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Vouloir avoir raison est ce critiquable?

Publié le 06/03/2005

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Nous ne connaissons que les phénomènes. La raison ne nous donne aucune connaissance, puisqu'elle n'a pas d'intuition a priori. Elle ne peut que mettre en ordre des matériaux qui lui sont fournis par l'intuition sensible. Mais si la raison veut poursuivre son effort de liaison et d'unification au-delà de l'expérience sensible, elle tourne à vide et ne pense que des fantômes.  L e savant a le droit de dire que l'échauffement et la cause de la dilatation st tous deux donnés dans l'expérience sensible et que l'entendement n'a plus qu'à les relier. Mais lorsque le métaphysicien assure que le monde n'a pas pu se faire tout seul, qu'il lui faut une cause, et que cette cause est Dieu, il abuse de la causalité, car il sort de l'expérience, il imagine gratuitement quelque chose en dehors du monde. Au lieu de chercher à découvrir des causes dans l'univers, il invente une cause de l'Univers. Les métaphysiciens ont tendance à se figurer que les choses sensibles, le monde de l'expérience sont un obstacle au libre exercice de l'esprit. Mais c'est le contraire qui est vrai : seul le monde sensible fournit une matière à l'effort d'unification et de construction qui caractérise l'esprit. En dehors du sensible, l'esprit dépourvu d'intuitions innées- ne saurait atteindre aucune connaissance.

Avoir toujours raison signifie dire le vrai, ce qui est en soi et qui ne peut être dit autrement. Vouloir avoir raison se distingue d'avoir tort, se tromper, être dans l'erreur mais également d'être ignorant de la vérité, ne pas se prononcer. Il paraît évident pour chacun que la recherche de la vérité, son obtention est le but de chacun par excellence. La question posée ici paraît contradictoire: comment peut-on supposer que la volonté d'avoir raison peut parfois être en tort? N'est ce pas là ce que celui qui cherche la vérité veut éviter à tout prix? Avoir raison perd alors tout son sens! Le tort est une erreur, un défaut, ce qui pose problème. Dans ce cas sous quelle condition le désir exclusif de hérité pose-t-il problème? Y a-t-il des conditions où la vérité nuit à l'avancée de l'homme et entraîne des inconvénients? Comment le recherche de la vérité pet-elle nuire?

« Les métaphysiciens ont tendance à se figurer que les choses sensibles, le monde de l'expérience sont un obstacleau libre exercice de l'esprit.

Mais c'est le contraire qui est vrai : seul le monde sensible fournit une matière à l'effortd'unification et de construction qui caractérise l'esprit.

En dehors du sensible, l'esprit dépourvu d'intuitions innées-ne saurait atteindre aucune connaissance.

« La colombe légère, qui dans son libre vol fend l'air dont elle sent la résistance, pourrait s'imaginer qu'elle volerait bien mieux encore dans le vide.

C'est ainsi que Platon se hasarda, surles ailes des idées, dans les espaces vides de la raison pure.

Il ne s'apercevait pas que, malgré tous ses efforts, ilne faisait aucun chemin, puisqu'il n'avait pas de point d'appui où il pût appliquer ses forces. » En dehors de l'expérience la raison est comme folle.

Privée de point d'appui, elle peut démontrer avec la mêmelogique des propositions contraires.

Par exemple, si le monde n'avait pas de commencement, nous n'aurions jamaispu parvenir à l'instant d'aujourd'hui, cela exigerait un temps infini.

Pour qu'il y ait un point d'arrivé il faut bien qu'il yait un point de départ.

Mais je peux aussi bien démontrer le contraire ; si le monde a eu un commencement, je peuxvalablement me demander : qu'y avait-il avant le commencement du monde ? Et la possibilité de poser cettequestion paraît exclure l'éventualité d'un commencement déterminé.

Sur ces questions d'origine et de fins derrières,ma raison privée du concours de l'expérience peut aussi bien démontrer la thèse et l'antithèse et nous avons là unexemple d'une de ces antinomies où se perd la raison pure lorsqu'elle a la prétention de faire de la métaphysique,cad de poursuivre son effort d'unification et d'explication au-delà des données de l'expérience. Certes, les constructions métaphysiques sont pour la raison humaine une tentation irrésistible, sans cesserenaissante.

La raison invente le mythe d'une « âme-substance » parce qu'elle suppose réalisée l'unification complète de mes états d'âme, le mythe d'un Dieu créateur parce qu'elle suppose l'unification totale de ce qui sepasse dans le monde et qu'elle imagine un fondement absolu à l'univers.

Mais de telles ambitions dépassent lespossibilités de la Raison.

Tandis que pour les innéistes ( Descartes & Platon ) la raison pouvait, grâce à ses intuitions et aux idées qu'elle trouvait en elle, atteindre la réalité profonde et penser l'absolu, pour Kant , la raison qui est constituée par des cadres a priori, mais qui n'a pas d'idées innées, peut seulement mettre en ordre lesmatériaux fournis par l'intuition sensible. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.Ce sera l'une des préoccupation centrale de Kant .

Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données del'expérience sensible et le travail conceptuel de l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur,par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opère une mise enordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : les relations decausalité s'instaurant nécessairement entre les phénomènes de la nature ne renvoient pasforcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation ànotre esprit.

La connaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soi maisconnaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes.

Très schématiquement, onpeut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur .

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine »,cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.Les idées de la raison ont une fonction unificatrice et systématique ; la raison a égalementune fonction pratique ; mais c'est quand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir une critique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle lesréinscrit dans l'ordre de la nécessité et de la certitude ; le savant ne produit pas des théoriesau gré de sa fantaisie.

Ces théories scientifiques rétablissent un ordre universel de laconnaissance, car elles appliquent à la matière de l'expérience la forme rationnelle del'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, le Kant isme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que laconnaissance ne porte que sur des phénomènes, sans que les choses en soi soient jamaisaccessibles ? Les limites de la raison. Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison eton peut même aller jusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même. Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception. »

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