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Puis-je vivre sans les autres ?

Publié le 24/02/2004

Extrait du document

Il y faut la reconnaissance d'autrui. Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même Ainsi, pour Sartre, le moi ne peut prétendre, par la seule introspection, se connaître. Autrui est le médiateur indispensable pour que le moi puisse atteindre sa vérité : « pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre «. Cette position d'autrui comme médiateur fait que le sujet n'est sujet que par autrui. Aussi aller désespérément à la recherche du plus profond de soi, du plus particulier, « du plus intime «, c'est inexorablement trouver cet autre : « la découverte de mon intimité me découvre en même temps l'autre «. Autrui, « une liberté posée en face de moi « Je découvre autrui, et je me sens découvert face à lui. C'est « une liberté posée en face de moi «, un face-à-face qui marque une rivalité. Celle d'une existence à part entière qui m'échappe en ses pensées et en son vouloir. Rivalité ou alliance, jamais donnée une fois pour toutes, où je suis l'autrui de ce sujet qui m'accepte ou me rejette, mais qui n'existe comme tel que par moi, tout comme moi je n'existe que par lui. Notre monde presque immédiat n'est donc pas, pour Sartre, le monde de la nature, il est « un monde que nous appellerons l'intersubjectivité «.

Je n'ai de connaissances véritables que de moi-même. Autrui demeure, pour moi, à jamais une énigme. Je suis inaccessible à autrui, et autrui m'est inaccessible. Mais, les autres me sont indispensables. C'est grâce à eux que je peux accéder au langage, à la pensée. De plus, c'est par la médiation d'autrui que je peux me connaître moi-même (Sartre).

  • I) On peut vivre sans les autres.

a) Le sujet pensant est solitaire. b) Je suis inaccessible à autrui et autrui m'est inaccessible. c) Je n'épuise jamais mon intériorité.

  • II) On ne peut pas vivre sans les autres.

a) Le monde interne dépend étroitement du monde externe. b) La conscience renvoie à autrui. c) C'est grâce aux autres que je suis celui que je suis.

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« chose dont je ne puisse douter c'est de ceci : que je suis, en tant que je pense.

La première certitude, la plusclaire des évidences est donc la simple conscience que j'ai d'être et de penser.

Mais si je suis sûr de monexistence comme être pensant, comment pourrais-je jamais me convaincre de l'existence des autres ? Eneffet, je n'ai une intuition immédiate que de moi-même, je ne pourrai jamais penser l'autre comme je me pensemoi-même : c'est ce qui fonde mon intériorité et l'extériorité de l'autre.

Dans le droit fil cartésien, Berkeleypeut écrire : « La connaissance que j'ai des autres esprits n'est pas immédiate comme l'est la connaissanceque j'ai de mes propres idées.

» L'idéalisme subjectif[1] pour lequel une chose n'est qu'en tant que je laconnais, aura désormais à rendre compte de ce qui fonde ma certitude de l'existence des autres.

Cettequestion du fondement est d'autant plus importante qu'on a souvent reproché à l'idéalisme subjectif deconduire au solipsisme[2] (toutes les choses extérieures ne seraient en fait que des modifications de mespensées et je serais seul au monde), lequel fait d'autrui une illusion de ma représentation et ruine même lanotion de vérité comme accord des esprits. La transparence de la conscience à elle-mêmeOn ne pénètre jamais l'intériorité d'autrui.

Chaque être vit dans un monde intérieur qu'il est le seul à connaître.Ce que je ressens, nul ne pourra le ressentir à ma place.

Entre les autres et ma propre intériorité, il existe desdistances à jamais infranchissables.Pour la tradition des philosophies de la conscience issues du cartésianisme, Ce qui est présent dans laconscience semble directement accessible.

Un simple regard, une simple introspection suffisent.

De plus, lesens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité.

Avec la conscience, on est donc deplain-pied dans la signification.

Bref, la conscience est transparente à elle-même.

Et ce qui se présenteraitcomme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante.

Encela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.

Quand je m'engage dans la connaissance du mondeextérieur, je quitte le domaine de la certitude.Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.

Autrement dit, je lisdans ma conscience à livre ouvert.

La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une véritéreconnue par elle avec évidence comme telle. La claire transparence de la conscience à elle-même exclut la possibilité d'un acte dont le sens échapperait ausujet. [Il n'y a pas, d'un côté, le monde de l'expérience externe, et, de l'autre, le monde de l'expérience interne. C'est le contact avec les autres qui forge ma propre intériorité.

Sans eux, je ne pourrais pas penser, parler, prendre conscience de ce que je suis.] La conscience renvoie à autruiIl est sans doute abstrait de commencer ainsi par la solitude théorique du sujet.

Abstrait, puisqu'aussi bienl'état premier n'est pas un état de solitude depuis lequel je partirais en quête d'autrui.

Le « je suis » ne mènepas une existence séparée, îlot ontologique parfait, autonome et suffisant : il est toujours un « je suis avecl'autre, sous son regard ».

C'est ainsi que Sartre, renvoyant aux analyses de Descartes pour les critiquer,peut écrire : «Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes, contrairement à la philosophie deKant, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l'autre, et l'autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes.

Ainsi, l'homme qui s'atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvrecomme la condition de son existence.

Il se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on estspirituel, ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel.

Pourobtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre.

L'autre est indispensable à monexistence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi.

» Je connais autrui en même temps que moi—même.. »

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