Devoir de Philosophie

Théâtre asiatique

Publié le 08/04/2011

Extrait du document

Dès ses débuts l’art contemporain occidental a été fortement influencé par les arts orientaux que se soit en peinture, en danse, en musique ou en théâtre. Les artistes ont souvent utilisé la connaissance qu’ils ont des arts orientaux pour en intégrer certains aspects à leurs œuvres.

 

Des artistes tel que Ariane Mnouchkine, Peter Brook, Artaud, Brecht et bien d’autres encore sont fascinés et inluencés par l’Orient. Ils continuent d’absorber des influences diverses, s’en nourrissent pour s’enrichir et se développer, ce sont les bases de l’art.

 

Le théâtre indien, théâtre dansé classique et sacré du kérala, est un ensemble de traditions dont les sources anciennes sont emprunté aux spectacles rituels d’origine tel que le kutiyattam et le kalarippayat. Le théâtre indien révèle un modèle d’acteur lié au sacré, porteur de signe et héritier d’une tradition qui fascine l’occident.

 

Nous étudierons dans un premier temps les principes du théâtre indien puis dans un second temps nous verrons ce que le théâtre occidental contemporain peut tirer du théâtre indien pour un renouveau de la scène.

 

Le théâtre indien est rattaché à une dimension sacrée afin de s’adresser aux Dieux. Les pièces sont le plus souvent et même toujours des épisodes spectaculaires de la littérature sacrée et épique empreintés au Ramayana et au Mahabharata (équivalent de la Bible chez nous). Ce qui entraîne une grande maîtrise du langage physique pour que la communication ne soit pas parasitée.

 

L’acteur tient une place intermédiaire, celle de transmettre un message sacré aux Dieux, et de bénéficier d’un savoir artistique à transmettre de génération en génération. C’est un acteur traditionnel dans le sens où il doit procurer du plaisir aux spectateurs tout en préservant un héritage national / identitaire et en perfectionnant cet art.

L’acteur possède un vocabulaire de signes constituant son langage, la communication et le plaisir en découlent et forme une unité. Ce vocabulaire des signes s’est construit et épanouit sur un long terme pour former une tradition à apprendre, maîtriser et transmettre tout en la préservant. L’acteur n’invente donc pas, il se nourrit des temps anciens dans le présent tout en le conservant correctement, comme il lui a été offert et apprit.

 

Dans cet ensemble, l’acteur se trouve au centre de la création théâtrale. Il évolue sur une scène nue laissant totalement place à son art. On peut le considérer comme « la poutre maîtresse » des spectacles indien. Il détient une force sur scène qui lui est donné par la connaissance de plusieurs arts qu’il alterne au long des spectacles, tout en les fusionnant avec une réelle maîtrise.

 

L’acteur est paré de costumes excessivement décorés, d’un maquillage élaboré sur une scène dépouillé, ce qui met en avant son corps et ses performances. Son jeu est plus en rapport avec la danse que le texte, ce qui compte c’est la perfection du rendu scénique. Il communique principalement avec le contrôle de son corps et les techniques qu’il a acquis. L’acteur fait apparaître son propre talent après avoir pratiqué durant des années des exercices physiques et moraux en vu de ce perfectionnement.

 

 En alternant les différents arts scéniques en sa possession, chant, danse et récitatif, l’identification du personnage est amenuisé, mais le public indien connaît bien les signes, et leur présence est dû à la réjouissance de regarder des enchaînements si réfléchis de ces différents arts.

 

L’enchaînement des signes et des arts, qui forme une écriture assez abstraite possédant quelques restes de concret, et le dessin des corps permettent aux spectateurs de comprendre le sens d’une pièce. On peut comparer un spectacle indien à une toile où le dessin serait fait par le pinceau, le corps en lui-même.

 

Le théâtre indien se soumet aux exigences de la beauté et de l’extraordinaire, le réel n’existe pratiquement pas, la magnificence des costumes, l’éclat des couleurs et l’originalité des maquillages soutiennent ces deux caractéristiques. La scène exclut le réalisme, les éléments de la vie ainsi que la gestuelle de tous les jours, c’est pourquoi la scène est nue. L’acteur a été habitué pendant ses entraînements à avoir un espace vide, le nombre des pas est compté, la longueur à traverser est définit d’avance,… . Il obéit à ces exigences car elles font parties intégrantes de la tradition. Mais il doit faire attention de na pas en paraître prisonnier, le dynamisme et l’énergie doivent rester les mêmes car il incarne des Dieux.

 

L’acteur indien, par son énergie et sa présence, offre une image cohérente au spectateur. Il joue pour lui et s’expose tel un « objet d’art ».

 

L’acteur ne peut pas se fier à son seul talent, il est le résultat d’une éducation débutée dès son plus jeune âge. Des structures institutionnelles spécialisées pour le théâtre ont été créées dans les années 30, le théâtre est inscrit dans la culture. La formation du théâtre traditionnel indien démarre en même temps que celui de la langue, il manie donc aussi bien le langage des signes que sa langue maternelle. La formation est très sérieuse car elle est associée à la tradition, au sacré, de ce fait, le langage de son art doit être intégré avant même sa langue maternelle. Le langage et les signes ne doivent pas se détériorer avec le temps, la pratique est donc de mise.

 

Les « mudras » remplacent le texte et les « navarasas » (Amour, Ironie, Compassion, Fierté, Colère, Peur, Répulsion, Émerveillement, Sérénité) correspondent au langage dramatique de ce théâtre indien. Tous ces codes minutieux se réfèrent au Natyasastra. Les entraînements sont intenses et suivent un rigoureux apprentissage. Figures martiales et chorégraphiques, gymnastiques des yeux et de la face très technique… . Ces techniques basées sur des années d’entraînement et de travail sont chargées de donner à l’acteur un vocabulaire gestuel qu’il devra parfaire au cours des années, aboutissant à un art aux règles parfaitement définies.

 

 

 

Le théâtre occidental est principalement fondé sur le rapport au texte et la psychologie, c’est pourquoi il se tourne vers l’inde afin de se nourrir de tout son extraordinaire et de sa technique.

 

 

 

Certains auteurs occidentaux définissent le jeu de l’acteur indien par l’élégance, aucune expression personnelle ne s’interpose dans son jeu. L’art règne sur scène, l’acteur maîtrise et perfectionne son art tout au long de sa vie. L’élégance naît d’une exigence technique, elle évolue et se perfectionne lorsque l’acteur a mis son orgueil de côté et que les gestes, les signes et les mouvements deviennent propres au personnage. Pour cela l’acteur doit s’oublier en tant qu’être, et s’invertir de son personnage, il devient présent.

 

C’est cette présence que les Occidentaux cherchent à obtenir. Le corps de l’acteur devient le message à faire passer, les formes artistiques le dessinent. Elles éloignent le théâtre de tout réalisme ce qui donne aux personnages et aux récits une dimension proprement théâtrale. Ces formes sont un langage métaphorique, chaque geste, mouvements, déplacements, ton de voix,… est un message codé porteur de sens extrêmement fort. Le public connaît l’histoire et sa présence s’explique principalement par la performance de l’artiste. L’art de l’acteur est au centre et le théâtre échappe au réalisme et à la psychologie.

 

Le croisement des arts fascine l’occident, théâtre, danse, chant. On ne sait pas quand l’un commence et l’autre finit, ils forment une unité. L’acteur indien possède son propre langage, il forme et déforme son corps. Les costumes, les maquillages, le stimule, son jeu est parfait et loin de la reproduction machinale d’une attitude ou de geste. L’acteur indien parle avec la danse, les signes, … Le théâtre indien devient alors un modèle de la pantomime pour l’acteur occidental qui est associé à la transmission d’un texte, c’est le moyen de s’en affranchir.

 

Les techniques de jeu indienne captive l’occident car elles procurent une pratique artistique vraiment théâtrale et parfaitement codifiées. Les formations de techniques de jeu instaurées en Occident durent tout au plus trois à quatre ans. Les méthodes d’apprentissage sont multiples et aucunes ne se ressemble. Les entraînements ne sont pas tous les mêmes, il n’existe pas d’entraînement type défini et rigoureux. Le théâtre en Inde est la marque d’un art considéré comme un artisanat, un métier en tant que tel qui se transmet de maître à élève. La formation théâtrale dans les pays occidentaux n’impose pas une préparation si intense et longue à l’artiste. De telles structures institutionnelles n’existent pas ainsi que les mentalités aptes à un tel entraînement non plus.

 

 

 

Le théâtre Indien est une source d’inspiration pour la scène occidentale. Il amène une vague de nouveauté en mettant en avant la « pantomime » et la danse. C'est un théâtre de la beauté qui met en avant l'acteur, son jeu, son costume, son maquillage baigné d'extraordinaire. Contrairement à l'occident qui depuis des années base son théâtre sur le récitatif et la réflexion, l'inde retrace l'histoire de ses dieux en danse, chant et musique pour le plus grand plaisir du public Indien.

 

L'occident se nourrit de son jeu et de ses techniques afin d'ajouter une touche de couleur, d'imaginaire et de magie à son théâtre. Ariane Mnouchkine s’en est particulièrement inspiré pour les pièces La nuit des rois et Les Atrides.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Liens utiles