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cadavre déjà, sans force et délirante... nous la transportâmes dans

Publié le 30/10/2013

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cadavre déjà, sans force et délirante... nous la transportâmes dans la nuit... chez elle... en écartant la domesticité curieuse et effrayée... Comme des voleurs, nous la portâmes dans sa chambre et fermâmes les portes... Et puis... et puis commença la lutte, la longue lutte contre la mort... «   Soudain, une main me serra convulsivement le bras, au point que j'aurais presque crié d'effroi et de douleur. Dans l'obscurité, le visage s'était tout à coup rapproché de moi, grimaçant ; je vis surgir subitement ses dents blanches, je vis les verres de ses lunettes briller comme deux énormes yeux de chat dans le reflet du clair de lune. t maintenant il ne parla plus, il hurla presque sous l'empire de la colère : « Savez-vous donc, étranger que vous êtes, assis là bien tranquillement sur votre siège, vous qui traversez le onde en promeneur, savez-vous ce que c'est que de voir mourir quelqu'un ? Y avez-vous déjà assisté ? Avezous vu comment le corps se recroqueville, comment les ongles bleuis griffent le vide, comment chaque membre e contracte, chaque doigt se raidit contre l'effroyable issue, comment un râle sort du gosier... avez-vous vu dans es yeux exorbités cette épouvante qu'aucun mot ne peut rendre ? Avez-vous déjà vu cela, vous l'oisif, le globerotter, vous qui parlez de l'assistance comme d'un devoir ? J'ai vu la mort souvent, en médecin, je l'ai vue omme... comme un cas clinique, un fait... Je l'ai pour ainsi dire étudiée ; mais je ne l'ai vécue qu'une seule fois, e n'en ai ressenti, partagé les affres qu'alors, durant cette nuit affreuse... durant cette horrible nuit où je me orturais le cerveau sur mon siège pour découvrir, trouver, inventer quelque chose pouvant arrêter le sang qui oulait, coulait et coulait, contre la fièvre qui la consumait sous mes yeux, contre la mort qui s'approchait de plus n plus et qu'il m'était impossible d'écarter du lit. Comprenez-vous ce que c'est que d'être médecin : tout savoir e toutes les maladies - avoir le devoir d'aider, comme vous le dites si bien - et pourtant être impuissant au hevet d'une mourante, sachant et ne pouvant rien... sachant une seule chose, cette chose terrible que vous ne ouvez apporter aucune aide, même s'il vous était possible de vous arracher toutes les veines du corps... Voir 'échapper d'un corps aimé tout son pauvre sang, le voir martyrisé par la souffrance, sentir un pouls précipité et ui, en même temps, s'éteint... vous fuit sous les doigts... Être médecin et ne rien trouver, rien, rien, rien... Être ssis là, et balbutier une prière quelconque comme une vieille bigote à l'église, puis serrer les poings à nouveau ontre un dieu misérable, dont on sait bien qu'il n'existe pas... Comprenez-vous cela ? Le comprenez-vous ?... oi, il y a une chose seulement que je ne comprends pas : comment-comment il se fait qu'on ne meure pas soiême en de pareils instants... qu'ensuite on se réveille encore le lendemain matin, qu'on se lève, qu'on se nettoie es dents, se mette une cravate... qu'il soit encore possible de vivre quand on a vécu ce que je vécus alors, ce que e sentis, en voyant le souffle du premier être humain pour lequel je luttais et combattais, et que je voulais etenir de toutes les forces de mon âme... ce souffle glisser entre mes doigts... dans l'inconnu, glisser toujours lus vite, de minute en minute, tandis que dans mon cerveau fiévreux je ne trouvais rien pour le maintenir en ie, cet être unique... « Et venant diaboliquement redoubler mes tourments, ceci encore... Pendant que j'étais à son chevet - je lui vais fait une piqûre de morphine pour calmer ses souffrances, et je la regardais reposer avec ses joues en feu, en eu et pâles -, oui... pendant que j'étais assis, je sentais derrière moi deux yeux qui ne cessaient de me regarder vec une fixité terrible... Le boy était accroupi par terre et marmottait je ne sais quelles prières... Quand mes eux rencontrèrent les siens... non, impossible de décrire cela... quelque chose de si suppliant, de si... econnaissant se montra dans son regard de caniche, et en même temps il levait les mains vers moi comme pour e conjurer de la sauver... vous comprenez... vers moi, il levait les mains vers moi, comme si j'avais été un ieu... vers moi, pauvre impuissant, qui savais tout perdu... qui étais là aussi inutile qu'une fourmi s'agitant sur e sol... Ah ! ce regard, comme il me torturait ; cet espoir fanatique, animal, en ma science... J'aurais pu 'insulter, le piétiner, tellement il me faisait mal... Et pourtant je sentais comme nous étions liés tous deux par otre amour pour elle... par le secret... Il était juste derrière moi, immobile et ramassé, comme un animal aux guets... À peine avais-je demandé une chose qu'il faisait un bond sur ses pieds nus silencieux, et me la tendait remblant... en proie à l'impatience, comme si c'était un secours... le salut... Je le sais, il se fût ouvert les veines our la secourir... Telle était cette femme, tel était son empire sur les êtres... et, moi... je n'avais pas le pouvoir de auver un dé de sang... Oh ! cette nuit, cette horrible nuit, cette nuit sans fin entre vie et mort ! « Vers le matin, elle se réveilla encore une fois... elle ouvrit les yeux... Ils n'avaient plus rien de hautain ni de lacial, à présent... on y voyait briller la fièvre, tandis que légèrement embués et comme étrangers, ils âtonnaient à travers la chambre... Puis elle me regarda : elle semblait réfléchir, vouloir se rappeler mes traits... t soudain... je le vis... elle se souvenait... car un effroi, une résistance... quelque chose d'hostile, de terrifiant endait son visage... Elle agitait les bras comme si elle eût voulu fuir... loin, loin, loin de moi... Je voyais, elle ensait à cela... à l'heure où... Mais la réflexion vint ensuite... Elle me regarda plus calme, respirant avec eine... Je sentais qu'elle désirait parler, dire quelque chose... de nouveau ses mains commencèrent à se raidir... lle voulait se lever, mais elle était trop faible... Je la calmai, me penchai vers elle... Alors son regard martyrisé e fixa longuement... Ses lèvres remuèrent légèrement... Ce ne fut plus qu'un dernier son qui s'éteint lorsqu'elle it... : « - Personne ne le saura ?... Personne ? « - Personne, fis-je avec la plus grande force de conviction, je vous le promets. « Mais son oeil demeurait inquiet... Les lèvres fiévreuses, elle arriva encore à prononcer indistinctement : « - Jurez-moi... personne ne saura... Jurez. « Je levai la main comme on prête serment. Elle me considéra... avec un regard indicible... il était tendre, chaud, reconnaissant... oui vraiment, reconnaissant... Elle voulait encore ajouter quelque chose, mais ce lui fut trop difficile. Longtemps, elle demeura étendue, les yeux fermés, complètement épuisée par l'effort. « Puis commença l'horrible, l'horrible chose... une heure entière, épouvantable, elle lutta encore : au matin seulement, ce fut la fin... «   Il se tut longtemps. Je ne m'en aperçus que quand, du pont, la cloche fit entendre dans le silence un, deux, trois coups, forts - trois heures ! Le clair de lune était devenu plus pâle, mais déjà une autre lumière jaune tremblait incertaine dans l'air et, de temps à autre, le vent soufflait, léger comme une brise. Une demi-heure, une heure encore, puis ce fut le jour ; la claire lumière avait effacé l'aube grisâtre. Je voyais ses traits plus istinctement, maintenant que les ombres tombaient moins épaisses et moins noires dans notre coin ! Il avait nlevé sa casquette et, sous son crâne luisant, le visage tourmenté apparaissait plus effrayant encore. Mais déjà es lunettes brillantes se tournaient de nouveau vers moi ; le corps se raidissait, et la voix reprenait, ironique et ranchante : « Pour elle, c'était fini maintenant - mais pas pour moi. J'étais seul avec le cadavre - et qui plus est, seul, ans une maison étrangère, seul dans une ville qui ne souffrait aucun secret, et moi... j'avais à garder un secret... ui, représentez-vous bien la situation : une femme appartenant à la meilleure société de la colonie, en parfaite anté, qui, l'avant-veille au soir encore, avait dansé au bal du gouverneur et qu'on trouve subitement morte dans on lit... Près d'elle est un médecin étranger, que son domestique est soi-disant allé chercher... Personne dans la aison ne l'a vu entrer, ne sait d'où il vient... Elle a été ramenée la nuit sur une civière, puis on a fermé les ortes... Et le matin elle est morte... Alors seulement on a appelé la domesticité, et, tout à coup, la maison se emplit de cris... En un clin d'oeil, les voisins sont au courant, la ville entière... et il n'y a là qu'une personne qui doit expliquer tout cela... moi, étranger, médecin dans une station éloignée... Charmante situation, n'est-ce pas ?... « Je savais ce qui m'attendait. Heureusement que j'avais le boy avec moi, ce brave garçon qui saisissait chacun de mes regards. Lui aussi, cet animal jaune, borné, comprenait qu'il fallait encore faire face à une autre lutte. Je lui avais dit seulement : "La dame veut que personne ne sache ce qui s'est passé. « Ses yeux fixèrent les miens, ses yeux de caniche, humides et pourtant résolus : « Yes, Sir «, fit-il sans un mot de plus. Puis il fit disparaître du parquet les traces de sang, remit tout en ordre du mieux qu'il put, et sa détermination justement me fit retrouver la mienne. « Jamais, dans ma vie, je le sais, je n'ai concentré en moi une pareille énergie ; jamais elle ne me reviendra. uand on a tout perdu, on lutte comme un désespéré pour sauver les restes suprêmes ; ici, c'était son testament, e secret. Je reçus les gens avec un parfait sang-froid, leur racontai à tous la même histoire inventée : comment e boy, parti sur ses ordres chercher le médecin, m'avait par hasard rencontré en route. Mais pendant que je arlais, affectant le calme, j'attendais... j'attendais sans cesse celui dont tout dépendait... le médecin légiste, vant que nous pussions l'enfermer dans la bière, avec son secret... C'était le jeudi... ne l'oubliez pas, et le samedi rrivait son mari... « Enfin, à neuf heures, j'entendis annoncer le médecin de l'état civil. Je l'avais fait appeler - il était mon supérieur hiérarchique et, en même temps, mon concurrent ; c'était ce même docteur dont elle m'avait parlé de façon si méprisante et qui, évidemment, avait déjà connaissance de ma demande de changement. Au premier regard, je le sentis, il était mon ennemi. Mais cela, précisément, raidit mes forces. « Dans l'antichambre déjà, il demanda : « - Quand madame... - il prononça son nom - est-elle, morte ? « - À six heures du matin. « - Quand vous a-t-elle envoyé chercher ? « - À onze heures du soir. « - Saviez-vous que j'étais son médecin ? « - Oui, mais le temps pressait... Et puis... la défunte m'avait expressément demandé. Elle avait défendu d'appeler un autre médecin. « Il me regarda d'un oeil fixe : dans son visage pâle et quelque peu bouffi, une rougeur passa ; je vis qu'il était irrité. Mais c'était justement ce qu'il me fallait - toute mon énergie se déployait en vue d'une rapide décision, car je me rendais compte que mes nerfs ne résisteraient plus longtemps. Il allait répondre avec hostilité, puis il dit négligemment : « Si vous pensez pouvoir vous passer de moi, c'est pourtant mon devoir légal de constater le décès... et de savoir comment il est survenu. « Je ne répondis pas et le laissai s'avancer. Alors je reculai, fermai la porte et mis la clef sur la table. La urprise fit dresser ses sourcils. « Que signifie cela ? « Je me plaçai tranquillement en face de lui : « - Il ne s'agit pas ici de déterminer la cause du décès, mais - d'en trouver une autre. Cette femme m'a fait enir pour que je lui donne des soins... à la suite d'une intervention malheureuse... Je ne pouvais plus la sauver, ais je lui ai promis de sauver son honneur, et je le ferai. Et je vous prie de m'y aider. « Il écarquillait les yeux d'étonnement : « - Vous ne voudriez pas, par hasard, bégaya-t-il ensuite, que moi, médecin de l'Administration, je couvrisse ci un crime ? « - Si, c'est cela que je veux, cela que je suis obligé de vouloir. « - Pour cacher votre crime, je devrais... « - Je vous ai dit que je n'avais pas touché cette femme, sans quoi... sans quoi je ne serais pas ici devant vous, ans quoi j'en aurais depuis longtemps fini avec moi. Elle a expié sa faute - si vous voulez appeler cela ainsi - ; le monde n'a pas besoin d'en rien savoir. Et je ne tolérerai pas à présent que l'honneur de cette femme soit inutilement sali. « Mon ton décidé ne faisait que l'exciter davantage. "- Vous ne tolérerez pas ?... Ah... vous êtes devenu sans doute mon supérieur... ou du moins vous croyez déjà l'être... Essayez donc de me commander... J'ai pensé immédiatement qu'il y avait là-dessous quelque chose de malpropre pour qu'on vous fît sortir de votre trou... Jolie besogne que celle par laquelle vous débutez... joli savoir-faire... Mais maintenant je ferai mon enquête, moi, et vous pouvez compter qu'un rapport signé de mon nom sera exact. Jamais je ne signerai au bas d'un mensonge. « J'étais tout à fait calme. « - Si... en cette circonstance, vous allez le faire. Car vous ne quitterez pas cette pièce avant. « Je mis la main dans ma poche ; je n'avais pas mon revolver sur moi. Mais il tressaillit. J'avançai d'un pas vers lui et le regardai. « - Écoutez, je vais vous dire deux mots... pour ne pas en venir à des extrémités. Ma vie ne m'importe pas du tout... celle d'un autre, pas davantage : j'en suis déjà arrivé là... Une seule chose m'importe : tenir ma promesse que la cause de cette mort demeurera secrète... Écoutez : je vous donne ma parole d'honneur que, si vous faites un certificat disant que cette femme... est morte subitement, je quitterai ensuite la ville et les Indes dans le courant même de la semaine... que, si vous l'exigez, je prendrai mon revolver et me tuerai aussitôt le cercueil en terre, emportant avec moi la certitude que personne... vous entendez : personne ne pourra plus faire de recherches. Cela vous suffira, je pense - il faut que cela vous suffise. « Ma voix devait avoir quelque chose de menaçant, de redoutable, car en même temps que je m'approchais involontairement de lui, il se recula brusquement, comme... en proie à cette épouvante qui fait fuir les gens evant l'amok quand il court en brandissant furieusement son kris... Et subitement il fut un autre homme... affaissé, paralysé, pour ainsi dire... son intransigeance tomba. Dans une dernière et faible résistance, il urmura : "Ce serait la première fois de ma vie que je signerais un faux certificat... Enfin on trouvera bien un moyen... On sait bien ce que c'est... Mais je ne pouvais pourtant pas comme cela, au premier abord... « - Certainement que vous ne pouviez pas, fis-je avec lui, pour lui donner plus d'assurance - (Vite donc ! vite donc ! faisait le tic-tac violent de mes tempes) - mais à présent, sachant que vous ne feriez qu'offenser un vivant et commettre une chose effrayante à l'égard d'une morte, vous n'hésiterez certainement plus. « Il fit un signe d'acquiescement. Nous nous approchâmes de la table. Au bout de quelques minutes, le certificat était prêt (celui-là, fort crédible, qui fut ensuite publié dans le journal et qui attribuait le décès à un arrêt du coeur). Puis il se leva et me regarda : « - Vous partez cette semaine même, n'est-ce pas ? « - Vous avez ma parole. « Il me regarda de nouveau. Je remarquai qu'il voulait paraître ferme et positif. « Je m'occupe immédiatement du cercueil, dit-il pour cacher son embarras. « Mais qu'y avait-il en moi de si... si effroyablement inquiétant ? Soudain il me tendit la main, faisant montre d'une brusque cordialité : « Surmontez cela, me dit-il. « Je ne compris pas ce qu'il voulait dire. Étais-je malade ? Étais-je... fou ? Je l'accompagnai jusqu'à la sortie, ouvris la porte - mais j'eus tout juste la force de la refermer derrière lui. Puis mes tempes se remirent à battre,

« « – Personne, fis-jeaveclaplus grande forcedeconviction, jevous lepromets. « Mais sonœildemeurait inquiet…Leslèvres fiévreuses, ellearriva encore àprononcer indistinctement : « – Jurez-moi… personnenesaura… Jurez. « Je levai lamain comme onprête serment.

Ellemeconsidéra… avecunregard indicible… ilétait tendre, chaud, reconnaissant… ouivraiment, reconnaissant… Ellevoulait encoreajouter quelque chose,maiscelui fut trop difficile.

Longtemps, elledemeura étendue,lesyeux fermés, complètement épuiséeparl’effort. « Puis commença l’horrible,l’horriblechose…uneheure entière, épouvantable, ellelutta encore : aumatin seulement, cefut lafin… »   Il se tut longtemps.

Jene m’en aperçus quequand, dupont, lacloche fitentendre danslesilence un,deux, trois coups, forts–trois heures ! Leclair delune était devenu pluspâle, maisdéjàuneautre lumière jaune tremblait incertaine dansl’airet,detemps àautre, levent soufflait, légercomme unebrise.

Unedemi-heure, une heure encore, puiscefut lejour ; laclaire lumière avaiteffacé l’aube grisâtre.

Jevoyais sestraits plus distinctement, maintenantquelesombres tombaient moinsépaisses etmoins noires dansnotre coin ! Ilavait enlevé sacasquette et,sous soncrâne luisant, levisage tourmenté apparaissait pluseffrayant encore.Maisdéjà les lunettes brillantes setournaient denouveau versmoi ; lecorps seraidissait, etlavoix reprenait, ironiqueet tranchante : « Pour elle,c’était finimaintenant –mais paspour moi.J’étais seulavec lecadavre –et qui plus est,seul, dans unemaison étrangère, seuldans uneville quinesouffrait aucunsecret, etmoi… j’avais àgarder unsecret… Oui, représentez-vous bienlasituation : unefemme appartenant àla meilleure sociétédelacolonie, enparfaite santé, qui,l’avant-veille ausoir encore, avaitdansé aubal dugouverneur etqu’on trouve subitement mortedans son lit… Près d’elle estunmédecin étranger, quesondomestique estsoi-disant alléchercher… Personnedansla maison nel’avu entrer, nesait d’où ilvient… Elleaété ramenée lanuit surune civière, puisonafermé les portes… Etlematin elleestmorte… Alorsseulement onaappelé ladomesticité, et,tout àcoup, lamaison se remplit decris… Enunclin d’œil, lesvoisins sontaucourant, laville entière… etiln’y alà qu’une personne qui doit expliquer toutcela… moi,étranger, médecindansunestation éloignée… Charmante situation,n’est-ce pas ?… « Je savais cequi m’attendait.

Heureusement quej’avais leboy avec moi, cebrave garçon quisaisissait chacun demes regards.

Luiaussi, cetanimal jaune,borné, comprenait qu’ilfallait encore fairefaceàune autre lutte.

Jelui avais ditseulement : “Ladame veutquepersonne nesache cequi s’est passé. » Sesyeux fixèrent les miens, sesyeux decaniche, humides etpourtant résolus : « Yes, Sir » , fit-il sans unmot deplus.

Puisilfit disparaître duparquet lestraces desang, remit toutenordre dumieux qu’ilput,etsa détermination justement me fitretrouver lamienne. « Jamais, dansmavie, jelesais, jen’ai concentré enmoi unepareille énergie ; jamaiselleneme reviendra. Quand onatout perdu, onlutte comme undésespéré poursauver lesrestes suprêmes ; ici,c’était sontestament, le secret.

Jereçus lesgens avecunparfait sang-froid, leurracontai àtous lamême histoire inventée : comment le boy, parti sursesordres chercher lemédecin, m’avaitparhasard rencontré enroute.

Maispendant queje parlais, affectant lecalme, j’attendais… j’attendaissanscesse celuidonttoutdépendait… lemédecin légiste, avant quenous pussions l’enfermer danslabière, avecsonsecret… C’étaitlejeudi… nel’oubliez pas,etlesamedi arrivait sonmari… « Enfin, àneuf heures, j’entendis annoncerlemédecin del’état civil.Jel’avais faitappeler –ilétait mon supérieur hiérarchique et,enmême temps, monconcurrent ; c’étaitcemême docteur dontellem’avait parléde façon siméprisante etqui, évidemment, avaitdéjàconnaissance dema demande dechangement.

Aupremier regard, jelesentis, ilétait mon ennemi.

Maiscela,précisément, raiditmesforces. « Dans l’antichambre déjà,ildemanda : « – Quand madame… –ilprononça sonnom –est-elle, morte ? « – Àsix heures dumatin. « – Quand vousa-t-elle envoyéchercher ? « – Àonze heures dusoir. « – Saviez-vous quej’étais sonmédecin ? « – Oui, mais letemps pressait… Etpuis… ladéfunte m’avaitexpressément demandé.Elleavait défendu d’appeler unautre médecin. « Il meregarda d’unœilfixe : danssonvisage pâleetquelque peubouffi, unerougeur passa ;jevis qu’il était irrité.

Maisc’était justement cequ’il mefallait –toute monénergie sedéployait envue d’une rapide décision, car je me rendais comptequemes nerfs nerésisteraient pluslongtemps.

Ilallait répondre avechostilité, puisildit. »

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