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Le songe de Cromwell de HUGO (III, 17)

Publié le 14/02/2012

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cromwell

Ecoute. Etant enfant, j'eus une vision

.../...

Honneur au roi Cromwell ! Manassé, tu comprends !

Apprécier ce songe au point de vue de la vraisemblance et du style. Comparez-le au songe d'Athalie ou à tout autre songe classique, et indiquez celui que vous préférez.

Mettons le marteau dans les théories, les poétiques et les systèmes... À quoi bon s'attacher à un maître? Il vaut mieux être ronce ou chardon que pendante, moins affranchie des conventions classiques, ces éternelles momies que la pédanterie embaume....

cromwell

« avons dit vision et non songe, car c'est bien une hallucination semblable a celle de Macbeth croyant voir et entendre, dans la bruyere de Forres, les sorcieres lui crier le fameux : Thane de Cawdor, to seras roi! L'imita- tion est visible.

Cromwell ne dormait pas : Je veillais assis pres de ma couche; Soudain ma chair se glace au souffle d'une bouche. D'ailleurs, songe on vision de fantome, V.

Hugo en a trouve l'idee dans /a vie de Cromwell (1), qui, disent ses biographes, affirmait volontiers, apres 1649, la realite de l'apparition, comme pour rejeter sur une puissance mys- terieuse la responsabilite du drame de Whitehall.

Le futur regicide aurait eu seize ans environ, quand it recut cette premiere et confuse revelation de sa fortune; il frequentait alors non les s nobles gazons-i, d'Oxford, mail le college de Sidney-Sussex, a Cambridge.

A-t-il eu reellement la vision d'un fantome? Non.

L'ardente et melancolique inquietude qui Rail le fond du caractere d'Olivier ne suffit pas pour expliquer qu'il se soit fait a lui-meme illusion sur la nature de l'evenement; it l'inventa de touter pieces, pour les besoins de la comedie religieuse joua aupres des fanatiques et des Saints.

Ainsi fonde, le recit de V.

Hugo n'en est pas moms invraisemblable par les details que le poke ajoute aux donnees de la tradition.

Admettons meme, pour legitimer son exasperation, que Cromwell se soit vu chasser du college malgre l'illustration de sa famine, rune des plus anciennes du pays de Galles (2); il reste qu'on ne comprend guere, vingt ans avant le supplice de Charles I", l'apparition sanglante de la « tete toupee 2., de cette tete que le Protecteur reverra un jour K nmette » et pendante « a la main du bour- reau (3).

Tout au plus, une pareille vision se pourrait-elle admettre chez un ambitieux qui a son plan nettement defini et qui, dans l'agitation de ses nuits, aurait la premiere idee du crime supprimant l'obstacle qui se dresse devant lui.

Pourquoi V.

Hugo a-til individualise le fantome dont Cromwell n'a pas dit la nature et n'a entendu que la voix? Corneille ni Racine n'ont commis cette faute.

Il n'est pas extraordinaire, en effet, qu'a Pauline, inquiete des &fiances inaccoutumees de Polyeucte, l'ammir conjugal ait suggere le pressentiment de la mort prochaine de son epoux : les chretiens font chaque jour des proselytes et chaque jour aussi voit le supplice de quelques-uns de ces fanatiques.

Plus naturel encore est le songe d'Athalie : la fin tragique de Jezabel, la puissance de Jehovah vengeur et Penlevement de l'un des enfants d'Ochosias, trois pensees qui hantent l'esprit de la reine et troublent ses nuits.

Le songe de Pauline et celui d'Athalie reunissent les conditions qui en permettent I'emploi au theatre : la tragedie ou ils entrent a un caractere religieux, ils augmentent la terreur dans l'ame du personnage qui en est le sujet, enfin ils sont lies a l'action.

A des degres divers, Rs influent sur in marche de la tragedie : l'un est, dans Palyeucte, an moms un incident utile puisqu'il torture Fame de Pauline des qu'il recoil un commencement de realisation; i'autre devient Paine de la piece, puisqu'il conduit Athalie au temple on Pattend sa perte.

Quant aux sorcieres de Macbeth, que sont-elles, ninon la pens& obsedante du souverain pouvoir s'exteriorisant, prenant corps, par l'effet d'une hallucination que le thane prend pour une realite? Au contraire, il est inadmissible que la vision de Pecolier de Cambridge lui ait fait concevoir in pensie du regicide a une époque on nul, en Angle- Jerre, ne songeait a &ironer le Stuart.

Avant 1642, - Ludlow le constate (1) Warwick's memoirs.(2) Mare Noble; Memoirs of the Protectory house.

- Ludlow's memoirs, (3) Cromwell, 17, avons dit vision et non songe, car c'est bien une hallucination semblable à celle de Macbeth croyant voir et entendre, dans la bruyère de Forres, · les sorcières lui crier le fameux : Thane de Cawdor, tu seras roi/ L'imita­ tion est visible.

Cromwell ne' dormait ·pàs· : ......... .

Je veillais assis près de ma couche: Soudain ma chair se glace au souffle d'une bouche.

D'ailleurs, songe ou vision de fantôme; V.

Hugo en a trouvé l'idée dans la vie de Cromwell (1), qui, disent ses biographes, affirmait volontiers, après 1649, la réalité de l'apparition, comme pour rejeter sur.

une puissance mys­ térieuse la responsabilité· du drame de WhitehaiL Le futur régicide aurait eu seize ans environ, quand il reçut cette première et confuse révélation de sa fortune; il fréquentait alors non les «nobles gazons> d'Oxford, mais le collège de Sidney-Sussex, à Cambridge.

A...t-il eu réellement la vision d'un fantôme? Non.

L'ardente et mélancolique inquiétude qui était le fond du caractère d'Olivier ne suffit pas pour expliquer qu'il se soit fait à lui-même illusion sur la nature de l'événement; il l'inventa de toutes pièces, pour les besoins de la comédie religieuse qu'il joua auprès des fai:ultiques et des Saints.

Ainsi fondé, le récit de V.

Hugo n'en est pas moins invraisemblable par les détails que le poète ajoute aux données de la tradition.

Admettons même, pour légitimer son exaspération, que Cromwell se soit vu chasser du collège malgré l'illustration de sa famille, l'une des plus anciennes du pays de Galles (2); il reste qu'on ne comprend guère, vingt ans avant le supplice de Charles 1"', l'apparition sanglante de la « tête coupée :.

, de cette tête que le }>rote'cteur reverra un jour « muette :.

et p~ndante « à la main du bour­ reau » (3).

Tout au plus, une pareille vision se pourrait-elle admettre chez un ambitieux qui a son plan nettement dé.ftni et qui, dans l'agitation de ses nuits, aurait la première cidée du crime supprimant l'obstacle qui se dresse devant lui.

Pourquoi V; Hugo a-t·il individualisé le fantôme dont Cromwell n'a pas dit la nature et n'a entendu que la voix? w ** Corneille ni Racine n'ont commis cette faute.

Il n'est pas extraordinaire, en effet, qu'à Pauline, inquiète des défiances inaccoutumées de Polyeuete, l'amour conjugal ait suggéré· le pressentiment de la mort prochaine de.

son époux: les chrétiens font ch1\que jour des _prosélytes et chaque jour aussi voit le supplice de quelques-uns de ces fanatiques.

Plus naturel encore est le songe d'Athalie : la fin tragique de Jézabel, la puissance de Jéhovah vengeur et l'enlèvement.

de l'un des enlants d'Ochosias, trois pensées qui hantent l'esprit de la reine et troublent ses nuits.

Le songe de Pauline et celui d'Athalie réunissent les conditions.

qui ea permettent l'emploi au théâtre : la tragédie où ils entrent a un caractère religieux, ils augmentent la terreur dans l'âme du personnage qui en est le sujet, enfin ils sont liés à l'action.

A des degrés divers, ils.

inthlent sur la marche de la ~ragédie .: l'un est, dans Polyeucte, au moins .un incident utile puisqu'il torture l'âme de Pauline dès qu'il reçoit un commencement de réalisation; rauti'e .devient l'âme de la pièce, puisqu'il conduit Athalie au temple où l'attend sa.

perte.

Q11ant aux sorcières de Macbeth, que sont..elles, sinon ·la· pensée obsédante du souverain pouvoir s'extériorisant, prenant corps, par l'effet d'une hallucination que le thane prend pour une réalité? Au contraire, il est inadmissible que la vision de l'écolier de Cambridge lui ait fait conce!oir la pensée du régicide à une époque où nul, en Angle­ terre, ne songeait à détrôner le Stuart •.

Av1111t 1642, - Ludlow le comlale (l') Warwiek's 'memojr.!.

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- Ludlow'a memoirs • .

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