LA SOURCE DU COMIQUE
Publié le 28/03/2015
Extrait du document
/• L'analyse de Bergson est séduisante et un examen du théâtre moderne ne pourrait que confirmer ce point de vue. Ainsi, dans La Cantatrice chauve (1950) d'Ionesco, la mécanisation a envahi le langage. Les protagonistes parlent pour parler, utilisent des formes consacrées mais qui se sont vidées de leur substance et qu'un léger biaisage rend absurdes. On y voit, par exemple, un personnage affirmer avec le plus grand sérieux qu'un médecin, quand il ne peut pas le guérir, doit mourir avec son malade, comme le capitaine sombre avec son navire.
La fonction du comique semble bien résider en cela : nous alerter, nous empêcher de nous endormir dans un quelconque confort intellectuel, nous tenir en éveil. Elle est en cela peut-être plus subversive que l'engagement dit sérieux. Cami est peut-être plus subversif que Camus.
«
@J .
La source du comique I 295
autour duquel la société gravite, d'une excentricité
enfin.»
La société, ne pouvant pas agir par une sanction, dans la
mesure où elle
n'est pas vraiment lésée, répond à un geste
par un autre geste :
«C'est donc par un autre geste qu'elle y répondra.
Le
rire doit être quelque chose de
ce genre, une espèce de
geste social.
Par la crainte qu'il inspire, il réprime les
excentricités, tient constamment en éveil et en contact
réciproque certaines activités
d'ordre accessoire qui ris
queraient de s'isoler et de s'endormir, assouplit enfin
tout
ce qui peut rester de raideur mécanique à la surface
du corps
social.»
Bergson étaie sa thèse par de nombreux exemples, mais
nous
n'en retiendrons qu'un.
Il s'agit de la forme de
comique qui apparaît lorsqu'un personnage est tout entier
dévoré
par une seule passion.
La personnalité dans ce
qu'elle a de vivant est submergée
par une obsession unique.
Celle-ci introduit une raideur mécanique dans le comporte
ment et, de ce fait, la perte de ce que
l'on appelle le sens du
réel.
Ce type de situation a le mérite de montrer combien
il peut
être artificiel, dans certains cas, de distinguer le comique de
mot, le comique de situation et le comique de caractère.
Don Quichotte est le type même du personnage qui
suit son
idée.
Il en perd tout sens commun, se bat avec des moulins
et nous fait rire.
Quand, dans
Tartuffe, Orgon répète sans
cesse
«Et Tartuffe?», puis «Le pauvre homme», le
comique naît de l'inadaptation de ces formules au contexte.
La raideur mécanique du propos traduit l'existence de
l'obsession et de l'incapacité
à prendre en compte le réel.
Bergson, au début de son exposé, partait de
l'image du
diable
à ressort que l'on s'efforce de faire entrer dans sa
boîte et qui rejaillit à chaque fois.
Le comportement
duper
sonnage possédé par une idée fixe y correspond parfaite
ment:
«Beaucoup de scènes comiques se ramènent en effet à ce.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LA SOURCE DU COMIQUE: Du mécanique plaqué sur du vivant... Henri Bergson
- Vis comica / La force comique
- SUJET N° 7 : Le questionnement perpétuel peut-il être source de savoir ?
- la perception d'une beauté trop intense est-elle source de souffrance ?
- Corrigé Commentaire de texte L’Illusion comique, Corneille, 1634