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Peut-on dire que la nature est bonne ?

Publié le 13/12/2005

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Elle s'oppose moins d'emblée à la méchanceté (volonté de faire le mal accompagnée de plaisir) qu'à la médiocrité ou à l'imperfection. Or la nature semble être ce qui répond le mieux à cet idéal d'achèvement. Pendant des siècle, l'art devait, pour produire du beau, des oeuvres belles, prendre modèle sur la nature. On peut dire que la nature est bonne puisqu'elle donne à l'art un modèle de beauté.   b)     La nature = modèle de beauté On peut dire que la nature est bonne puisqu'elle donne à l'art un modèle de beauté. En effet, Aristote, dans la poétique, fait du processus naturel du mouvement - actualisation de la matière par une forme - le modèle de la création artistique. Créer de belles choses revient à présenter, dans une matière plus simple l'action de la nature, exhiber la forme et donc l'ordre naturel. La nature ou phusis, désigne l'ensemble des choses ayant en elles-mêmes « un principe de mouvement et de repos » : elle est « principe de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement par essence et non par accident » (Physique, II, 1, 192 b). Or ce mouvement est rationnel : la nature est un processus finalisé. Du coup, l'art humain n'est qu'une reproduction de ce mouvement et il ne tient sa beauté que de cette ressemblance avec les processus naturels : la forme est identique, la matière est épurée.

Problématique : La nature semble pourvue d’une force créatrice qui dépasse de loin les productions de l’art humain. Aussi l’esthétique a longtemps consisté à prendre modèle sur la nature : celle-ci est belle et donc bonne. De plus, l’ordre semblant régner dans ses productions invite à penser qu’elle est rationnelle et on peut aussi en faire un modèle de conduite. Toutefois, une telle représentation correspond-elle nécessairement avec les faits : pour le scientifique, la nature est d’abord un système de lois rigide qui est étranger au concept de bonté. Du coup, eut-on dire que la nature est bonne ou est-ce illégitime, un abus de langage héritée de la poésie sans incidence pour la connaissance ? Enjeu : quelle attitude devons-nous avoir vis-à-vis de la nature ? Devons-nous comme les Anciens, la diviniser et lui vouer un culte (en raison de sa bonté-beauté) ou bien chercher à la dominer et à s’en rendre maître et possesseur (en raison de son imperfection qui nous est nuisible) ?

« L'attitude du sage ne se confond pas avec une fuite hors du monde ; il doit au contraire consentir à son cours,participer par son acquiescement à l'oeuvre de Dieu, en identifiant sa volonté à la volonté divine.

Il y a deux moments dans la démarche stoïcienne : se concentrer en soi d'abord, pour mieux communier ensuite,librement, avec le Tout.

La liberté ne consiste pas à se retirer du monde, mais à s'y retrouver chez soi, parce quel'on intériorise et fait sienne la volonté du Tout.

Non pas conformer le monde à soi, à ses désirs, entreprise vaine,mais se conformer à la nature.

Le malheur de l'insensé vient de ce qu'il néglige de considérer sa subordination à l'ordre de l'univers.

Partant, il lesubit comme un malheur extérieur à lui-même ; au lieu de coopérer à son accomplissement, et d'en être ainsil'auteur avec Dieu, il se fait étranger au tout, et à lui-même, puisqu'il porte en lui une part du souffle divin.

«Nolentem fata trahunt, ducunt volentem » (Sénèque) : le destin entraîne celui qui le refuse, mais guide celui qui yconsent. Transition : · On peut, aux vues de la beauté et de la rationalité propre à la nature, dire d'elle qu'elle est bonne.

Cela implique sur le plan éthique de se montrer dans ses paroles et dans ses gestes aussi mesuré, aussi juste qu'elle : labonheur consiste à reproduire en soi l'ordre de la nature· Le malheur est ainsi défini par l'école stoïcienne comme résultant d'une méconnaissance de la nature. · Cependant , cette façon de se représenter la nature comme étant ordonnée, n'élude-t-elle pas une partie des phénomènes naturels qui semblent contredire cette bonté : qu'un tremblement de terre provoque des milliers demort ne paraît pas constituer un modèle de beauté ou de rationalité.· Comment comprendre que l'on puisse dire que la nature est bonne alors qu'elle provoque parfois des évènements destructeurs ? la nature est-elle irrationnelle et non pas mesurée et harmonieuse ? 2- ON NE PEUT PAS DIRE QUE LA NATURE EST BONNE AU SENS MORAL a) Le problème du mal Si la nature est bonne, comment comprendre le mal et en particulier le mal moral, celui que nous commettons.

S'ilest vrai que l'homme est un être naturel, qu'il est une part de ce grand vivant qu'est la nature (thèse desstoïciens), comment expliquer que nous jugions certaines actions comme mauvaises ? Tel est le problème auquel s'attache les théodicées ; il s'agit de justifier Dieu en montrant que la naturecomme ensemble des choses crées par Dieu ne peut être mauvaise du seul fait que Dieu (qui est, par définition bon)en est l'auteur.

Dans l'économie du tout, ce qui nous semble mal, n'est qu'une partie insuffisante pour conclure àune nature mauvaise.

Toutefois, cela revient à dire que tous nos maux ont un sens, qu'il peuvent être expliqués dèslors qu'on les réfère à l'ensemble : ce qui me paraît un mal (exemple : un orage survient alors que je suis en merpour prendre du bon temps), n'en est pas un du point de vue du tout.

On a implicitement une logique de lacompensation : tout « mal » devient pour la nature un bien.

Or un tel présupposé ne va pas de soi : ce qui me faitsouffrir ici et maintenant est insupportable et irréductible, et développer mon endurance, ma puissance desupporter, ne mène au mieux qu'à faire l'apologie de la résignation mais ne conduit guère à aimer Dieu et du mêmecoup à valoriser la nature en disant qu'elle est bonne.

b) La nature est indifférente Cependant, une fois encore, la détermination morale surdétermine l'analyse : pourquoi se plaindre de ce qui arrive (intempéries, tremblement de terre, maladies …) comme s'il existait un écart inadmissible entre l'être et ledevoir être.

Or que peut signifier, par exemple, qu'une horloge fonctionne mal ? Pour les modernes, la nature estd'abord un systèmes de causes et d'effets mécaniques dans lequel le concept de dysfonctionnement ne signifierien : « [cette façon de parler de la nature] n'est qu'une simple dénomination, laquelle dépend entièrement de mapensée, qui compare un homme malade et une horloge mal faite à l'idée d'une horloge bien faites et laquelle nesignifie rien qui se retrouve dans la chose dont elle se dit » (Descartes, Méditations métaphysiques , VI).

La panne et la maladie sont également soumis à des lois physiques et la panne ou la maladie ne sont pas des exceptions :elles s'expliquent par des causes. Ainsi rapportées à des causes, ce que nous appelons mal n'est pas non plus bien au sens moral : tout dans la nature est opérant, fonctionnel, c'est-à-dire mécaniquement réglé.

Bien et mal ont dans un tel système de lois, unerelative inconsistance.

Tout comme il est absurde de dire d'une horloge fonctionnant mal ou bien qu'elle veut ou neveut pas donner l'heure correctement, il est absurde de dire que la nature est bonne ou mauvaise.

Transition :Mais si dire que la nature est bonne relève d'une erreur de la pensée, d'où provient cette erreur ? Il convientd'expliquer pourquoi de fait, nous avons tendance à attribuer des intentions à la nature afin que sa cohérence nousparaisse intelligible.

3- L'ILLUSION FINALISTE a) Spinoza et la critique de l'anthropomorphisme. »

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