Devoir de Philosophie

Registres dans DOM JUAN

Publié le 13/04/2011

Extrait du document

juan

I-             Des registres mêlés.

  • Le comique de farce

 

      1) Au cours de l'acte II, Molière utilise un comique de situation: Don Juan courtise une jeune paysanne qui n'est autre que la fiancée de Pierrot, l'homme qui a sauvé Don Juan de la noyade. L'arrivée de Mathurine montre alors l’habileté de Don Juan qui tente de persuader chacune d'elles qu'elle sera épousée. Le comique de situation se retrouve dans la scène 3 de l'acte IV dans laquelle Monsieur Dimanche se laisse avoir par Don Juan et Sganarelle. On retrouve aussi un comique de parole, dans la totalité de l'acte II ainsi que dans la scène 3 de l'acte IV, se traduisant par du patois paysan, les hyperboles laudatives de Don Juan, ou les paroles interrompues de Monsieur Dimanche.

Ces scènes s'approchent donc d'un comique de farce, renforcé parfois par un comique de gestes qui s'exprime par le jeu des soufflets dans la scène 3 de l’Acte II, l'hésitation de Don Juan pris entre les deux paysannes dans l’Acte II scène 4, ou encore  le jeu des chaises et la sortie forcée de Monsieur Dimanche dans l’Acte IV, scène 3.

 

      2) A partir de la scène 3 de l’Acte II le spectateur peut ressentir de la pitié pour les personnages maltraités par Don Juan. En effet, même si cette scène relève d’un certain comique, le paysan démontre une impuissance face à Don Juan. Les deux personnages ne font pas parti de la même classe sociale et Pierrot ne peut se défendre contre le noble. Dans la scène suivante, les deux paysannes qui se laissent abusées peuvent être présentées comme naïves et renforcent donc le comique de situation. D’autre part elles incarnent aussi l’image de deux proies qui rendent le personnage de Don Juan plus diabolique.

De même, la scène avec Monsieur Dimanche montre le coté sournois de Don Juan, qui est alors appuyé par la complicité de Sganarelle.

Cette image négative du personnage principal peut attirer l’antipathie du public et donc apporter une sorte de contre point au comique de la scène.

 

      3) Tout au long de la pièce Sganarelle s’illustre par sa bouffonnerie : Il contribue d’abord au comique par ses prises de parole:  Par exemple à la scène 1 de l’Acte III, lorsqu’il engage un long discours dans le but de convaincre son maitre à la religion. Il échoue alors dans son raisonnement et finit même par tomber. Ces changements d’attitude participent aussi au comique de la scène, il critique en effet son maitre et raconte ses aventures aux personnages qu’il croise: pendant la scène incipit à Gusman ou encore aux deux paysannes à la fin de l’Acte II scène 4. Enfin le personnage de Sganarelle est comique par sa seule présence, car il répond souvent à la place de Don Juan et participe au jeu de ce dernier, que ce soit pour l’aider à séduire les paysannes ou pour forcer Monsieur Dimanche à partir.

 

 

  • Les éléments tragiques

   1) Les personnages d’Elvire, Don Carlos, Don Alonse et Don Luis partagent tous une haine commune pour Don Juan, due aux actions de ce dernier: Elvire cherche à le retrouver après son abandon, les deux frères cherchent à venger la cause de leur sœur et le père ne supporte plus les conquêtes incessantes et les duels de son fils, il menace donc de le déshériter ou de le faire emprisonner.

   2) A l'acte I, Elvire apparait comme une femme furieuse et toujours amoureuse. Dans sa fureur, elle appelle sur Don Juan la « punition du Ciel ».

Au IVème acte, Elvire est complètement différente  du matin même. Elle tente alors une démarche dans l'intérêt de son ancien amant. Dans une longue tirade à peine interrompue par quelques répliques de Don Juan et Sganarelle, Elvire fait part à Don Juan de son intention de le sauver. Son rôle est donc tragique puisqu’elle a été abandonnée par Don Juan, mais elle fait aussi part d’une certaine volonté en continuant à essayer de le convaincre de son erreur.

L’interprétation avancée par Théophile Gautier peut donc caractériser la première apparition d’Elvire à la scène 3, dans la mesure où elle représente un embarras pour Don Juan et qu’il peine à la rejeter. Il fait en effet parler Sganarelle à sa place alors qu’Elvire continue à le menacer (« le ciel te punira », « le ciel saura me venger ») et à insister lourdement («  je te le dis encore », « Eh bien, parlez !»).

D’autre part, le commentaire de Louis Jouvet s’appliquerait à la deuxième apparition d’Elvire à la scène 6 du IVème acte. Celle-ci a alors un rôle d’avertissement avant la condamnation finale. Le terme de « sainte sublime et tragique » lui convient mieux  car elle n’est présente que dans le but de sauver Don Juan (« ne se met en peine que de votre intérêt»). Son courage est renforcé par les courtes remarques de Sganarelle (« cœur de tigre », « pauvre femme ») et son coté tragique soutenu par des larmes.

   3) Les différentes interruptions des personnages à partir de l’Acte IV relèvent toutes d’un coté tragique. En effet, ces derniers sont la pour essayer de convaincre une dernière fois Don Juan de changer d’attitude, que ce soit les personnages d’Elvire, Don Louis, Don Carlos, Sganarelle ou le spectre.

 L’Acte V s’achève donc logiquement de manière tragique pour Don Juan, lorsque celui-ci est envoyé en Enfer.

 

  • La polémique et la satire

Le XVIIème siècle se caractérise par l'importance de la religion.

Cette pièce est jouée dans sa version expurgée c'est-à-dire dont on a enlevé des scènes, notamment  la « scène du pauvre ».

Pour ceux qui accusent la pièce, on reproche à Sganarelle de se moquer de Dieu et du Diable et de faire des plaisanteries à propos de la religion, en outre par la mise en valeur  du  libertinage de Don Juan. La religion est mise en cause sérieusement dans la scene 1 de l’Acte III et le défenseur de la cause n’est  autre que le valet comique et bouffon de Don Juan.

Le pouvoir et l'intérêt de la comédie est de peindre les vices pour ensuite les condamner, et le personnage principal est par ailleurs envoyé aux Enfers à la fin de la pièce. La noblesse est aussi critiquée plusieurs fois, principalement pour le ridicule des vêtements portés par Don Juan.

 

  • L’intervention du fantastique

   1) Le dénouement est fantastique puisque l'on a l'irruption du spectre,  personnage attaché au surnaturel, aussi la présence de la statue animée du défunt commandeur, puis l’envoi de Don Juan aux Enfers.

   2) Les témoins de ces éléments surnaturels ne traduisent que peu d’étonnement et une certaine familiarité, comme le montre la réplique de Sganarelle à la scène 5 du dernier Acte: « Ah monsieur, c’est un spectre, je le reconnais au marché ». Sganarelle n’est d’ailleurs nullement choqué par la fin tragique de Don Juan et finit la pièce en réclamant ses gages.

   3) La mise en scène du surnaturel nécessite certains effets spéciaux pour la fin de la pièce ainsi qu’un déguisement particulier pour les personnages du spectre et de la statue. Ces personnages n’étant pas réels, il est libre au metteur en scène de les représenter comme il le souhaite.

Liens utiles