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Pourquoi et comment le comique fait-il penser ?

Publié le 21/07/2010

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Introduction

Le théâtre est l'endroit idéal pour interpeller les gens tout en les faisant rire mais aussi réfléchir à la représentation théâtrale. Certains procédés comme les différents comiques (de gestes, de situations, de mots et de caractères), la caricature, la déformation, l'exagération, le changement de rôles et l'écart permettent, bien sûr, de se détendre mais aussi, et surtout, de corriger les moeurs d'une société et de porter un regard proprement humain sur la réalité humaine. Ainsi, le rire n'est plus un but mais un moyen. Ne faut-il donc pas sous-entendre, grâce à une « deuxième « écoute plus attentive, un sens plus profond, masqué par cette comédie ou, au contraire, mis en valeur par celle-ci ? Nous allons donc étudiés plus profondément pourquoi et comment le comique fait-il penser en s'aidant de textes théâtraux étudiés auparavant : L'Avare de Molière (1668), L'île des esclaves(1725) et La Dispute de Marivaux (1744) et Ubu Roi d'Alfred Jarry (1896). Ces textes utilisent des comiques différents pour faire un passer un message au public de sorte qu'il y réfléchisse. L'Avare critique la société, l'avarice et les mariages arrangés. Marivaux, dans L'île des esclaves, remet en cause les inégalités sociales et voudrait humaniser les rapports entre les riches et les pauvres, les dominants et les dominés. La Dispute, dénonce le narcissisme, l'égocentrisme et l'infidélité. Tandis qu'Ubu Roi, dénonce les comportements humains et les systèmes politiques qui engendrent l'absurdité de la course au pouvoir. 1) Le comique, un regard nouveau sur le monde

Comme le cite Peter Brook, metteur en scène contemporain « On va au théâtre pour retrouver la vie, mais s’il n’y a aucune différence entre la vie en dehors du théâtre et la vie à l’intérieur, alors le théâtre n’a aucun sens. Ce n’est pas la peine d’en faire. « Ainsi, au théâtre, les moments simples et les banalités de la vie peuvent devenir d'intenses moments théâtraux, où chaque instant devient un acte théâtral émotionnel et enrichissant. En effet, tout est transformé, agrandit et cela nous permet de redécouvrir les choses autrement, avec un regard neuf. C'est ainsi le cas grâce au personnage d'Eglé, dans La Dispute de Marivaux. Cette jeune femme est ignorante de tout et nous refait ainsi découvrir le stade du miroir, le plaisir du regard de l’autre, l’innocence dans l’expression des sentiments, la sensualité (scène 4), l’amour de soi à travers l’autre (scène 6) ainsi que le désir de le réduire à un objet (scène 10). Le moment où Eglé découvre son reflet dans le ruisseau est particulièrement très fort. En effet, émerveillée comme une enfant, elle appelle Carise, sa domestique pour lui faire part de sa découverte : « Ah ! Carise, approchez, venez voir, il y a quelque chose qui habite dans le ruisseau qui est fait comme une personne, et elle paraît aussi étonnée de moi que je le suis d'elle. « alors qu'il s'agit d'un phénomène très habituel pour nous. Dans cette pièce, le quotidien devient spectacle et ce qui nous paraîssait banal et ancien devient nouveau grâce à ce regard étranger. 2) Le comique, correcteur des vices des hommes

Le théâtre permet, grâce à la distance et à la caricature, de rire des caractères accentués des personnages et parfois même de personnages auquels on s'identifie. C'est ainsi un moyen de se corriger soi-même. Dans L'île des esclaves, par exemple, les maîtres des esclaves reconnaissent leurs torts à la fin de la pièce en s'excusant, comme Iphicrate, de leur comportement odieux : « Va, mon cher enfant, oublie que tu fus mon esclave, et je me ressouviendrai toujours que je ne méritais pas d'être ton maître «. Cependant, les caractères des uns et des autres ne sont pas toujours résolus. En effet, dans L'Avare, Harpagon se rend compte de son avarice. On peut le voir quand La Flèche, le valet, insulte les avaricieux. A ce moment-là, Harpagon cherche absolument à lui faire dire de qui il parle car il se sent extrêment visé (« Harpagon: Oui: qu'est-ce que tu dis d'avarice et d'avaricieux? / La Flèche: Je dis que la peste soit de l'avarice et des avaricieux. / Harpagon: De qui veux-tu parler? / [...] La Flèche: Est-ce que vous croyez que je veux parler de vous? / Harpagon: Je crois ce que je crois; mais je veux que tu me dises à qui tu parles quand tu dis cela. «). Ce n'est malheureusement pas avec cette prise de conscience que l'avare changera son défaut car il laisserait même sa bien-aimée, Marianne, pour retrouver sa cassette qu'il pensait être volée. Le jeu de déformation de caractères est aussi présent dans La Dispute. Dans cette pièce, Marivaux met en avant le caractère trop coquet et égocentrique des femmes de son époque qui ne pensaient donc qu'à être aimées s'en se soucier d'aimer les autres. Adine et Eglé mettent constamment en avant leur propre image obtenue par le ruisseau (scène 3), grâce au portrait (« Comment donc je me reconnais; c'est encore moi, et bien mieux que dans les eaux du ruisseau, c'est toute ma beauté, c'est moi, quel plaisir de se retrouver partout ! « scène 6), avec le miroir (scène 7) ou à travers le regard de l’autre (« Adine : Mais n'êtes-vous pas charmée de moi ? / Eglé : De vous ? C'est moi qui charme les autres. « scène 9). Ce point est très bien présenté dans la scène 4 au moment où Eglé explique que sa beauté est plus grande que celle d'Azor , elle lui explique « c'est une autre perfection, je ne nie pas la mienne, gardez-moi la vôtre « et dans la scène 9 quand Adine s'exclame « Je sais que je suis si belle, si belle, que je me charme moi-même toutes les fois que je me regarde «. Ainsi, la comédie est un bon moyen pour faire ressortir les défauts de chacun par l'exagération et la moquerie de soi-même. 3) « La comédie corrige les moeurs en riant « Le théâtre est un remède plus efficace que toutes les leçons de morale car il permet de prendre une distance par rapport aux conflits et aux tensions de la vie. C'est à travers un regard étranger que l'on peut rire des moeurs grâce au comique caustique. Ainsi, dans L'Avare, Molière critique le mariage arrangé en confrontant les idées des amoureux rebelles contre leur père avare. Le dramaturge montre dans cette pièce que le meilleur moyen, pour les familles riches, de préserver leur argent était bien ces mariages comme l'explique Harpagon dans la scène 5 : « C'est une occasion (faire épouser Elise au seigneur Anselme) qu'il faut prendre vite aux cheveux. Je trouve ici un avantage qu'ailleurs je ne trouverais pas, et il s'engage à la prendre sans dot. [...] C'est pour moi une épargne considérable. «. Molière critique ainsi, dans le même temps, la trop grande importance que l'argent à prit dans nos vie tout en le dénoncer à l'aide d'un personnage stéréotypé et donc hilarant. Dans la scène d'exposition d'Ubu Roi aussi, beaucoup de termes aussi se rapportent à l'argent et à la course au pouvoir (« installer sur un trône «,« augmenter indéfiniment tes richesses  , « tu pourrais...te procurer «, « carrosse «). Alfred Jarry inverse aussi les rôles dans cette pièce de théâtre. Sans doute pour dénoncer la place supérieure inexplicable des hommes dans le couple, la femme est dominante (« couronne «, « A ta place... «, « Tu es si bête ! «) dans Ubu Roi, et a de l'ambition tandis que le langage du mari (« Bougre de merdre «, « je ne comprends pas. «, « Je ne comprends rien. «, « de par ma chandelle verte «) reflète sa grossièreté et sa bêtise. En plaçant ainsi l'homme en situation d'infériorité, Alfred Jarry inverse les rôles et fait réagir le public. Marivaux, lui aussi échange les rôles, en décidant de dénoncer les relations entre les dominants et les dominés en écrivant une pièce, L'île des esclaves, mettant en scène un esclave et son maître échoués sur une île où seuls les anciens esclaves règnent sur les anciens maîtres. Les procédés sont donc multiples (exagération, changement de rôle, comiques divers...) pour dénoncer les moeurs et les vices des hommes dans une comédie, c'est donc au dramaturge de faire le bon choix... Conclusion

« Le rire est le propre de l'homme « comme le disait si bien Rabelais qui explique que seul l'homme a la faculté de rire, cela fait donc partie de sa nature. C'est un vrai moyen de communication car tout le monde le comprend. Ainsi, le comique est utilisé au théâtre, ce lieu publique où beaucoup de gens viennent se divertir mais aussi écouter un message. La comédie créer de la distance par rapport à la chose dite et permet ainsi d'y réfléchir tandis que la tragédie apitoie le spectateur le laissant se morfondre et adhérer au sujet. Comme le dit Dario Fo : « Le rire secoue le cerveau alors que les larmes le font couler. «

 

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