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La ruse de la raison

Publié le 19/03/2015

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La ruse de la raison

On peut appeler ruse de la raison le fait qu'elle laisse agir à sa place les passions, en sorte que c'est seulement le moyen par lequel elle parvient à l'existence qui éprouve des pertes et subit des dommages. Car c'est seulement l'apparence phé­noménale qui est en partie nulle et en partie positive. Le particulier est trop petit face à l'universel : les individus sont donc sacrifiés et abandonnés. L'idée paie le tribut de l'existence et de la caducité non par elle-même, mais au moyen des pas­sions individuelles. César devait accomplir le nécessaire et donner le coup de grâce à la liberté moribonde. Lui-même a péri au combat, mais le nécessaire demeu­rera : la liberté selon l'idée se réalise sous la contingence extérieure.

 

Hegel, La Raison dans l'histoire, trad. K. Papaioannou, 10-18.

Le plan où règne en apparence la contingence est ainsi reconduit à celui où elle disparaît dans l'agencement com­plexe de la causalité. Celle-ci a son ordre propre, qui se com­pose par l'interaction des forces à l'oeuvre dans l'histoire et la logique de développement qui s'y déploie. L'universalisation graduelle de la liberté, par exemple, tient au fait que les sociétés humaines qui consacrent l'oppression sont à terme ruinées, ou fragilisées gravement, par les contradictions qui les sous-tendent. On peut alors appeler « Esprit du monde « non pas une mystérieuse entité transcendante, mais les exigences d'accomplissement de la réalité par-delà ses contradictions et à travers elles. L'Esprit ainsi défini est processus immanent, il est en quelque sorte la vie du réel en son développement rationnel, la Raison dans l'histoire. Les passions humaines, mais aussi les contingences apparentes, sont des médiations parfois insoupçonnées de ce processus.

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