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Le Paysan de Paris d'Aragon: une fable surréaliste (résumé & analyse)

Publié le 14/11/2018

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Le Paysan de Paris : une fable surréaliste

 

C’est d’un Paris concret que parle Aragon, celui d’un « paysan » qui connaît ses terres pour les avoir maintes fois arpentées. Et la minutie suggestive de ces pages avait déjà de quoi enchanter leurs premiers lecteurs : le passage de l’Opéra allait être détruit, le présent devenait précaire et basculait dans le passé. Ce plaisir de la rétrospective, nous pouvons a fortiori toujours le ressentir; mais il s’y ajoute toute la gouaille lyrique du texte surréaliste, lucide sur le mode de son expression (interruption du texte et prise à parti du mot « ainsi », chap. x du « Sentiment de la nature aux Buttes-Chaumont »). On y trouve une verve ironique, parfois agressive (adresse provocatrice à Philippe Soupault, même partie, chap. xvii, ou au lecteur, chap. xviii), mêlée de façon heurtée à des pages d’un grand lyrisme : « La femme a pris place dans l’arène impondérable où tout ce qui est poussière, poudre de papillon, efflorescence et reflets devient l’effluve de sa chair et le charme de son passage. J’ai suivi du regard ce sillage infini d’un navire, et dis-moi seulement, Sinbad, ce que tu penses de l’aimant qui décloua ta coque au milieu de la mer? (...) Je suis dépossédé de moi-même, et du développement de moi-même, et de tout ce qui n’est pas la possession de moi-même par toi. Toi, l’emprise du ciel sur mon limon sans forme. Tout m'est enfin divin, puisque tout te ressemble... »

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)A un style chatoyant s'ajoutent les illustrations les plus étonnantes : Aragon n'a pas hésité à introduire dans sonœuvre des affiches banales ou saugrenues : « Massages au second », « Une rareté : Calvados 1893...

» ou le tarifdes consommations d'un grand café parisien.De nombreux passages de ce texte de 1925 annoncent le futur grand poète : « La femme est dans le feu, dans lefort, dans le faible, la femme est dans le fond des flots, dans la fuite des feuilles, dans la feinte solaire...

» Oncroirait ces lignes écrites pour Eisa Triolet, qu'il rencontrera peu de temps après. Le récit fabuleux et émerveillé d'un jeune Parisien découvrant la soudaine beauté de l'univers urbain. Le merveilleux quotidien Le Paysan de Paris est né dans l'atmosphère surréaliste des années trente.

Écrit par un Parisien de pure souche, ilrenouvelle complètement la littérature moderne consacrée à la ville ; au hasard de ses multiples promenades dans lacapitale, Aragon nous fait découvrir des endroits insolites dont la banalité cache souvent la beauté.

En portant unregard véritablement neuf sur les choses, comme un « paysan » qui les découvrirait pour la première fois, lenarrateur nous introduit dans un monde « bizarre », un monde devenu merveilleux ; en ce sens, cette œuvreimportante pour comprendre le surréalisme transforme tout objet pour révéler le caractère fantastique de la réalité ;aussi de vulgaires pompes à essence deviennent-elles de véritables dieux et constituent-elles les symbolessubstantiels du monde moderne et de sa magie.

Ainsi, le texte de notre « paysan » peut débuter par une « Préfaceà une mythologie moderne » qui donne le ton de son livre fantasque, déroutant et...

plein de vie. Un grand texte surréaliste Le style du Paysan de Paris surprend en effet par son extraordinaire vigueur, son foisonnement baroque ; cet aspectbariolé s'enracine dans la volonté propre au groupe surréaliste de rompre avec le style « littéraire » des écolesprécédentes.

Aussi Aragon peut-il mêler le registre épique aux accents lyriques, le ton de la farce aux inflexionsoniriques.

Mais ces dernières transforment l'ouvrage en un nouveau manifeste puisque l'auteur tente une véritableredéfinition de la réalité ; pour lui comme pour ses amis (André Breton, Paul Éluard, Robert Desnos), le rêve n'estrien d'abstrait, le merveilleux qui le compose ne se sépare pas du monde concret i « Le fantastique, l'au-delà, lerêve (...), la poésie [sont] autant de mots pour signifier le concret.

» Or « c'est à la poésie que tend l'homme » etdonc à l'amour, car « l'amour est un état de confusion du réel et du merveilleux ».

Enfin, si « le mythe est avanttout une réalité », ce texte pourrait bien constituer un mythe surréaliste devenu réel.. »

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