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Metternich, Klemens von

Publié le 13/02/2013

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metternich

1   PRÉSENTATION

Metternich, Klemens von (1773-1859), homme politique et diplomate autrichien, une des grandes figures de la politique européenne entre 1814 et 1848.

Représentant des nostalgiques de l’ordre sous l’Ancien Régime — s’opposant tant au progrès de la démocratie qu’au mouvement des nationalités —, le prince de Metternich est le principal architecte de la carte européenne élaborée au congrès de Vienne de 1814-1815.

2   UNE FRANCOPHOBIE EXACERBÉE
2.1   Les années de formation

Né dans une famille aristocratique de Coblence (Allemagne), Klemens von Metternich passe sa jeunesse dans les vallées du Rhin et de la Moselle, où son père représente l'Autriche auprès des principautés rhénanes. Il suit un temps des études à l'université de Strasbourg avant de faire son droit à Mayence (1790-1792). Là, il est marqué par le discours conservateur du théoricien politique Edmund Burke et développe une hostilité profonde envers la Révolution française, voire la France.

Installé avec sa famille aux Pays-Bas espagnols, il rentre à Vienne en 1794, fuyant les armées révolutionnaires françaises. Cette même année, il effectue sa première mission diplomatique en Angleterre et, en 1795, son deuxième mariage — avec la comtesse Eleanor Kaunitz, issue d'une famille influente à la cour d'Autriche — lui permet de s'introduire dans les grandes maisons viennoises.

2.2   L’entrée en politique

En 1797, Metternich entre au service de François II de Habsbourg comme émissaire au congrès de Rastatt, puis comme ambassadeur en Saxe (à Dresde, 1801) et en Prusse (à Berlin, 1803). Il élabore alors un programme politique fondé sur la notion d'équilibre européen et de rejet d'une puissance hégémonique en Europe. Dans cette représentation des équilibres diplomatiques et nationaux, il inclut la Prusse dans une coalition opposant l’Angleterre, la Russie et le royaume des Deux-Siciles d’une part, à la France napoléonienne d’autre part. Mais cette politique échoue après la défaite des armées autrichiennes et prussiennes face à la Grande Armée (1805-1806).

Nommé ambassadeur à Paris en 1806 (à la demande de Napoléon Ier lui-même), Metternich reste persuadé de la nécessité d'une nouvelle guerre contre l’empereur français, estimant cependant avec prudence que l’Autriche doit bénéficier d’un délai afin de préparer ses troupes au combat.

En 1809, après la nouvelle défaite autrichienne, il obtient le portefeuille des Affaires extérieures et, dès lors, ne cesse de diriger les affaires étrangères de l’empire habsbourgeois, jusqu’en 1848. Il encourage un premier rapprochement avec la France (mariage de l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise avec Napoléon Ier), tout en conservant l’idée de rouvrir prochainement le conflit. Cette politique ambiguë l’oblige à mener une diplomatie complexe, destinée à contrecarrer les expansionnismes français et russe : il s’associe militairement à la France, tout en négociant secrètement avec le tsar Alexandre Ier.

3   VIENNE OU L’APOGÉE D’UNE CARRIÈRE

Au lendemain de la campagne de Russie, Metternich offre la médiation de l'Autriche dans les négociations de paix et parvient à se créer un rôle diplomatique dominant. Alors qu’il fait mine de travailler en faveur de Napoléon Ier, ce dernier lui reproche, en juin 1813 à Dresde, les ambivalences de sa politique. C’est pourquoi Metternich se retourne directement contre l’empereur français et associe l'Autriche à la déclaration de guerre contre la France.

3.1   Le chef d’orchestre d’un congrès…

Ayant acquis un immense ascendant sur la diplomatie européenne, Metternich joue un rôle majeur lors du congrès de Vienne de 1814-1815. À l’apogée de sa carrière, il réorganise la carte de la vieille Europe et promeut son idéal d’équilibre européen : il freine les ambitions d’une Russie projetant d'annexer toute la Pologne ; il contrecarre l’expansionnisme de la Prusse qui prétend absorber la Saxe ; surtout, en permettant la création de la Confédération germanique, dominée et dirigée par l'Autriche (et présidée par lui), il annihile l’espoir nourri par certains de reconstituer le Saint Empire romain germanique.

3.2   …contre tout mouvement patriotique

Fondant sa politique sur l’idéologie conservatrice, Metternich met en place un vaste système de congrès réunissant les représentants des pays attachés à l’ordre européen : congrès d’Aix-la-Chapelle (1818), de Karlsbad (1819), de Vienne (1820), de Troppau (1820), de Laibach (1821) et de Vérone (1822).

Du reste, Metternich ne parvient ni à intégrer l'Italie dans la confédération ni à faire de la Quadruple-Alliance (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, Autriche) un instrument de prévention contre les aspirations indépendantistes des peuples sous le joug de l’Empire ottoman et de l’Autriche-Hongrie.

Dès 1820-1821, à l’heure de la crise grecque, il s’inquiète des mouvements nationalistes. Effectivement, le système qu’il a créé à Vienne pour en limiter le développement (surtout pour préserver l’empire autrichien) se désagrège à partir de 1822, puis s’effondre avec le départ de la Grande-Bretagne de l’Alliance (1825). Le système viennois, s’il fixe l’essentiel des traits de la carte européenne pour un demi-siècle (jusqu’aux unifications allemande et italienne et, au-delà, jusqu’au congrès de Berlin de 1878), constitue donc à la fois le coup de maître de Metternich et le coup d’arrêt à ses succès.

4   LA PREMIÈRE VICTIME DES RÉVOLUTIONS DE 1848
4.1   Une politique réactionnaire…

En tant que chancelier (1821-1848), Metternich maintient le statu quo en Allemagne et en Italie. Mais son influence décroît à mesure que François II d’Autriche s’entoure de nouveaux conseillers. En effet, Metternich refuse de tirer les conclusions nécessaires : de la faiblesse d’un empire figé dans des structures d’Ancien Régime et obligé d’user de la force pour garantir son intégrité ; de l’aspiration à une réforme libérale parmi la haute bourgeoisie, l’aristocratie, les milieux intellectuels et étudiants viennois ; du réveil des nationalismes qui revendiquent le droit des peuples non germanophones à disposer d’eux-mêmes.

En bafouant les libertés fondamentales, Metternich, passé maître dans l’art de l’espionnage et de la censure (généralisée depuis 1819), s’obsède à l’idée de sanctionner ou d’avorter toute aspiration démocratique ou sécessionniste. Il est l’un des principaux responsables de la déliquescence de l’empire, qui aboutit au grand ébranlement des Révolutions nationalistes de 1848.

4.2   …qui fait chuter le prince

En 1848, l’Autriche se retrouve au bord de la dislocation. Face à l’insurrection de Vienne, face aux émeutes italiennes et allemandes de mars 1848, l’empereur Ferdinand Ier n’a qu’une ressource : contraindre le vieux prince, symbole vivant de l’absolutisme, à fuir. La nouvelle de la chute du chancelier embrase l’Italie, qui dès lors ne quitte plus la route pour l’unification. L’éviction de Metternich souligne donc à la fois l’extrême fragilisation de l’Autriche-Hongrie et l’échec de sa politique.

Metternich s’exile alors en Angleterre, puis à Bruxelles, et ne revient à Vienne qu’en 1851. Si son retour correspond à la volonté de François-Joseph d’affirmer le rétablissement et la force du pouvoir monarchique, il est réduit au rôle de spectateur, devant se cantonner à occuper un poste de conseiller peu sollicité, jusqu'à sa mort le 11 juin 1859.

5   UNE FIDÉLITÉ SANS FAILLE À L’ORDRE ANCIEN

Nonobstant sa déchéance, le prince de Metternich a marqué en profondeur l’histoire de l’Europe du xixe siècle. Il incarne la politique d’une Autriche championne du courant anti-révolutionnaire européen. Il a aussi laissé une forte empreinte dans l’empire des Habsbourg, en œuvrant sans relâche pour la protection de l’aristocratie absolutiste, en rejetant les partisans du libéralisme et en muselant le mouvement des nationalités.

Assurément, cet homme de l’Ancien Régime n’a pas perçu l'inéluctabilité des changements vers lesquels l’Europe s’est progressivement dirigée, pas plus qu’il n’a su s'adapter aux évolutions socio-économiques et politiques de son temps. D’ailleurs, il avoue dans ses Mémoires (publication posthume, 1880-1884) : « Le premier élément moral en moi, c’est l’immobilité. «

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