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fable

Publié le 09/02/2014

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Livre 7 A Madame de Montespan L'apologue est un don qui vient des Immortels; Ou, si c'est un présent des hommes, Quiconque nous l'a fait mérite des autels: Nous devons, tous tant que nous sommes, eriger en divinité Le sage par qui fut ce bel art inventé. C'est proprement un charme: il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récits Qui mènent à son gré les coeurs et les esprits. O vous qui l'imitez, Olympe, si ma muse A quelquefois pris place à la table des dieux, Sur ses dons aujourd'hui, daignez porter les yeux; Favorisez les jeux où mon esprit s'amuse. Le temps qui détruit tout, respectant votre appui, Me laissera franchir les ans dans cet ouvrage: Tout auteur qui voudra vivre encore après lui Doit s'acquérir de votre suffrage. C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix: Il n'est beauté dans nos écrits Dont vous ne connaissiez jusques aux moindres traces. Eh! Qui connait que vous les beautés et les grâces? Paroles et regards, tout est charme dans vous. Ma muse, en un sujet si doux, Voudrait s'étendre davantage; Mais il faut réserver à d'autres cet emploi; Et d'un plus grand maître que moi Votre louange est le partage. Olympe, c'est assez qu'à mon dernier ouvrage Votre nom serve un jour de rempart et d'abri. Protégez désormais le livre favori Par qui j'ose espérer une seconde vie; Sous vos seuls auspices ces vers Seront jugés, malgré l'envie, Dignes des yeux de l'univers.   Je ne mérite pas une faveur si grande. La fable en son nom la demande: Vous savez quel crédit ce mensonge a sur nous. S'il procure à mes vers le bonheur de vous plaire, Je croirai lui devoir un temple pour salaire: Mais je ne veux bâtir des temples que pour vous. Les Animaux malades de la Peste Un mal qui répand la terreur, Mal que le ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés: On n'en voyait point d'occupés A chercher le soutien d'une mourante vie; Nul mets n'excitait leur envie, Ni loups ni renards n'épiaient La douce et l'innocente proie; Les tourterelles se fuyaient: Plus d'amour, partant plus de joie. Le lion tint conseil, et dit:"Mes chers amis, Je crois que le ciel a permis Pour nos péchés cette infortune. Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux; Peut-être il obtiendra la guérison commune. L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents On fait de pareils dévouements. Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence L'état de notre conscience . Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, J'ai dévoré force moutons. Que m'avaient-ils fait? Nulle offense; Même il m'est arrivé quelquefois de manger Le berger. Je me dévouerai donc, s'il le faut: mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi: Car on doit souhaiter, selon toute justice, Que le plus coupable périsse. - Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi; Vos scrupules font voir trop de délicatesse. Eh bien! manger moutons, canaille, sotte espèce. Est-ce un pêché? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur, En les croquant, beaucoup d'honneur; Et quant au berger, l'on peut dire Qu'il était digne de tous maux, Etant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire." Ainsi dit le renard; et flatteurs d'applaudir. On n'osa trop approfondir Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances Les moins pardonnables offenses: Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints. L'âne vint à son tour, et dit: "J'ai souvenance Qu'en un pré de moines passant, La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense, Quelque diable ainsi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net." A ces mots on cria haro sur le baudet. Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue Qu'il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l'herbe d'autrui! quel crime abominable! Rien que la mort n'était capable D'expier son forfait: on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Le mal marié Que le bon soit toujours camarade du beau, Dès demain je chercherai femme; Mais comme le divorce entre eux n'est pas nouveau, Et que peu de beaux corps, hôtes d'une belle âme Assemblent l'un et l'autre point, Ne trouvez pas mauvais que je ne cherche point. J'ai vu beaucoup d'hymens; aucuns d'eux ne me tentent: Cependant des humains presque les quatre parts S'exposent hardiment au plus grand des hasards; Les quatre parts aussi des humains se repentent. J'en vais alléguer un qui, s'étant repenti, Ne put trouver d'autre parti Que de renvoyer son épouse, Querelleuse, avare, et jalouse. Rien ne la contentait, rien n'était comme il faut: On se levait trop tard, on se couchait trop tôt; Puis du blanc, puis du noir, puis encore autre chose. Les valets enrageaient, l'époux était à bout: " Monsieur ne songe à rien, Monsieur dépense tout, Monsieur court, Monsieur se repose." Elle en dit tant, que Monsieur, à la fin, Lassé d'entendre un tel lutin, Vous la renvoie à la campagne Chez ses parents. La voilà donc compagne De certains Philis qui gardent les dindons Avec les gardeurs de cochons. Au bout de quelque temps qu'on la crut adoucie, Le mari la reprend. "Eh bien! qu'avez-vous fait? Comment passiez-vous votre vie? L'innocence des champs est-elle votre fait? - Assez, dit-elle; mais ma peine Etait de voir les gens plus paresseux qu'ici: Ils n'ont des troupeaux nul souci. Je leur savais bien dire, et m'attirais la haine De tous ces gens si peu soigneux. - Eh! Madame, reprit son époux tout à l'heure, Si votre esprit est si hargneux, Que le monde qui ne demeure Qu'un moment avec vous et ne revient qu'au soir Est déjà lassé de vous voir, Que feront des valets qui toute la journée Vous verront contre eux déchaînée? Et que pourra faire un époux Que vous voulez qui soit jour et nuit avec vous? Retournez au village: adieu. Si, de ma vie, Je vous rappelle, et qu'il m'en prenne envie, Puissé-je chez les morts avoir pour mes pêchés Deux femmes comme vous sans cesse &agra...

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