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La vérité est-elle libératrice ou contraignante ?

Publié le 12/03/2005

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La vérité est contraignante

L'expression commune «se rendre à l'évidence« montre bien que l'évidence est une force qui nous assaille et nous domine. Elle implique aussi que l'on y résiste et qu'enfin on se rend. La toute-puissance de l'évidence est dans l'impuissance de l'esprit à la nier. Il semble que ce soit sans raisons que la raison se rende à l'évidence. Si l'on parle de force de la vérité, c'est parce que l'esprit, malgré sa résistance, est obligé de l'admettre.

La vérité est libératrice

C'est l'ignorance qui est prison et la connaissance qui est liberté. Vouloir le vrai, c'est précisément refuser toute contrainte extérieure à celle de la logique d'un raisonnement.

On fait volontiers allusion à l'existence d'un devoir de vérité, qui semble impliquer que la vérité exerce une contrainte à l'égard d'un sujet. Par ailleurs, le développement de la vérité scientifique et de ses applications techniques n'en finit pas d'accorder à l'homme de nouveaux moyens d'action et de libération. Comment concilier ces deux aspects ? La vérité est-elle contraignante ou libératrice ?

  • I) La vérité ne me laisse pas le choix.

a) On est contraint de se rendre à l'évidence. b) La vérité s'impose parce qu'elle est une et universelle. c) Nul n'a le droit de taire la vérité.

  • II) La véritécomme salut.

a) L'évidence n'a pas la force d'une preuve. b) L'évidence est conquise par l'esprit. c) La vérité ne contraint pas, elle libère.

« "Il est inadmissible de dire que la science est un domaine del'activité intellectuelle humaine, que la religion et laphilosophie en sont d'autres, de valeur au moins égale, etque la science n'a pas à intervenir dans les deux autres,qu'elles ont toutes la même prétention à la vérité, et quechaque être humain est libre de choisir d'où il veut tirer sesconvictions et où il veut placer sa foi.

Une telle conceptionpasse pour particulièrement distinguée, tolérante,compréhensive et libre de préjugés étroits.Malheureusement, elle n'est pas soutenable, elle participe àtous les traits nocifs d'une Weltanschauung absolument nonscientifique et lui équivaut pratiquement.

Il est évident quela vérité ne peut être tolérante, qu'elle n'admet nicompromis ni restriction, que la recherche considère tous lesdomaines de l'activité humaine comme les siens propres etqu'il lui faut devenir inexorablement critique lorsqu'une autrepuissance veut en confisquer une part pour elle-même."FREUD Analyse du sujet : Un texte qui combat une opinion : la dignité égale des démarches philosophique, religieuse et scientifique pour parvenir à la vérité ; et en affirme une autre : seule la science possède une telle possibilité.

C'est doncla démarche même du positivisme qui est ici évoquée. Conseils pratiques : Examinez avec soin la façon dont Freud analyse la thèse qu'il combat.

Réfléchissez aux conséquences de l'affirmation: "La vérité ne peut pas être tolérante". [Introduction] Freud a volontiers comparé le caractère révolutionnaire de sa théorie psychanalytique aux apports quifurent ceux de Galilée et de Darwin dans la conception que l'homme a de lui-même : de son point de vue,la psychanalyse constitue une avancée scientifique considérable.

Comme elle a bousculé bon nombred'idées ou de thèses antérieurement admises, il n'est pas surprenant de le voir ici parler, de manièregénérale, de ce que doit être la position de la science relativement aux autres domaines intellectuels.Pour Freud, il n'est pas question d'admettre une complémentarité entre religion, philosophie et science :cette dernière doit au contraire sévèrement critiquer les deux autres discours, dès que les trois peuvententrer en concurrence. [I.

Critique de la tolérance] On admet volontiers que la science, la religion et la philosophie constituent trois secteurs de l'activitéintellectuelle qui peuvent vivre dans une certaine cohabitation.

Quelques esprits éminents donnentd'ailleurs des exemples historiques de cette cohabitation, et peuvent encourager à penser qu'elle.

devraitse poursuivre : Descartes n'est-il pas aussi bien scientifique que philosophe, et ne croit-il pas en Dieu ?Il en va de même pour Leibniz et pour quelques autres, d'accord pour considérer que chaque domaineaccède à certaines formes de vérité et présente une valeur propre, leur hiérarchisation ne paraissant pasdès lors justifiée.Une telle conception est « inadmissible » pour Freud, qui ne se prive pas d'ironiser à son propos : nepasse-t-elle pas pour «particulièrement distinguée, tolérante, compréhensive et libre de préjugés étroits» ? Admettre cette possibilité de coexistence serait ainsi jouer les âmes nobles et se donner un rôleavantageux.

La virulence dont Freud fait preuve peut s'expliquer, au moins en partie, par le fait que lascience ayant elle-même progressé depuis Descartes ou Leibniz, ses relations avec la religion ou laphilosophie ne peuvent que se modifier : tout doit désormais être mis en oeuvre pour que les avancéesscientifiques puissent se faire sans rencontrer d'obstacles ou de freins.Sur ce point, l'expérience personnelle de Freud n'est peut-être pas à négliger : il sait que ses théories nesont admises que comme des interprétations laissant ouverte la possibilité de philosopher sur desdomaines qu'il a explorés.

Quant à son explication de la religion (qui serait la quête névrotique d'uneimage paternelle et toute-puissante permettant d'affronter les difficultés de la vie), elle n'empêche pasgrand monde de continuer à croire en Dieu...

On peut donc constater que « chaque être humain [reste]libre de choisir d'où il veut tirer ses convictions et où il veut placer sa foi ».

Mais Freud ne le constatepas seulement : il le déplore. [II.

La science comme vision du monde] Là où l'on se contente de désigner une vision du monde « tolérante », Freud dénonce une vision dumonde « absolument non scientifique », et particulièrement nocive.

On devrait donc admettre que ledéveloppement de la science est désormais tel qu'il rend impossible toute vision du monde qui ne luiserait pas ordonnée.

Il y a ainsi un choix radical à effectuer : ou bien on prend le parti de tout traiter. »

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