Devoir de Philosophie

Voiles au port.

Publié le 27/04/2011

Extrait du document

   Dans le port étroit et long comme une chaussée d'eau entre ses quais peu élevés où brillent les lumières du soir, les passants s'arrêtaient pour regarder, comme de nobles étrangers arrivés de la veille et prêts à repartir, les navires qui y étaient assemblés. Indifférents à la curiosité qu'ils excitaient chez une foule dont ils paraissaient dédaigner la bassesse ou seulement ne pas parler la langue, ils gardaient dans l'auberge humide où ils s'étaient arrêtés une nuit, leur élan silencieux et immobile. La solidité de l'étrave ne parlait pas moins des longs voyages qui leur restaient à faire, que ses avaries des fatigues qu'ils avaient déjà supportées sur ces routes glissantes, antiques comme le monde et nouvelles comme le passage qui les creuse et auquel elles ne survivent pas. Frêles et résistants, ils étaient tournés avec une fierté triste vers l'océan qu'ils dominent et où ils sont comme perdus. La complication merveilleuse et savante des cordages se reflétait dans l'eau comme une intelligence précise et prévoyante plonge dans la destinée incertaine qui, tôt ou tard, la brisera. Si récemment retirés de la vie terrible et belle dans laquelle ils allaient se retremper demain, leurs voiles étaient molles encore du vent qui les avait gonflées, leur beaupré s'inclinait obliquement sur l'eau comme hier encore leur démarche, et, de la proue à la poupe, la courbure de leur coque semblait garder la grâce mystérieuse et flexible de leur sillage.    Marcel Proust. Vous ferez un commentaire composé de ce passage.    Vous pourriez par exemple étudier les qualités de la description puis la transfiguration poétique qu'en propose l'auteur. Mais cette indication vous laisse entièrement libre de choisir votre démarche.    3e sujet. — « Il est bien certain qu'à celui qui se met devant un texte, il faut d'abord une volonté d'adhésion par la sympathie, une disponibilité. Mais ne faut-il pas que suive un autre moment où je pense moi-même, où je trouve ma ligne de résistance ou de fuite, où je m'engage comme l'auteur s'est engagé ? «    Pierre-Henri Simon, Parier pour l'homme.    En vous appuyant sur des exemples empruntés à votre expérience de lecteur, dites ce que vous pensez de cette réflexion.

Liens utiles