Dois-je le respect à autrui ?
Publié le 20/03/2015
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Introduction : l'observation et le devoir I --- La justice du respect a) Respect et discernement b) Les espèces du respect et la diversité des grandeurs Transition : le devoir de discernement dans le respect n'est pas devoir de respect II --- L'être respectable en tout homme a) La négativité b) Le possible et la liberté Transition : comment autrui peut-il se reconnaître pour respectable dans le respect que je lui porte?
En premier lieu, le respect semble être un sentiment que j'éprouve, et qui provient de l'expérience habituelle dans laquelle je puis reconnaître la valeur de tel ou tel homme.
L'observation du devoir de respect est-elle subordonnée à la condition d'un examen préalable des titres qui font qu'autrui mérite ce respect?
Toute la difficulté consistera dès lors à ne pas me laisser abuser, à bien placer et dispenser mon respect.
Il faudra également que je me garde de confondre le respect qu'appellent le caractère ou les vertus d'autrui et l'admiration que suscitent ses qualités naturelles ou son habileté et son savoir.
Si d'une manière générale le respect est reconnaissance d'une valeur en autrui, il faudra distinguer ce qui est en lui absolument bon (la bonne volonté), et ce qui n'est que bon à quelque chose, comme le fait Kant dans les Fondements de la métaphysique des moeurs.
Ainsi l'intelligence d'autrui ne lui fait pas nécessairement mériter le respect, ou n'importe quel respect.
Cette prudence dans l'usage de mon respect peut ainsi acquérir en elle-même une certaine valeur, si elle s'accompagne de discernement, et si je réserve mon respect à ce qui est véritablement (moralement) respectable.
Et comment puis-je être tenu de respecter même le scélérat?
Le respect d'autrui implique donc cette négativité qui me permet de viser en lui ce qui est au-delà de toute expérience, ce qui est même démenti par toute expérience.
Mais l'actualisation de ce pouvoir-être n'est pas simple développement (comme dans le cas de facultés naturelles), elle est aussi rupture (par rapport à un mal radical) : je respecte donc en autrui la liberté comme pouvoir révélé par le devoir : la liberté négative d'abord, ou puissance d'agir indépendamment des sollicitations de la sensibilité, et ensuite la liberté positive de l'autonomie.
Je respecte donc en tout homme le co-législateur de la loi morale (de même, je n'admets pas qu'en un homme la raison législatrice morale elle-même puisse être pervertie).
En ce sens, le respect de l'homme en autrui est identique avec le refus de prendre autrui tel qu'il est pour modèle, il est aussi une vertu de la distance et un devoir envers soi.
«
Dissertations 53
I -La, justice du respect
a) Si le respect naît naturellement en moi de la reconnaissance des qualités
d'autrui,
il ne peut être un devoir, et il sera toujours dépendant de la
particularité.
Tel homme sera respectable, tel autre sera méprisable au plus
haut point.
Toute la difficulté consistera dès lors à ne pas me laisser abuser,
à bien placer
et dispenser mon respect.
Il faudra également que je me garde
de confondre le respect qu'appellent le caractère ou les vertus d'autrui et
l'admiration que suscitent ses qualités naturelles ou son habileté et son
savoir.
Si d'une manière générale le respect est reconnaissance d'une valeur
en autrui, il faudra distinguer ce qui est en lui absolument bon (la bonne
volonté),
et ce qui n'est que bon à quelque chose, comme le fait Kant dans
les
Fondements de la métaphysique des mœurs.
Ainsi l'intelligence d'autrui
ne lui fait pas nécessairement mériter le respect, ou n'importe quel respect.
Cette prudence dans l'usage de mon respect peut ainsi acquérir en elle
même une certaine valeur, si elle s'accompagne de discernement,
et si je
réserve mon respect à ce qui est véritablement (moralement) respectable.
b)
Du même ordre sont les distinctions que recommande Pascal dans les
Discours sur la condition des grands.
Il y a différentes sortes de respects.
Des
« respects d'établissement » que nous devons à certaines fonctions ou à
certaines dignités, parce qu'elles sont ainsi établies parmi les hommes ;
c'est ainsi que
j'assure de mon respect le ministre ou le supérieur auquel
j'adresse une lettre.
Et des « respects naturels qui consistent dans
l'estime
» : ainsi j'estimerai un honnête homme.
Mais il y aurait injustice à
ce que je rende à l'évêque, parce qu'il est évêque, le respect que je dois à un
saint.
En ce sens, il y a un devoir de discernement et de justice dans la
distribution du respect : mais ce n'est pas un devoir de respect.
Il -L'être respectable en tout homme
a) Nous avons vu que le juste respect présuppose une distinction des points
de vue :
en tel homme, je respecte la fonction dont il est investi, en tel
autre, l'honnêteté.
Pour que je respecte tout homme, il faut, semble-t-il, que
je fasse abstraction tant de sa position que de sa conduite.
Mais que reste+
il alors ? Et comment puis-je être tenu de respecter même le scélérat ?
Le devoir de respect implique que
je respecte l'homme en tout homme.
Je nie alors que les hommes se réduisent à leurs fonctions ou à leurs
actions,
en un mot à leurs phénomènes, à ce que je peux en savoir.
»
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