UTILITE DE L'HISTOIRE
Publié le 28/04/2011
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Fustel de Coulanges est mort en 1889. Le dernier livre publié sous son nom est intitulé Questions historiques. On y trouve une étude sur le rôle de l'histoire, dont est extrait le passage, suivant, qui fera la meilleure conclusion, la plus lucide, la plus autorisée, à une étude générale de l'histoire. L'histoire ne résout pas les questions : elle nous apprend à les examiner. Elle nous enseigne, au moins, comment il faut s'y prendre pour observer les faits humains. Le regard que nous jetons sur les choses présentes est toujours troublé par quelque intérêt personnel, quelque préjudice ou quelque passion. Voir juste est presque impossible. S'il s'agit, au contraire, du passé, notre regard est plus calme et plus sûr. Nous comprenons mieux des événements et des révolutions dont nous n'avons rien à craindre et rien à espérer. Les faits accomplis se présentent à nous avec une bien autre netteté que les faits en voie d'accomplissement. Nous en voyons le commencement et la fin, la cause et les effets, les tenants et les aboutissants. Nous y distinguons l'essentiel de l'accessoire. Nous en saisissons la marche, la direction et le vrai sens. Pendant qu'ils s'accomplissaient, les hommes ne les comprenaient pas ; ils étaient troublés, mêlés d'éléments étrangers, obscurcis par des accidents éphémères. Il y a toujours, dans les événements humains, une partie qui n'est qu'extérieure et apparente ; c'est, d'ordinaire, cette partie qui frappe le plus les yeux des contemporains. Aussi est-il fort rare qu'un grand fait ait été compris par ceux-là mêmes qui ont travaillé à le produire. Presque toujours, chaque génération s'est trompée sur ses œuvres. Elle a agi sans savoir nettement ce qu'elle faisait. Elle croyait viser à un but et c'est à un autre but que ses efforts l'ont conduite. Il semble qu'il soit au-dessus des forces de l'esprit humain d'avoir l'intuition nette du présent. L'étude de l'histoire doit avoir au moins cet avantage de nous accoutumer à distinguer, dans les faits et dans la marche des sociétés, ce qui est apparent de ce qui est réel, ce qui est illusion des contemporains de ce qui est vérité. Fustel de Coulanges.
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