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Hume, Enquête sur l'entendement humain, section V

Publié le 11/04/2012

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Quand je jette un morceau de bois sec dans le feu, mon esprit est immédiatement porté à concevoir qu'il accroît la flamme et ne l'éteint pas. Cette transition de pensée de la cause à l'effet ne procède pas de la raison. Elle tire entièrement son origine de l'accoutumance et de l'expérience. Comme elle commence d'abord en partant d'un objet présent aux sens, elle rend l'idée, la conception de la flamme, plus puissante et plus vive qu'aucune rêverie vague et flottante de l'imagination. Cette idée naît immédiatement. La pensée se meut instantanément vers elle et lui transfère toute la force de conception qui provient de l'impression présente aux sens. Quand une épée est dirigée contre ma poitrine, l'idée de blessure et de douleur ne me frappe-t-elle pas plus puissamment que lorsqu'on me présente un verre de vin, même si, par accident, cette idée se présentait après l'apparition de ce dernier objet ? Mais qu'y a-t-il dans toute cette affaire pour produire une conception puissante de cette nature, sinon uniquement la présence d'un objet et une transition coutumière à l'idée d'un autre objet que nous avons été habitués à conjoindre au premier ? Telle est toute l'opération de l'esprit dans toutes nos conclusions sur les questions de fait et d'existence ; et il est satisfaisant de trouver des analogies qui puissent l'expliquer. La transition à partir d'un objet présent donne effectivement, dans tous les cas, de la force et de la solidité à l'idée reliée. Voilà donc une sorte d'harmonie préétablie entre le cours de la nature et la succession de nos idées; bien que les pouvoirs et les forces, qui gouvernent le premier, nous soient totalement inconnus, pourtant nos pensées et nos conceptions ont toujours continué, trouvons-nous, du même train que les autres oeuvres de la nature. L'accoutumance est le principe qui a réalisé cette correspondance, si nécessaire à la conservation de notre espèce et à la direction de notre conduite dans toutes les circonstances et tous les événements de la vie humaine. Si la présence d'un objet n'avait pas éveillé instantanément l'idée des objets qui lui sont communément conjoints, toute notre connaissance aurait dû se limiter à la sphère étroite de notre mémoire et de nos sens ; nous n'aurions jamais été capables d'ajuster des moyens en vue de fins ou d'employer nos pouvoirs naturels soit pour produire le bien, soit pour éviter le mal. Ceux qui se réjouissent à découvrir et à contempler les causes finales ont ici ample occasion d'employer leur émerveillement et leur admiration.

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« à la conservation de notre espèce et à la direction de notre conduite dans toutes les circonstances et tous les événements de la vie humaine.

Si la présence d'un objet n'avait pas éveillé instantanément l'idée des objets qui lui sont communément conjoints, toute notre connaissance aurait dû se limiter à la sphère étroite de notre mémoire et de nos sens ; nous n'aurions jamais été capables d'ajuster des moyens en vue de fins ou d'employer nos pouvoirs naturels soit pour produire le bien, soit pour éviter le mal.

Ceux qui se réjouissent à découvrir et à contempler les causes finales ont ici ample occasion d'employer leur émerveillement et leur admiration.

» Une réflexion sur les différentes opérations de l'esprit humain dans son approche de l'expérience vécue peut apparaître comme une des conditions de la lucidité philosophique.

La connaissance de soi, de la croyance et de l'habitude, la conscience de ce que nos pensées doivent à une expérience en quelque sorte sédimentée dans l'accoutumance permettent de donner aux différents types de représentations humaines un statut qui évite la confusion, le dogmatisme, voire l'intolérance.

Savoir que je crois ou que j'imagine, c'est m'interdire à moi-même tout amalgame des registres.

Il ne s'agit pas d'affaiblir la raison ou d'en restreindre le champ, mais bien de distinguer ce qui doit l'être.

Ainsi advient la lucidité, par vigilance philosophique sur les différents registres de l'esprit ou de la conscience.

Kant n'oubliera pas la leçon.. »

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