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Respecte-t-on la loi par intérêt ?

Publié le 27/02/2005

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Pourquoi donc s'incliner devant elles ?Toutefois, il est permis, avec Montesquieu, de poser la question : être libre politiquement, est-ce bien faire ce que l'on veut ? Est-ce bien se livrer au caprice ou à l'arbitraire ? L'arbitraire pèsera finalement sur chaque citoyen. Apparemment plaisant, semblant sauvegarder la jouissance, ne conduit-il pas finalement au despotisme ? Si chacun fait ce qu'il veut, alors la crainte s'emparera de l'ensemble de la société. La liberté consiste donc à obéir aux lois. Pour quelle raison ultime faut-il s'incliner devant la loi ? Parce que loi et liberté sont liées : « La liberté politique ne consiste point à faire ce que l'on veut. Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à vouloir faire ce que l'on doit vouloir [.

« La fonction opératoire du concept de contrat ainsi défini est cruciale: ce calcul pragmatique pose la première pierrede l'édifice politique: par le rationalisme et le volontarisme qui le portent, il permet le retournement des thèsesnaturalistes développées par la tradition aristotélico-thomiste.

Non seulement Hobbes place l'homme au principe de la politique, mais son individualisme mécaniste donne son originalité à la théorie du contrat fondateur qu'il propose:le contrat, en effet, est conclu entre les hommes eux-mêmes (inter pares) et il s'opère en faveur d'un tiers qui estl'autorité politique même du « Commonwealth » ou « Civitas ».

Le constructivisme de la démarche contractuelle est parfaitement net: chacun confiant l'exercice de son droit de nature (« power ») à l'être rationnel qui agira désormais en ses lieu et place, l'État-Léviathan se trouve édifié par ce désistement généralisé auquel tous consentent.

L'acteinstituteur de la société politique réside ainsi dans la transmission que chacun fait de l'exercice de son droit à l'homorationalis qui se trouve engendré par cette transmission même.

« La seule façon d'ériger un pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à lesprotéger de telle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir et vivresatisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme ou à une seule assemblée, quipuisse réduire toutes leurs volontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté » (Lév.

XVII).

Hobbes précise: « Cela va plus loin que le consensus ou concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne, unité réalisée par une convention de chacun avec chacun, passée de telle sorte que c'est comme sichacun disait à chacun : J'autorise cet homme ou cette assemblée et je lui abandonne mon droit de me gouvernermoi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la mêmemanière. » La multitude ainsi unie est une République ou État. La génération contractuelle de la société politique est donc de part en part, selon Hobbes qui appuie sa théorie sur une étude minutieuse de la nature humaine, une oeuvre de la raison.

Elle procède d'un calcul (« ratio ») qui a pour effet d'arracher tous les individus à la naturalité et de les soumettre, par leur décision volontaire, à l'immensepuissance (« potestas ») qu'ils ont édifiée par la transmission de leurs forces et de leurs droits de nature (« potentiae ») à la « personne fictive » ou à l'homme artificiel qu'est le grand « Léviathan » ou Etat.

Le contrat ainsi pensé est l'acte par lequel, tout ensemble, la multitude se transforme en peuple (« De Cive », XII, 8) tandis que le « peuple en corps » possède, dans le Léviathan qui le représente, une personnalité publique. Avec ces deux analyses on peut dire c'est dans notre propre intérêt que nous respectons la loi, ou encore parprudence, entendant ici par intérêt notre intérêt particulier. Toutefois, dire que seul notre intérêt particulier nous pousse à respecter la loi, n'est-ce pas nier tout sentiment decitoyenneté ? Ne faudrait-il pas ainsi distinguer l'intérêt particulier de l'intérêt général ? Ce que Rousseau établit dans le "Contrat Social", en distinguant volonté particulière et volonté générale, égoïsme etrépublicanisme politique. ROUSSEAU : l'État, expression de la volonté générale Selon Rousseau, les hommes sont contraints de s'associer pour survivre.Le problème est de « trouver une forme d'association qui défende etprotège de toute la force commune la personne et les biens de chaqueassocié, et par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtantqu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ».

Sa solution, c'est lecontrat social.

Rousseau l'énonce ainsi : « Chacun de nous met encommun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction dela volonté générale, et nous recevons en corps chaque membre commepartie indivisible du tout.

» Par ce contrat chaque individu préserve doncintégralement sa liberté puisqu'il décide librement d'obéir à la volontégénérale, et son égalité, puisque chacun participe également à cettevolonté générale.

L'État trouve sa légitimité dans cette volonté généraledont il ne doit être que l'expression.

Dès que l'État ne représente pluscette volonté générale, le contrat est rompu, et l'État devient illégitime. « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toutela force commune la personne et les biens de chaque associé etpar laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant» (Rousseau) Le Contrat Social propose une solution à ce difficile problème : Le souverain c'est l'ensemble des membres de lasociété.

Chaque homme est donc à la fois législateur et sujet : il obéit à la loi qu'il a lui-même établie.

Celasuppose l'existence d'une volonté générale distincte de la somme des volontés particulières.

Chaque homme acomme individu une volonté particulière qui le conduit à vouloir son intérêt particulier et qui en ce sens leconduit à s'opposer aux autres ; mais il a aussi comme citoyen une volonté générale qui lui fait vouloir le biende l'ensemble dont il est membre.

Il appartient à l'éducation de former cette volonté générale et Rousseaudéveloppera ce thème dans son projet de gouvernement pour la Pologne.

« C'est l'éducation qui doit donner. »

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