but. XXIII « Je suis bien aise de vous voir, me dit M. Pocket,
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
XIII
« Je
suisbien aisedevous voir,meditM. Pocket, etj’espère quevous n’êtes pasfâché deme voir non plus, carje
ne suis pas, ajouta-t-il aveclesourire deson fils,unpersonnage bieneffrayant. »
Il avait l’airassez jeune, malgré sondésordre etses cheveux trèsgris, etses manières semblaient toutàfait
naturelles.
Jeveux direparlàqu’elles étaientdépourvues detoute affectation.
Ilyavait quelque chosedecomique
dans sonairdistrait, quieût étéfranchement burlesque,s’ilnes’était aperçu lui-même qu’ilétait bienprèsdel’être.
Quand ileut causé unmoment avecmoi,ildit, ens’adressant àMrs Pocket, avecunecontraction unpeu inquiète de
ses sourcils, quiétaient noirsetbeaux :
« Belinda, j’espèrequevous avezbienreçu M. Pip ? »
Elle regarda par-dessus sonlivre etrépondit :
« Oui. »
Elle mesourit alors,maissanssavoir cequ’elle faisait,carson esprit étaitailleurs ; puisellemedemanda si
j’aimerais àgoûter unpeu defleur d’oranger.
Commecettequestion n’avaitaucunrapport éloignéourapproché avec
aucun sujet,passé oufutur, jeconsidérai qu’ellel’avaitlancée comme lepremier pasqu’elle daignait fairedans la
conversation générale.
Je découvris enquelques heures,jepuis ledire icisans plustarder, queMrs Pocket étaitfilleunique d’uncertain
chevalier, mortd’une façontoutàfait accidentelle, quis’était persuadé àlui-même quedéfunt sonpère aurait étéfait
baronnet, sansl’opposition acharnéedequelqu’un, oppositionbaséesurdes motifs entièrement personnels.J’aioublié
de qui, sitoutefois jel’ai jamais su.Était-ce dusouverain, dupremier ministre, duchancelier, del’archevêque de
Canterbury oudetoute autrepersonne ? Jene sais ; maisenraison decefait, entièrement supposé,ils’était liéavec
tous lesnobles delaterre.
Jecrois quelui-même avaitétécréé chevalier pours’être rendu maître, àla pointe dela
plume, delagrammaire anglaise,dansuneadresse désespérée, copiéesurvélin, àl’occasion delapose delapremière
pierre d’unédifice quelconque, etpour avoir tendu àquelque personne royale,soitlatruelle, soitlemortier.
Peu
importe pourquoi ; ilavait destiné MrsPocket àêtre élevée, dèsleberceau, commeunepersonne qui,dans l’ordre des
choses, devaitépouser unpersonnage titré,etde laquelle ilfallait éloigner touteespèce deconnaissance plébéienne.
On avait réussi àfaire sibonne gardeautour delajeune miss,d’après lesintentions decepère judicieux, qu’elleavait
toutes sortesd’agréments acquisetbrillants, maisqu’elle étaitdureste parfaitement incapableetinutile.
Avecce
caractère siheureusement formé,danslapremière fleurdejeunesse, iln’avait pasencore décidés’ilsedestinerait aux
grandeurs administratives ouaux grandeurs cléricales.Commepourarriver auxunes ouautres, cen’était qu’une
question detemps, luietMrs Pocket avaient prisletemps parlescheveux (qui,àen juger parleur longueur, semblaient
avoir besoin d’êtrecoupés) ets’étaient mariésàl’insu dupère judicieux.
Lepère judicieux, n’ayantrienàaccorder ouà
refuser quesabénédiction, avaitmagnifiquement passécedouaire surleurs têtes, aprèsunecourte résistance, etavait
assuré àM. Pocket quesafemme étaituntrésor digned’unprince.
M. Pocket avaitinstallé cetrésor deprince dansles
voies dumonde telqu’il est,etl’on suppose qu’iln’yprit qu’un bienfaible intérêt.
Cependant MrsPocket étaiten
général l’objetd’unepitiérespectueuse, parcequ’elle n’avaitpasépousé unpersonnage titré,tandis que,deson côté,
M. Pocket étaitl’objet d’uneespèce dereproche tacite,parcequ’iln’avait jamaissuacquérir lamoindre distinction
honorifique.
M. Pocket meconduisit danslamaison etme montra machambre, quiétait unechambre agréable, etmeublée de
façon àce que jepusse m’ytrouver confortablement.
Ilfrappa ensuite auxportes dedeux chambres semblables etme
présenta àleurs habitants, quisenommaient DrummleetStartop.
Drummle, jeunehomme àl’air vieux etd’une
structure lourde,étaitentrain desiffler.
Startop, plusjeune d’années etd’apparence, lisaitentenant satête comme s’il
eût craint qu’une trèsforte charge descience nelafît éclater.
M. et MrsPocket avaient tellement l’aird’être chezlesautres, quejeme demandais quiétait réellement en
possession delamaison etles laissait yvivre, jusqu’à ceque j’eusse découvert quecette grande autorité étaitdévolue
aux domestiques.
C’étaitpeut-être uneassez agréable manièredemener leschoses pours’éviter del’embarras, mais
elle paraissait coûteuse, carlesdomestiques sentaientqu’ilssedevaient àeux-mêmes debien manger, debien boire,
et de recevoir nombreuse compagnieàl’office.
Ilsaccordaient unetable trèsgénéreusement servieàM. et Mrs.
»
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