La recherche n’est plus une corne d’abondance .................................................................. 7
b) La prise de conscience des dommages entraînés par le processus de croissance .................. 8
c) Une technologie militaire capable d'effacer de la Terre la totalité de l'espèce humaine ..... 10
IV. Conclusion : Définir une éthique scientifique .................................................................... 11
a) La nécessité d'une transparence et d'une insertion plus grandes de l'institution scientifique dans la société. ....................................................................................................................... 11
b) Informer le public, en l'associant aux données techniques ................................................ 12
c) La découverte d'un ou de plusieurs paradigmes nouveaux ................................................ 13
Bibliographie .............................................................................................................................. 13
«
conditions au moins devaient, à ses yeux, être rem plies pour que ces promesses
fussent tenues : des ressources plus abon dantes et la mise en œuvre de politiques
délibérées de la scien ce .
Ces deux conditions ont été effectivement remplies, mais pas au nom des
finalités bienfaisantes que Berna l, comme tout rationaliste de sa génération, attribuait à
la science ; il a fallu le conflit mondial et la bombe atomique pour inciter l'État à dev enir
tout à la fois le premier producteur et le premier consomma teur de recherche
scientifique.
Les politiques de la science sont issues de la guerre, et non de la paix ; elles
ont pris leur essor laies un contexte stratégique et, au moins jusqu'aux années 1967 -
1968, c'est toujours ce contexte qui a déterminé l'orienta tion des efforts nationaux de
recherche et de développement.
I.
Des relations étroites entre la recher che et la puissance publique
a) Développement des activités de recherche sous l'impulsion donnée
par la Seconde Guerre mondiale
Dans ce climat de compétition et de surenchère technologi ques, la politique de
la science, au sens étroit du terme, a néces sairement été le résidu des programmes
prioritaires qu'impo saient les considérations de défense et de prestige : c'est -à-dire ce
qui restait quand l'armée, l'atome et l'espace avaient tout absorbé.
Il est vrai q ue ce
reste, en chiffres absolus, n'a pas été négligeable : incontestablement, les grands
programmes techno logiques ont eu un effet stimulant pour la science.
De même que
les activités de recherche ne se seraient pas développées autant ni au même rythme
sans l'impulsion donnée par la Seconde Guerre mondiale et l'absence de paix qui l'a
suivie, de même toutes les disciplines scientifiques ont fini par bénéficier des prio rités
accordées, à tort ou à raison, à certaines d'entre elles.
On parle de nos société s comme de sociétés « scientifiques » ou « post -
industrielles » parce qu'elles se nourrissent de la recher che scientifique comme nous
nous nourrissons de l'air et de l'eau.
C'est là le résultat des relations étroites qui se sont
instituées entre la recher che et la puissance publique ; cette convergence des intérêts de
l'État et de la science a effectivement provoqué une production massive de
connaissances et de technologies nou velles dont les sociétés modernes ne peuvent plus
se passer.
Le changement quantitatif s'est traduit par un changement qualitatif pour la
collectivité en général comme pour la commu nauté scientifique en particulier.
Prenons
seulement l'exemple des États -Unis, pays dont l'effort de recherche et de développe -
ment est le plus élevé du monde : en 1940, les dépenses fédé rales de recherche
n'atteignaient pas cent millions de dollars ; aujourd'hui, elles dépassent quinze
milliards par an et, si l'on y ajoute la part des investissements privés (industries,
universités et fondations), ce montant doit être plus que doublé.
Jusqu'en 1968, le
budget de recherche de la plupart des pays industrialisés a d'ailleurs suivi
proportionnellement le même rythme d'accrois sement que celui des Etats -Unis.
En
1940, l'effectif mondial de la main -d’œuvre employée à des activités de recherche ne
dépas sait pas cent mille personnes ; en trente ans, il s'est accru au point qu'on peut
l'estimer à plus de trois millions de chercheurs — scientifiques, ingénieurs et
techniciens.
b) Vers une production scientifique
Il ne suffit plus de parler, comm e Karl Marx, de concentration industrielle ni
même, comme Auguste Comte, de rationalisation scientifique du travail pour rendre
compte du processus d'indus trialisation : la manipulation des forces intellectuelles
s'ajoute désormais à celle des forces natu relles comme le trait le plus caractéristique.
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