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Réflexion sur le bruit.

Publié le 26/04/2011

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   Le bruit a toujours été ressenti comme une nuisance majeure ; depuis Pline l'Ancien et Juvénal en passant par Boileau la littérature en fait foi. Cependant, avec la motorisation et le développement fulgurant des transports modernes, le bruit a changé de dimension : il a envahi les villes, menace les campagnes, il rend de nombreuses professions pénibles sinon dangereuses, trouble le repos et le sommeil d'une majorité de nos concitoyens, quand il ne va pas jusqu'à ruiner leur santé.    Tous les sondages concordent : la majorité des Français place le bruit au premier rang des nuisances. Pourtant, la lutte contre le bruit a longtemps tardé à être organisée.    Ce paradoxe s'explique : la population, les responsables, les victimes même, identifient le bruit à la vie moderne, aux machines qui simplifient les tâches, diminuent les temps de transports, remplacent la force humaine et animale.    Dans cette conception, le progrès, la civilisation de consommation amènent un mieux-être global qui doit être accepté tel quel avec des inconvénients inéluctables. Le bruit est alors un mal inévitable, nécessaire, bien plus, il est le symbole du progrès : la vie moderne est bruyante, l'absence de bruit devient même inquiétante car symbole de décadence ou de chômage.    Lutter contre le bruit devient rétrograde, se plaindre du bruit, suspect. Le problème serait alors d'adapter l'homme au bruit et non l'inverse.    Cette imagerie est complaisamment développée par ceux qui ne veulent pas supporter l'effort nécessaire contre ce fléau. Elle est toutefois contredite par les faits.    D'un point de vue technique, le bruit est en effet un signe d'archaïsme et non de progrès. Le bruit est une perte d'énergie, si petite soit-elle : une machine bien conçue ne fait pas ou peu de bruit. Réciproquement, si une machine fait du bruit, il faut s'inquiéter : elle n'est pas satisfaisante d'un point de vue ou de l'autre : conception, fabrication ou entretien.    Bien sûr, une nouvelle technologie, un nouveau type de machine introduisant des progrès considérables par rapport à la technique qui les précédait peuvent être bruyants, mais il faut alors réaliser que nous sommes en présence d'une phase transitoire : ce procédé plus performant mais bruyant sera normalement amélioré par un procédé à son tour plus performant et moins bruyant.    Pour ne prendre que deux exemples : les premiers avions à réaction étaient très bruyants, les derniers modèles comme l'Airbus avec un moteur à fort taux de dilution sont à la fois plus efficaces, économes en énergie et infiniment moins bruyants. Pour la voie ferrée, la situation est la même avec les nouveaux matériels qui, à vitesse égale, sont beaucoup plus silencieux que les convois classiques.    De même la lutte contre le bruit est l'apanage des sociétés développées. D'aucuns pensent à déceler des attitudes différentes selon les populations, à degré de développement égal : les latins aimeraient le bruit, les nordiques préféreraient le calme. Ces affirmations doivent être accueillies avec prudence : quel que soit le pays la population souffre des excès du bruit, notamment les couches défavorisées qui n'ont pas les moyens matériels de se protéger de lui et le subissent, aussi bien au travail qu'à la maison et pendant les loisirs.    Quel que soit le climat, la lutte pour un meilleur environnement sonore est entreprise quand la population est en mesure d'exprimer ses besoins et que les autorités ont les moyens de mener à bien la politique susceptible de répondre à ces besoins.    Il va sans dire que ces dèux conditions ne sont pas toujours remplies, ce qui explique que les politiques les plus efficaces en matière de bruit sont menées dans les pays les plus avancés, c'est-à-dire dans ceux où le progrès donne les moyens d'agir.    De ce qui précède, il ne faut pas conclure que le progrès c'est le silence : cet objectif serait aussi aberrant qu'il est malsain d'assimiler le bruit au progrès.    Le progrès, le développement des techniques modernes permettent d'avoir pour ambition un environnement sonore stimulant pour tous parce que modéré, varié et maîtrisé.    Dans cette optiquë, l'objectif de chacun, responsable ou particulier, élu ou simple citoyen, est clair : il s'agit de lutter contre les bruits inutiles, de modérer les bruits désagréables ou trop obsédants comme celui des moteurs, et, en contrepartie, de ne pas refuser la musique, la fête, les bruits de la vie de tous les jours.    Bien entendu, seule une action d'ensemble permettra d'atteindre cet objectif : elle passe par une réduction du bruit des sources mécaniques, par une prise en compte de l'environnement sonore dans l'architecture et l'urbanisme et par une modération des comportements qui suppose la formation et l'information de tous les intéressés.    La tâche n'est pas simple, mais, si chacun y croit, si chacun agit en fonction de ses moyens et de ses responsabilités, il ne fait aucun doute que l'environnement sonore, le paysage sonore de nos villes et de nos campagnes, seront de plus en plus attrayants et que le bruit ne pourra plus être considéré comme la dure rançon du progrès.    Michel Crépeau, Écho-bruit, octobre 1982.    Vous ferez d'abord de ce texte, à votre gré, un résumé (en suivant le fil du texte) ou une analyse (en reconstituant la structure logique de la pensée, c'est-à-dire en mettant en relief l'idée principale et les rapports qu'entretiennent avec elle les idées secondaires).    Dans une seconde partie, que vous intitulerez discussion, vous dégagerez du texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé(e). Vous le préciserez et vous exposerez vos propres vues sous la forme d'une argumentation ordonnée, étayée sur des faits et menant à une conclusion.

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