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L'influence et la postérité de Balzac

Publié le 05/04/2011

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 « Après Montaigne, Voltaire et Rousseau, je ne connais, écrit Emile Faguet, aucun écrivain français qui ait eu une influence morale et une influence littéraire égale à celle de Balzac «. Influence morale ? Faguet, et avant lui certains contemporains de Balzac malveillants comme Sainte-Beuve, puis certains critiques « bien pensants « du Second Empire et de la fin du XIXe siècle, ont répété qu'il avait aidé à l'épanouissement du cynisme et de « l'arrivisme « de la jeunesse qui le lisait alors. Cette opinion n'a plus aucun crédit chez les critiques de notre temps, car si Balzac a décrit avec une exactitude quasi scientifique le phénomène moral de l'arrivisme, c'est parce que, à ses yeux, ce phénomène était constant, et il en a d'ailleurs recherché les causes et déterminé les conséquences. Il ne saurait être tenu pour responsable des effets de ce phénomène parce qu'il l'a étudié objectivement, pas plus qu'un savant n'est responsable des effets d'une maladie, à l'étude de laquelle il a consacré des recherches poussées aussi loin que possible.

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« Mais avant lui, il y avait eu bien des noms célèbres, que l'on rattache soit au réalisme, comme Flaubert,Maupassant, les Goncourt, Alphonse Daudet, Barbey d'Aurevilly, soit au naturalisme comme Emile Zola, son fameuxgroupe de Médan, et Joris-Karl Huysmans. Ferdinand Fabre, excellent écrivain régionaliste (L'abbé Tigrane, Les Courbezon), était considéré par Sainte-Beuvecomme « un fort élève de Balzac ». Un écrivain aussi libre et aussi original que Maurice Barrés n'est pas, cependant, sans être lui aussi de la générationbalzacienne.

Son Roman de l'Énergie nationale (Les Déracinés, Leurs Figures, L'Appel au soldat) compose unefresque, désormais historique, de la société française dans les années 1880, et du monde politique parlementaire. Nous pourrions citer d'autres noms encore, celui de Paul Adam par exemple, et à l'étranger ceux de Dickens et deDostoïevski parmi les plus grands, mais le véritable « disciple » de Balzac à la fin du XIXe siècle et au début du XXefut Paul Bourget. Il a raconté lui-même qu'étant élève à Sainte-Barbe, il loua, au hasard, Le Père Goriot dans un cabinet de lecture dela rue Soufflot.

Il le lut durant tout un dimanche et sortit de cette lecture « halluciné ».

Ensuite, il se procura un àun les livres de Balzac et les dévora au lycée derrière des dictionnaires. Si le « disciple » n'approche le maître que de très loin, aussi bien dans l'invention que dans la création descaractères; si d'autre part on peut nettement lui reprocher un style lourd et compact, sans les admirables etfréquentes échappées de Balzac vers un style ardent, vivant, et même poétique; si, et c'est le reproche le plusgrave, il a (sous l'influence de Zola) construit a priori, des romans pour exposer des thèses sociales, il n'en reste pasmoins que son œuvre, qui a connu une très grande célébrité, restera, à un rang plus qu'honorable, comme unesource précieuse de documents psychologiques et historiques d'une période allant de 1883 à 1918.

Les titres delivres comme Le Disciple, L'Étape, L'Émigré, Le Démon de Midi sont restés dans le vocabulaire comme ceux des nomsdes personnages balzaciens, tant les contemporains furent frappés par la vigueur, la netteté, la lucidité des idéesdont chacun de ces titres était comme le résumé et le symbole. L'influence de Balzac sur le théâtre du Second Empire et du début de la Troisième République est certaine.

ÉmileAugier et Alexandre Dumas fils ont repris la tradition réaliste abandonnée depuis Molière.

Les bourgeois d'Augier sontceux de Balzac, ses courtisanes ressemblent singulièrement à Florine ou à Malaga, et ses journalistes ont toute lavénalité de ceux d'Illusions Perdues. Alexandre Dumas fils doit également beaucoup à Balzac.

La Dame aux Camélias dérive sans aucun doute deSplendeurs et Misères des Courtisanes et La Question d'Argent est du théâtre balzacien. Les deux célèbres pièces d'Henry Becque, d'une qualité littéraire et psychologique infiniment supérieure aux œuvresd'Augier et de Dumas (bien supérieures elles-mêmes au très médiocre théâtre de Scribe qui faisait fureur sous leSecond Empire), La Parisienne et Les Corbeaux sont de la meilleure descendance balzacienne, de même que lafameuse pièce d'Octave Mirbeau : Les Affaires sont les Affaires. Balzac est certainement l'écrivain après ou avec Shakespeare sur qui l'on a le plus écrit dans le monde entier (nonloin de cinq mille ouvrages en 1950, paraît-il), celui qui a suscité le plus de fanatiques et de fidèles.

Descollectionneurs comme le baron Spœlberch de Lovenjoul ont consacré des fortunes à rechercher ses lettres, sesautographes, ses manuscrits, les épreuves corrigées de ses livres.

Des érudits comme Marcel Bouteron ont consacréleur vie à l'établissement du texte d'une édition définitive.

De nos jours, les ouvrages sur Balzac continuent àparaître (il n'est pas d'année qui n'en voie au moins un nouveau). Nous avons cité tout au long de cette étude les opinions des critiques contemporains dont certains, comme Alain,ne cachent pas leur adoration.

Plus il va, plus il semble que les lecteurs de Balzac retrouvent en lui l'écho de leurspropres sentiments ou de leurs propres idées.

On reste stupéfait de l'actualité de certaines pages sur le journalisme,la politique, les questions sociales, les affaires. Faguet compare hardiment Balzac à La Bruyère, « sans compter qu'ils ont tous les deux...

un fonds très accusé demisanthropie ».

La Bruyère, dit Faguet, a prévu les mœurs de la Régence, a procédé par de magistralesanticipations.

De même Balzac est prophétique et peint les hommes qui devaient vivre de 1850 à 1900.

Et AlbertThibaudet abonde dans le même sens : « Un homme comme Balzac vit en avant et non en arrière de son temps, levoit moins dans son être actuel que dans son mouvement vital et sous l'aspect de l'avenir qui s'y élabore...

CertesBalzac a imité et fait concurrence à l'état civil.

Mais à son tour l'état civil a fait concurrence à Balzac, et la sociétés'est peuplée de personnages balzaciens ». Qui lit Balzac? La vente de ses livres, depuis les feuilles volantes contenant un roman entier, et qui se vendaientcinquante centimes en 1914, jusqu'aux éditions de luxe contemporaines, n'a jamais cessé.

La jeunesse ne lit guèreLa Comédie Humaine, sauf dans des Morceaux choisis, et Eugénie Grandet devenue classique.

Balzac n'est pas faitpour la jeunesse, du moins celle de nos jours : il y a trop de digressions, de descriptions.

Le cinéma et le romanpolicier donnent le goût — dont nous ne médirons pas — de la rapidité.

Mais dès qu'un amateur de lecture approchela trentaine, pour peu qu'il ait acquis de l'expérience, ou vécu d'une vie variée (et les occasions de variété et. »

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