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La négritude

Publié le 04/04/2011

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La négritude

 

Introduction

 

La première guerre mondiale, approfondie la rencontre entre les antillais et les africains. C’est là que les sénégalais racontent l’Afrique aux soldats antillais qui sont avec eux dans les tranchées.

Dans le même temps, les premiers noirs, brillants étudiants, deviennent hauts fonctionnaires et sont envoyés comme gouverneur dans les colonies africaines, ce qui leur permet de modifier leur regard sur les africains et de se libérer des clichés occidentaux sur le nègre. Ces facteurs, ajoutés à l’influence grandissante du renouveau nègre américain et du surréalisme aboutissent à l’émergence d’une nouvelle figure organisatrice de l’imaginaire ; celle du Nègre, qui fonde la légitimité de son discours sur une souffrance partagée par tous, qui s’oppose aux blancs colonisateurs et rejette la hiérarchie coloriste imposée par l’esclave.

Un courant littéraire exprime cette affirmation progressive de la fierté raciale à partir de 1914. Il se nourrit aussi bien d’œuvre écrite par les colons blancs progressistes que par une littérature d’inspiration africaine montrant les effets négatifs de la colonisation et qui donnent témoignage de la trahison, par ses propres serviteurs, de la république et de ses valeurs humanistes. On commence alors à parler du mouvement de la négritude.

On pourrait alors se demander pourquoi les noirs ont éprouvés le besoin de se retrouver et de s’exprimer à travers le mouvement de la négritude ?

 

Notre étude suivra ce mouvement, de ses origines à aujourd’hui en passant par ses manifestations dans la littérature.

 

 

 

 

 

  1. Origines de la négritude

 

  1. René Maran / Aimé Césaire

 

René Maran naît le 5 novembre 1887 dans une famille de fonctionnaires coloniaux originaire de Guyane. Il passe le début de son enfance à Fort-de-France en Martinique. Puis va passer deux années au Congo où travaille son père, avant d'être envoyé suivre ses études dans le sud-ouest de la France, à Talence, puis Bordeaux, où il vit à l’internat et côtoie, parmi d’autres, un certain Félix Eboué, futur gouverneur de l’AEF (afrique équatoriale française).

René Maran apparaît comme le précurseur du mouvement de la négritude notamment par le biais de l’écriture de son roman Batouala récompensé par le prix Goncourt. René Maran dénonce, dans ce roman précédé d'une terrible préface, les abus de l'administration en Afrique-Equatoriale française et les méfaits de l'impérialisme. Ses propos déclenchent un véritable scandale qui culminera avec le prix Goncourt qui lui sera tout de même décerné la même année.

 

Aimé Césaire né le 26 juin 1913 et mort le 17 avril 2008 faisait partie d'une famille de sept enfants ; son père était fonctionnaire et sa mère couturière. Son grand-père fut le premier enseignant noir en Martinique et sa grand-mère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire ; elle enseigna très tôt à ses petits-enfants la lecture et l'écriture. De 1919 à 1924, Aimé Césaire fréquente l'école primaire de Basse-Pointe, puis obtient une bourse pour le lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France. En septembre 1931, il arrive à Paris en tant que boursier pour entrer en classe d'hypokhâgne (classe préparatoire littéraire entre la terminale et la première supérieure) au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Léopold Sédar Senghor, avec qui il noue une amitié qui durera jusqu'à la mort de ce dernier. Il définit la négritude comme : « la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. »

 

  1. Présentation du mouvement (littéraire, politique)

 

Le mouvement de la négritude naît en 1934. C’est dans le journal L’Etudiant noir, réalisé par des étudiants antillo-guyanais et africains tel qu’Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, Guy Tirolien et Birago Diop qu’apparaît pour la première fois le terme de Négritude.

Ce mouvement vise à rejeter le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.

Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

Les principaux acteurs de la négritude qui sont Aimé Césaire, L. Damas 1912-1978 disaient: « la négritude a été un projet spontané ; elle a été la réaction d'une catégorie donnée d'individus dans un milieu donné à un moment de l'histoire ». L.S.Senghor disait avec Lamine Diakhaté que : « plus qu'un concept, la négritude est un ensemble de valeurs de définitions ». En effet, la négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir et l'acceptation de de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture .Elle ne comporte ni racisme, ni reniement de l'Europe, ni exclusivité mais au contraire une fraternité entre les Hommes.

Le journal l’Etudiant noir est une revue créée par le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Léon Gontran Damas dans les années 1930 à Paris où ils étaient alors étudiants. Il y est question de l’identité du noir. Le seul numéro de la revue est paru le 1er septembre 1934. Césaire écrit notamment : « C'est pourquoi la jeunesse noire tourne le dos à la tribu des Vieux. La tribu des Vieux dit : Assimilation. Nous répondons : Résurrection.

« Que veut la jeunesse noire ?... Vivre. Mais pour vivre  vraiment, il faut rester soi... Les jeunes Nègres d'aujourd'hui ne veulent ni asservissement ni \"assimilation\", ils veulent émancipation... »

 

 

De nombreux écrits ont fait apparaître le terme de négritude à partir des années suivant la naissance du mouvement.

 

 

  1. Manifestation de la négritude

 

Après la création du mouvement, on observe une recrudescence des écrits poétiques, des essais mais aussi des pièces de théâtre.

C’est dans un contexte colonial et en réaction contre des textes produisant un certain discours sur les africains et les noirs, que les écrivains de la négritude vont prendre la parole. Prise de parole se proposant de démontrer, de réécrire certains lieux communs véhiculés par l’exotisme, l’ethnologie et la littérature coloniale sur l’Afrique et les noirs. De ce point de vue, la négritude apparaît comme une contre littérature qui conteste l’image idyllique du nègre dans une perspective d’appropriation de l’histoire. De manière générale, cette appropriation de l’histoire se réalise de façon violente au point que Senghor, réputé pour sa mesure, menace de déchirer « les rires banania » sur tous les murs de France. Comme le note si bien Nicolas Martin-Granel (1991), cette première génération pratique la poésie, genre qui s’accorde mal avec le rire. Mais deux poètes de la négritude, Damas et Tyrolien vont déroger à cette règle identifiant la poésie au sérieux et adopter respectivement l’ironie et l’humour pour témoigner de l’aliénation du nègre dans le contexte colonial.

 

 

Le terme Négritude est employé dans l’un des premiers poèmes de Léopold Sédar Senghor intitulé Le Portrait dans lequel il dit :

« Il ne sait pas encore

L'entêtement de ma rancœur aiguisé par l'Hiver

Ni l'exigence de ma négritude impérieuse... »

 

Le premier ouvrage d’Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal paru en 1939, se présente comme un long texte d'une quarantaine de pages, sous forme de vers libres. Cette œuvre poétique est l'un des points de départ de la négritude.

« ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité

ruée contre la clameur du jour

ma négritude n'est pas une taie d'eau morte ruée contre la clameur du jour

ma négritude n'est pas une taie d'eau morte

sur l'œil mort de la terre

ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale

elle plonge dans la chair rouge du sol

elle plonge dans la chair ardente du ciel

elle troue l'accablement opaque de sa droite patience. »

 

Aimé Césaire publie des recueils de poèmes dont Moi, laminaire en 1982 et La Poésie en 1994 tout deux paru dans l’édition Seuil à Paris.

Paraissent également des essais comme le discours sur le colonialisme en 1950 ou le discours sur la négritude en 1987.

 

La remise en cause culturelle d'Aimé Césaire :

« Ma négritude n'est pas une taie d'eau morte ruée contre la clameur du jour »

 

fait écho à celle de Senghor :

 

« Ma Négritude point n'est sommeil de la race mais soleil de l'âme, ma négritude vue et vie

Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing Réécade. »

 

Des années 1934 à nos jours, de nombreuses évolutions ont eu lieu par rapport à la conception du mouvement de la négritude donnée par son père fondateur Aimé Césaire.

 

 

  1. La négritude aujourd’hui

 

  1. Résultat

Aujourd’hui, la négritude peut être considéré comme un domaine clos, démarqué des habitudes, des émotions et des sensibilités. Cela est évident ou on peut le dire ; les principaux chantres de ce courant littéraire que sont Damas, Senghor et Césaire, après leur entrée dans la conscience collective avec leurs œuvres de génie depuis la première moitié du 20ème siècle ont tous rejoint la « belle vallée » de l’au-delà pour parler comme les grillots-poètes Burkinabé Maître Pacéré Titinga.

Le récent ouvrage de Célestin Monga, Nihilisme et Négritude prouve qu’il faudrait répondre par la négative à la question : la négritude serait-elle tombée en désuétude aujourd’hui ? Jusqu’à ce jour la négritude continue d’inspirer non plus seulement les intellectuels noirs ; elle est surtout devenue une philosophie de vie populaire qui se reflète jusque dans la gestion politique et dans les identités culturelles du monde noir.

Autre temps, autre mœurs ! La négritude peut être saluée comme une problématique relative à la colonisation et décolonisation de l’Afrique. Ces oscillations passées entre détermination raciale et ambition politique d’avant les indépendances manquent actuellement de prise sur les réalités quotidiennes du continent noir.

 

 

 

  1. Rupture générationnelle

On parle de rupture générationnelle dans le sens où les écrivains des années 2000 ont préféré mettre de côté le terme de négritude pour insérer le terme de « migritude », expression de Jacques Chevrier.

« Les écrivains de la migritude tendent en effet, aujourd’hui, à devenir des nomades évoluant entre plusieurs pays, plusieurs langues et plusieurs cultures, et c’est sans complexes qu’ils s’installent dans l’hybride naguère vilipendé par l’auteur de L’Aventure ambiguë », écrit Jaques Chevrier lors d’un entretien avec Sophie Lavigne.

Les auteurs nés après les indépendances forment une nouvelle génération d’écrivains à la francophonie mondialisée, dont les combats, ouverts sur le monde, se distancent de ceux de leurs aînés. Ces écrivains ont souvent une double nationalité et donc une identité multiple, mouvante, toujours en construction, ce que Léonora Miano appelle «identité frontalière », c’est-à-dire ancrée dans un espace d’accolement permanent. Ils parlent des thèmes actuels que sont l’hybridité des peuples, l’identité hybride des sexes et même l’homosexualité, dans une littérature à la fois voilée et suggestive.

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion

 

L’impératif de la négritude consistait donc à repenser l’Afrique de l’intérieur du système colonial et à se demander comment rendre opérationnel cette pensée en sortant de ce système.

La Négritude se veut universelle ; c’est un mouvement qui embrasse toutes les populations noires du monde. Elle vise à créer une identité commune pour tous les noirs ainsi qu’un sentiment d’appartenance à un groupe.

La négritude prend d’abord la forme d’une poétique pour exprimer la condition du noir, sujet historique souverain et légitime mais différent de l’occidental. Toutefois, Césaire précise aussitôt qu’il est impératif de s’affranchir des déterminations socio – historiques et raciales pour s’ouvrir à l’altérité reprenant ainsi l’affirmation vibrante de FANON : «je ne suis pas esclave de l’esclavage de mes ancêtres ».

C’est à travers la littérature que Césaire et Senghor jouent un rôle important dans leur région à la suite de la décolonisation.

Après la mort des Pères Fondateurs, la plupart des artistes et des intellectuels actuels n’utilisent plus les théories de la négritude. Or, personne ne nie son importance dans d’autres mouvements tels que la migritude.

 

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