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LA SATIRE.

Publié le 28/04/2011

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   La Satire a pour objet de tourner en ridicule les travers et les vices de l'humanité.    a) Origine. Plus que le portrait, la satire répond au malin plaisir de la médisance. La première forme en est « la Comédie Ancienne «, à Athènes, au Ve siècle av. J.-C., dont l'auteur le plus illustre est Aristophane : c'est une série de caricatures de personnages vivants, présentés sous leurs noms et leurs véritables visages (copiés par les masques de comédie) ; au début du ive siècle, ce genre fut interdit ; mais la satire retrouve une nouvelle vie et une nouvelle forme dans la diatribe des philosophes cyniques ; c'est de la diatribe que les poètes Latins ont tiré la satire proprement dite dont Quintilien dit orgueilleusement : Satira tota nostra est, la satire est entièrement de chez nous.    b) Forme. La satire est généralement en vers; le ton en est animé et prend souvent la forme du dialogue.    c) Chefs-d'œuvre. Lucilius (149-103 av. J.-C.) semble être le créateur du genre tel que nous le connaissons, genre fixé peu après par Horace (64-8 av. J.-C.), dans les deux livres de ses Satires, qui sont, par excellence, le classique de la Satire. Perse (34-62 ap. J.-C.) et Juvénal (42-125) continuent et enrichissent la tradition, latine. En France, l'esprit satirique, très vif, se donne carrière dans les Fabliaux, le Roman de Renart, prend, au XVIe siècle, la forme singulière du coq-à-l'âne ; la Défense (1549), de Du Bellay, inscrit la Satire parmi les genres à rénover des Latins; de fait, une partie des Regrets (1558) est satirique, non pas, chose curieuse, d'après le modèle d'Horace, mais d'après les satiriques italiens des XVe et xvie siècles. L'époque de Henri IV voit une étonnante floraison de poètes satiriques dont le meilleur et le plus illustre est Régnier (1573-1613) qui fixe la forme de la Satire française, en imitant librement Horace. Boileau marche plus scrupuleusement sur les traces du maître latin et donne, dans ses Satires, le chef-d'œuvre classique du genre en français. Voltaire a composé des Satires : le Mondain (1736), la Défense du Mondain, le Pauvre Diable (1758), la Vanité (1760), etc. ; mais l'esprit voltairien, éminemment satirique, emprunte toutes sortes de formes : libelles anonymes, contes philosophiques, etc. D'ailleurs, au xvin8 siècle, les journaux publics commencent à servir d'instruments de polémique, et leur actualité, bien autrement efficace, va remplacer la satire.    Il est à remarquer que, sortie de la Comédie, la Satire n'a cessé de la côtoyer : les satires dialoguées sont des façons de petites comédies (nous dirions des « sketches «) et, de son côté, la comédie, celle de Molière et de ses successeurs, donne constamment dans la satire morale. Les deux genres peuvent prendre pour devise le mot de Quintilien sur la comédie : « castigat ridendo mores : elle corrige la moralité par le rire «. Ce qui a conféré une existence autonome à la satire, c'est la nécessité d'être prudent sur la scène : il y a bien des choses qui peuvent s'imprimer dans un livre et ne peuvent être mises sous les yeux des spectateurs. Cependant, la satire classique, celle de l'Horace des Satires (non des Epodes), de Perse, de Juvénal, de du Bellay, de Régnier, de Boileau, se distingue par une certaine réserve morale qui lui fait éviter les sujets par trop grossiers et les attaques infamantes contre les personnes nommées.

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