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Pourquoi faudrait-il respecter autrui?

Publié le 06/01/2005

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C'est ainsi que nous devons nous représenter notre propre existence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions. La moralité, soit l'usage de la raison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen." La recherche d'un tel respect provient de la nature du pacte, ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais point qu'il te fasse. Le contrat traduit la réciprocité de l'intérêt. Je regarde donc autrui comme autrui me regarde et c'est dans cet effet de miroir que j'éprouve la nécessité de cet amour que j'accorde. Sénèque, Lettres à Lucilius : « Nul [...] ne peut couler ses jours dans le bonheur qui ne considère que soi, qui tourne toutes choses à sa propre commodité. Vis pour autrui, si tu veux vivre pour toi. » Troisième partie : Destruction / Construction En raisonnant par l'absurde, on pourrait examiner un état dans lequel chacun se moquant éperdument de l'autre, accomplirait les pires injustices, ou se comporterait avec la plus grande désinvolture dans les situations de la vie commune. On entend très vite que ce dernier adjectif « commune » se trouverait aussitôt démenti.

La notion de respect revêt une particulière actualité : il semble qu’elle soit une préoccupation contemporaine des sociétés développées en butte à une dégradation avérée des relations interindividuelles. Le respect fondé sur les valeurs morales, apparaît comme la condition de préservation des rapports sociaux, mais qu’en est-il du sens à donner au verbe « falloir « ? Si le respect est un dû, comment est-il éprouvé par ceux qui le pratiquent, comme une contrainte lourde et ennuyeuse, ou, au contraire, comme un gage de sympathie et de convivialité ?

« commune.

On entend très vite que ce dernier adjectif « commune » se trouverait aussitôt démenti.

Il n'y a decommunauté justement que dans le partage, l'échange, la relation.

Cette apparente expression de la liberté quiconsisterait à faire ce qui nous arrange sans tenir compte de la gêne occasionnée à l'autre tournerait vite à lavanité.

Au fond, l'absence de respect n'est jouissance qu'à la condition de se limiter à une provocation.

Laréprobation endurée est la condition même de cette jouissance.

Il n'y a donc de devoir être respectueux que parceque le contraire correspond à une perte du sens.

Bachelard, La Psychanalyse du feu : "Pour être heureux, il faut penser au bonheur d'un autre." D'une certaine façon, on peut indiquer que cette vérité ne s'applique pas à la notionde respect exclusivement, mais qu'elle s'étend à toute contrainte morale, ou à toute contrainte juridique qui fait quele groupe trouve sa cohérence et définit ses buts. L'homme est un être social qui n'a pas d'existence en tant qu'individu coupéd'autrui.

Sartre : "J'ai besoin de la médiation d'autrui pour être ce que je suis." Nous avons besoin d'autrui parce qu'il nous aide à nous constituer, mais aussiparce qu'il donne épaisseur et sens au monde.. En effet, sans autrui, sans le regard d'autrui sur soi, on ne saurait atteindre laconscience de soi.

C'est une erreur d'imaginer que je puisse me découvrir enfaisant abstraction du monde et des autres, comme le suggère le doutecartésien.

Le regard que l'on peut avoir sur soi dépend du regard qu'autrui ade soi : l'autre est un médiateur entre moi et moi-même.

Ainsi pour Hegel uneconscience ne peut être véritablement une conscience que si elle estreconnue comme tel par une autre conscience.Sartre, dans L'Être et le Néant (3e partie, ch.

I, I), pose que la présenced'autrui est essentielle à la prise de conscience de soi.

Il en fait ladémonstration par l'analyse de la honte.

J'ai honte de moi tel que j'apparais àautrui, par exemple si je suis surpris à faire un geste maladroit ou vulgaire.

Lahonte dans sa structure première est honte devant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frisson immédiat qui me parcourt de la tête aux pieds sans préparationdiscursive.

L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-même comme objet, car c'est commeobjet que j'apparais à autrui.

La honte est, par nature, reconnaissance.

Je reconnais que je suis comme autrui mevoit.

La honte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.

Ainsi j'ai besoin d'autrui poursaisir à plein toutes les structures de mon être.

Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi et que jene suis pas.

La présence d'autrui explicite le «Je suis je» et le médiateur, c'est-à-dire l'intermédiaire actif, l'autreconscience qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.

Le fait premier est la pluralité des consciences, qui seréalise sous la forme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autrui et autrui n'est pas moi.C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut en étant soi.Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

Lamême analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bonexercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributairede Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pouraboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formulede Sartre, c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance desoi et qu'elle en apparaît comme le fondement. De même, très tôt, Aristote affirmait qu'apprendre à se connaître était chose très difficile et que "par conséquent, àla façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre ànous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir." Dans une même lignée, Sartre affirme que je me vois tel qu'autrui me voit et autrui est constitutif de la consciencede soi spontanée que chacun a : ce qu'on est pour soi, c'est d'abord ce qu'on est pour autrui. Ainsi, le regard d'autrui sur moi, m'est indispensable pour prendre conscience de moi-même.

Conclusion :. »

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