appointements de dix-huit cents francs.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
« Il
s’installait aufond delaboutique, ravides4broches gigantesques quitournaient avecunbruit doux, devant les
hautes flammes claires. »
Les larges cuivres delacheminée luisaient,lesvolailles fumaient, lagraisse chantait danslalèchefrite, lesbroches
finissaient parcauser entreelles,paradresser desmots aimables àQuenu, qui,une longue cuilleràla main, arrosait
dévotement lesventres dorésdesoies rondes etdes grandes dindes.Ilrestait desheures, toutrouge desclartés
dansantes delaflambée, unpeu abêti, riantvaguement auxgrosses bêtesquicuisaient ; etilne seréveillait que
lorsqu’on débrochait.
Lesvolailles tombaient danslesplats ; lesbroches sortaient desventres, toutesfumantes ; les
ventres sevidaient, laissantcoulerlejus par lestrous duderrière etde lagorge, emplissant laboutique d’uneodeur forte
de rôti.
Alors, l’enfant, debout,suivantdesyeux l’opération, battaitdesmains, parlaitauxvolailles, leurdisait qu’elles
étaient bienbonnes, qu’onlesmangerait, queleschats n’auraient quelesos.
Etiltressautait, quandGavard luidonnait
une tartine depain, qu’ilmettait mijoterdanslalèchefrite, pendantunedemi-heure.
Ce fut làsans doute queQuenu pritl’amour delacuisine.
Plustard, après avoiressayé touslesmétiers, ilrevint
fatalement auxbêtes qu’on débroche, auxjusqui forcent àse lécher lesdoigts.
Ilcraignait d’aborddecontrarier son
frère, petitmangeur parlantdesbonnes chosesavecundédain d’homme ignorant.Puis,voyant Florent l’écouter, lorsqu’il
lui expliquait quelqueplattrès compliqué, illui avoua savocation, ilentra dansungrand restaurant.
Dèslors, lavie des
deux frères futréglée.
Ilscontinuèrent àhabiter lachambre delarue Royer-Collard, oùilsse retrouvaient chaquesoir :
l’un, laface réjouie parsesfourneaux ; l’autre,levisage battudesamisère deprofesseur crotté.Florent gardaitsa
défroque noire,s’oubliait surlesdevoirs deses élèves, tandisqueQuenu, poursemettre àl’aise, reprenait sontablier, sa
veste blanche etson bonnet blancdemarmiton, tournantautourdupoêle, s’amusant àquelque friandise cuiteaufour.
Et parfois ilssouriaient desevoir ainsi, l’untout blanc, l’autre toutnoir.
Lavaste pièce semblait moitiéfâchée, moitié
joyeuse, decedeuil etde cette gaieté.
Jamaisménage plusdisparate nes’entendit mieux.L’aînéavaitbeau maigrir, brûlé
par lesardeurs deson père, lecadet avaitbeau engraisser, endigne filsdeNormand ; ilss’aimaient dansleurmère
commune, danscette femme quin’était quetendresse.
Ils avaient unparent, àParis, unfrère deleur mère, unGradelle, établicharcutier, ruePirouette, danslequartier des
Halles.
C’étaitungros avare, unhomme brutal,quilesreçut comme desmeurt-de-faim, lapremière foisqu’ils se
présentèrent chezlui.Ilsyretournèrent rarement.Lejour delafête dubonhomme, Quenuluiportait unbouquet, eten
recevait unepièce dedix sous.
Florent, d’unefiertémaladive, souffrait,lorsqueGradelle examinait saredingote mince,de
l’œil inquiet etsoupçonneux d’unladre quiflaire lademande d’undîner oud’une piècedecent sous.
Ileut lanaïveté, un
jour, dechanger chezsononcle unbillet decent francs.
L’oncle eutmoins peur,envoyant venirlespetits, comme illes
appelait.
Maislesamitiés enrestèrent là.
Ces années furentpourFlorent unlong rêve doux ettriste.
Ilgoûta toutes lesjoies amères dudévouement.
Aulogis,
il n’avait quedestendresses.
Dehors,dansleshumiliations deses élèves, danslecoudoiement destrottoirs, ilse sentait
devenir mauvais.
Sesambitions mortess’aigrissaient.
Illui fallut delongs moispourplierlesépaules etaccepter ses
souffrances d’hommelaid,médiocre etpauvre.
Voulant échapper auxtentations deméchanceté, ilse jeta enpleine
bonté idéale, ilse créa unrefuge dejustice etde vérité absolues.
Cefut alors qu’ildevint républicain ; ilentra dansla
république commelesfilles désespérées entrentaucouvent.
Etne trouvant pasune république asseztiède, assez
silencieuse, pourendormir sesmaux, ils’en créa une.
Leslivres luidéplaisaient ; toutcepapier noirci,aumilieu duquel il
vivait, luirappelait laclasse puante, lesboulettes depapier mâché desgamins, latorture deslongues heuresstériles.
Puis,
les livres neluiparlaient quederévolte, lepoussaient àl’orgueil, etc’était d’oubli etde paix dont ilse sentait l’impérieux
besoin.
Sebercer, s’endormir, rêverqu’ilétait parfaitement heureux,quelemonde allaitledevenir, bâtirlacité
républicaine oùilaurait vouluvivre : tellefutsarécréation, l’œuvreéternellement reprisedeses heures libres.Ilne lisait
plus, endehors desnécessités del’enseignement ; ilremontait larue Saint-Jacques, jusqu’auxboulevards extérieurs,
faisait unegrande courseparfois, revenait parlabarrière d’Italie ; et,tout lelong delaroute, lesyeux surlequartier
Mouffetard étaléàses pieds, ilarrangeait desmesures morales, desprojets deloihumanitaires, quiauraient changé
cette villesouffrante enune ville debéatitude.
Quandlesjournées defévrier ensanglantèrent Paris,ilfut navré, ilcourut
les clubs, demandant lerachat decesang « par lebaiser fraternel desrépublicains dumonde entier ».
Ildevint undeces
orateurs illuminés quiprêchèrent larévolution commeunereligion nouvelle, toutededouceur etde rédemption.
Ilfallut
les journées dedécembre pourletirer desatendresse universelle.
Ilétait désarmé.
Ilse laissa prendre commeun
mouton, etfut traité enloup.
Quand ils’éveilla deson sermon surlafraternité, ilcrevait lafaim surladalle froide d’une
casemate deBicêtre.
Quenu, quiavait alors vingt-deux ans,futpris d’une angoisse mortelle, enne voyant pasrentrer sonfrère.
Le
lendemain, ilalla chercher, aucimetière Montmartre, parmilesmorts duboulevard, qu’onavaitalignés sousdelapaille ;
les têtes passaient, affreuses.Lecœur luimanquait, leslarmes l’aveuglaient, ildut revenir àdeux reprises, lelong dela
file.
Enfin, àla préfecture depolice, aubout dehuit grands jours,ilapprit quesonfrère étaitprisonnier.
Ilne put levoir.
Comme ilinsistait, onlemenaça del’arrêter lui-même.
Ilcourut alorschezl’oncle Gradelle, quiétait unpersonnage pour
lui, espérant ledéterminer àsauver Florent.
Maisl’oncle Gradelle s’emporta, prétenditquec’était bienfait,quecegrand.
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