Devoir de Philosophie

UNE RELIGION SANS CROYANCE EST-ELLE POSSIBLE ?

Publié le 15/03/2004

Extrait du document

religion
. ». Cette dernière expression exprime une foi, c'est-à-dire une relation de confiance qui tire sa nature de se situer par-delà toute confirmation. Bien loin d'être l'incertitude qui précède un savoir enfin atteint, la foi est la certitude qui se substitue à un impossible savoir.* On ne peut pas dire qu'il s'agirait d'un doute à l'égard de la connaissance, comme si quelqu'un disait : nous ne pouvons pas savoir. (Cette position porte le nom d'agnosticisme.) Mais il existe un domaine par-delà toute possibilité de questionnement, non pas tant sans réponse que sans question : « Nous sentons que même si toutes les possibles questions scientifiques ont trouvé leur réponse, nos problèmes de vie n'ont pas même été effleurés. Assurément il ne subsiste plus alors de question; et cela même constitue la réponse» (Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 6.52). 111. Une foi rationnelle possible?
religion

« je n'étais convaincu de l'existence du couloir derrière la porte - alors même que je ne le perçois pas directement aumoment où je m'apprête à ouvrir la porte pour sortir.

L'esprit est donc constitué tout autant d'habitudes que deconnaissances dûment établies. 11.

La croyance et la foi On ne peut cependant mettre les croyances religieuses sur le même plan que les autres.

Tout d'abord, elles sontcodifiées dans des dogmes, elles ont un contenu précis qui tranche avec le vague de nos croyances ordinaires.D'autre part, l'utilisation habituelle du verbe «croire» en fait une nuance faible du «savoir » : si je crois que j'ai laisséce papier sur mon bureau, cette croyance pourra ou non être confirmée et je pourrais dire, en le voyant : je saismaintenant que ce papier est sur mon bureau.

Tandis que je ne peux pas dire que la croyance en l'immortalité del'âme, par exemple, soit provisoire et attende une confirmation par l'expérience. • Il existe alors une gradation entre l'emploi de «je crois que...

», «je crois à...

» qui exprime déjà un engagement ouune conviction, jusqu'à «je crois en...

».

Cette dernière expression exprime une foi, c'est-à-dire une relation deconfiance qui tire sa nature de se situer par-delà toute confirmation.

Bien loin d'être l'incertitude qui précède unsavoir enfin atteint, la foi est la certitude qui se substitue à un impossible savoir. • On ne peut pas dire qu'il s'agirait d'un doute à l'égard de la connaissance, comme si quelqu'un disait : nous nepouvons pas savoir.

(Cette position porte le nom d'agnosticisme.) Mais il existe un domaine par-delà toute possibilitéde questionnement, non pas tant sans réponse que sans question : « Nous sentons que même si toutes lespossibles questions scientifiques ont trouvé leur réponse, nos problèmes de vie n'ont pas même été effleurés.Assurément il ne subsiste plus alors de question; et cela même constitue la réponse» (Wittgenstein, Tractatuslogico-philosophicus, 6.52). 111.

Une foi rationnelle possible? • Dans la Préface à la deuxième édition de la Critique de la raison pure, Kant écrit : « J'ai donc dû supprimer le savoirpour lui substituer la croyance.

» Il montre que les objets traditionnels de la métaphysique, Dieu, l'immortalité del'âme, la liberté humaine, ne sont pas les objets d'une connaissance qui transcenderait les limites de l'expérience,mais des principes reliés à l'usage pratique de la raison. Citation : « Je dus donc abolir/mettre de côté le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance » / « Ich musste das Wissen aufheben, um zum Glauben Platz zu bekommen » Cette citation est extraite de la préface à la seconde édition de laCritique de la Raison Pure de Kant – en AK III, 19. Le fait que Kant souligne dans le texte les deux notions « savoir » et« croyance » nous invite à nous interroger sur la nature du rapport entreces deux notions : radicale opposition, complémentarité, exclusion.

Lesavoir exclut-il la croyance ? La croyance exclut-elle le savoir ?Enjeux majeurs : Rapport savoir / foi Rapport science / religion, croyance Rapport science / métaphysique Kant limite le savoir au profit de la croyance car selon lui nous nepouvons avoir d'intuition intellectuelle du monde sensible.

Le savoir selimite donc aux phénomènes qui sont soumis à la causalité, et qui sontdonc déterminés.

La croyance, en revanche, appartient à la sphèremorale, autrement dit à l'homme libre qui s'auto-détermine, qui se donne à lui-même sa propre loi.

Il est doncimpossible de réduire le savoir à la croyance et réciproquement dès lors que savoir et croyance renvoient àdeux dimensions de l'homme – dimensions qui ne se recoupent pas.

Vouloir réduire la croyance au savoir, ouinversement le savoir à la croyance, c'est tomber dans l'écueil soit du positivisme en oubliant la spécificité dela croyance (liberté de l'homme), ou dans l'écueil de la foi enthousiaste en oubliant la spécificité du savoir(déterminisme causal) En distinguant en l'homme deux ordres, celui de la connaissance, et celui de la morale,Kant parvient à penser foi et savoir sans tomber dans un quelconque réductionnisme. Quand on parle par exemple de l'idéal de justice, il ne s'agit pas d'un objet à connaître mais d'un résultat à atteindre: « la justice appartient à l'ordre des choses qu'il faut faire justement parce qu'elles ne sont point», dit Alain(Propos, 2 décembre 1912).

C'est en ce sens qu'il faut dire que l'objet d'une croyance n'existe pas. • Il paraît ainsi rationnel de poser les questions de croyances sur le plan des pratiques, ou de redéfinir les croyancescomme des dispositions à agir : si tant est que le résultat de nos actions soit toujours quelque peu incertain, lescroyances ne concernent-elles pas au premier chef ces actions? Qui agirait pour agir, sans faire le pari que cela en. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles