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Quels rapports la politique entretient-elle avec la morale ?

Publié le 12/01/2004

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morale

I - Politique et vertu

II - La Politique sans morale

III - La morale, critique de la politique.

IV - Responsabilité morale et responsabilité politique  

On dit souvent que les peuples heureux n'ont pas d'histoire ; sans doute pourrait-on dire sur le même modèle que les peuples vertueux n'ont pas de politique. Si en effet les peuples pratiquaient la vertu, il n'y aurait pas besoin d'État pour la faire respecter ni de politique pour la promouvoir. Comme l'un et l'autre paraissent s'imposer aux sociétés, ne faut-il pas voir dans la constitution d'un ordre politique un mal nécessaire destiné à suppléer au défaut de vertu des individus. Dans ces conditions le maintien de l'ordre suffira-t-il à dissuader les individus de faire le mal ou faudra-t-il l'éradiquer en confiant à la politique la tâche de réaliser la vertu ?  

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« pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentimentsmoraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenanceà une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre,seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avecles autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réaliténaturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pas autosuffisant :il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.

Pas plus que la main n'existe réellementsans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité, son développement, sonstatut moral.« Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin,parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute, ou un dieu »Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain.L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (forme barbarepour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définit d'abord parréférence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant lesmêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaître personnellement.

L'idéalpolitique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travail et les nécessités vitales,disposant de loisirs) et unis par la « philia ».Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique », ce‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : elle naît quandon peut s'affranchir de la contrainte économique et disposer de loisirs.

Ainsi les esclaves ne sont-ils pas citoyens,ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »).

Le travail est ressenticomme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté.Enfin Aristote polémique avec Platon.

Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef de famille, lechef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombre d'individus surlesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences, selon que l'autorité s'exerce sur un être déficient,comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme et l'enfant, ou encoreentre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec le pouvoirpaternel.

Dans une communauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pour gouverner : ainsichaque individu sera-t-il alternativement gouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis » exige que chacun puisse, entant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un laps de temps déterminé.Les modernes renieront, en un sens, l'enseignement d'Aristote, en faisant de l'individu souverain un être autonome,indépendant, capable de décider pour lui-même de ses actions.

Toute la tradition politique dont notre monde estissu rejettera l'idée que : « La cité est antérieure à chacun de nous pris individuellement.

» c) En ce cas la politique n'aurait pas pour but de faire régner l'ordre, mais la vertu dont il serait la conséquence ;mais si les hommes y sont naturellement rebelles, comment y parvenir sans faire régner la Terreur, qui on enconviendra, n'a rien de vertueux.

Les échecs de Savonarole à Florence, comme de Saint Just sous la Révolutionmontrent assez que la politique ne peut se déduire de la morale. II - La Politique sans morale En 1513, Machiavel , diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».

Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.

Il profita decet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façonde sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda leproblème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'huiencore, quelques commentateurs continuent de le considérer comme un« apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel , s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron .

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonnegestion allant de pair avec une conduite vertueuse, cad conforme auxexigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourraitle faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais les hommessont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince. »

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