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Quelle conception le roman propose-t-il de l'aventure chevaleresque?

Publié le 06/08/2014

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QUESTIONS.TRAITÉES

Pour Chrétien de Troyes, le roman, qui accorde à l'aventure une place essentielle, est l'occasion de définir les règles d'une éthique chevaleresque. Le Conte du Graal propose ainsi une conception chrétienne de l'aventure chevaleresque, qui montre l'importance de la parole charitable et la nécessité de l'état de grâce.

« deuxième épisode, Je Roi Pêcheur attend de son hôte qu'il agisse de lui-même.

Or c'est ainsi que Perceval échoue à délivrer Je Roi Pêcheur de l'impuissance dont il est étrangement frappé.

Il.

Nécessité de l'état de grâce L'idéal chevaleresque En théorie, la chevalerie est une institution portée par la volonté divine.

Dieu, pour assurer le triomphe du droit, a institué deux ordres en parallèle, !'ordre religieux et !'ordre chevaleresque, de sorte que les chevaliers réussissent par la force là où les religieux échouent par la parole.

Lorsque Gomeman de Gorhaut fait entrer Perceval dans la chevalerie, il lui enseigne ce haut idéal:« Avec l'épée, dit-il, il lui a conféré le plus haut ordre que Dieu ait institué, c'est-à-dire l'ordre de chevalerie, dont la bassesse doit être exclue 2 • »(p.

64) Et lorsque le nautonier fait Je portrait du chevalier idéal, il Je représente« sans convoitise[ ...

], sans bassesse ni aucun vice» (p.

182).

Dans la vie, Je chevalier doit ainsi célébrer Je culte religieux.

Gomeman, comme la mère de Perceval, termine sur ce point essentiel.

Dans les combats, Je chevalier doit aussi honorer le droit moral.

Gomeman, comme la mère de Perceval, souligne qu'il doit poursuivre une fin juste, en secourant les personnes sans défense; mais il souligne aussi qu'il doit recourir à des moyens justes, en respectant les règles qui oppo­ sent le combat chevaleresque à la lutte barbare : le combat doit se faire aux armes (et non à mains nues), en ordre (à la lance et ensuite à l'épée), et sans verser Je sang (on doit faire preuve de pitié).

Perceval et Gauvain: le péché et la grâce En réalité cependant, la chevalerie est une institution dégradée par les intérêts humains.

Les chevaliers, plutôt qu'à faire triompher du droit, songent trop souvent à assurer leur gloire personnelle.

Lorsque la mère de Perceval voit qu'il a rencontré des chevaliers, elle lui oppose cette basse réalité : « Tu as vu, à ce que je crois, les anges dont les gens se plaignent car ils tuent tout ce qu'ils atteignent.» (p.

41) Et lorsque le nautonier fait le portrait du chevalier idéal, il le conçoit comme un être irréel, qui n'aura d'existence que lorsque« toute la mer se sera prise en glace» (p.

182).

L'opposition entre Perceval et Gauvain prend ici tout son sens.

Perceval est un chevalier en état de péché.

Il est si obsédé par!' apparence de la che­ valerie qu'il en néglige l'essence.

En voulant la conquérir, il quitte son foyer et cause la mort de sa mère; en voulant la conserver, il néglige le culte et porte ses armes le jour de la mort du Christ.

Gauvain, à!' opposé, est un chevalier en état de grâce.

Il est si concerné par l'essence de la chevalerie qu'il accepte l'humiliation d'en perdre l'apparence.

Toutes les vicissitudes de son parcours, il les supporte avec patience.

Est-il donc pur de tout péché? Peut-être pas.

Mais discrètement, il passe sa nuit au monastère (p.

142), où il en demande rémission.

Pour Perceval comme pour Gauvain, la disposition à la parole n'est donc que le reflet de la disposition de l'âme; mais c'est de la disposition de l'âme que toute l'aventure chevaleresque dépend.

2.

C'est nous qui traduisons ce passage et le suivant (T1634-8 & 7594-6).. »

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