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Le merveilleux dans le quotidien (Baudelaire)

Publié le 07/09/2013

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baudelaire

La rue est pour l'homme des foules le plus puissant des

narcotiques. Comme la mer, elle offre le spectacle d'une

pluralité infinie de mouvements, d'humeurs, de sensations,

comme la mer encore, elle tend à l'homme un miroir dans

lequel il projette les secrets tumultueux de son âme.

L'homme des foules d'Edgar Poe se fuit dans la foule car il

veut échapper à lui-même, à sa solitude, aux vices qui le

rongent. Poe dit qu'il est «le génie et le type du crime profond

«, ce qui n'est pas sans rappeler le célèbre aphorisme de

Pascal sur les malheurs qui guettent l'homme incapable de

rester seul dans sa chambre. En dépit des différentes catégories

sociales que Poe distingue dans la masse qui compose la

foule, ce qui domine, pourtant, dans la description qu'il en

donne, c'est l'homogénéité, l'uniformité de cette masse dans

laquelle le flâneur aspire à se fondre.

 

Dans le Salon de 1846, sa première oeuvre de critique d'art,

Baudelaire écrit ceci :

« La vie parisienne est féconde en sujets poétiques et

merveilleux. Le merveilleux nous enveloppe et nous

abreuve comme l'atmosphère; mais nous ne le voyons pas.

Le nu, cette chose si chère aux artistes, cet élément

nécessaire de succès, est aussi fréquent et aussi nécessaire

que dans la vie ancienne: au lit, au bain, à l'amphithéâtre.

Les moyens et les motifs de la peinture sont abondants et

variés; mais il y a un élément nouveau, qui est la beauté

moderne.«

C'est ce merveilleux dans le quotidien, c'est cette beauté

moderne que Baudelaire s'est attaché à fixer dans ses «Tableaux

parisiens«.

baudelaire

« Les premiers poèmes de cette veine sont « Le Crépuscule du matin» et «Le Crépuscule du soir» qui figurent dans le manuscrit des «Douze poèmes» que Baudelaire avait pro­ posé vers la fin de 1851 à la Revue de Paris.

Ce projet ayant été refusé par la direction de la revue, Baudelaire publiera les deux poèmes dans la Semaine théâtrale, le 1er février 1852.

A cette époque, Baudelaire songe à donner à son œuvre poétique le titre de Limbes emprunté au système de Charles Fourier qui voulait désigner sous ce nom la période de gesta­ tion de la société industrielle, prélude à un futur âge d'or.

On sait que bientôt Baudelaire se détachera de cette utopie du progrès.

Mais déjà la vision qu'il donne de la ville mo­ derne est toute personnelle et marquée plutôt par le spleen que par l'optimisme démocratique.

D'ailleurs, Prarond af­ firme avoir entendu dès 1843 Baudelaire réciter «Le Crépus­ cule du matin», ce qui montre que le choix des thèmes urbains n'a rien de circonstanciel mais répond à une motiva­ tion ancienne et profonde.

Le titre sous lequel il associe ces deux textes est révélateur de la signification «crépusculaire» que Baudelaire attribue à la modernité.

Comme l'a montré Walter Benjamin dans le livre qu'il a consacré à cet aspect de l'œuvre de Baudelaire, l'auteur des Fleurs du Mal et du Spleen de Paris a été le premier, sans doute, dans la poésie française, à traduire le changement de sensibilité qui a accompagné la grande mutation économique, sociale, humaine provoquée par l'expansion du capitalisme.

Dans les «Tableaux parisiens», Baudelaire s'est identifié à la figure du flâneur qui trouve simultanément dans la foule un refuge et une excitation sans cesse renouvelée.

L'homme des foules C'est aussi le lieu où le passant est happé par «l'âme de la marchandise».

A propos de la nouvelle de Poe «L'homme des foules», traduite par Baudelaire, Benjamin écrit ceci: «Si le passage est la forme classique de l'intérieur sous laquelle la rue se présente au flâneur, le grand magasin. »

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