Chapitre 7 Le torrent de la Foïba Il était environ onze heures du soir.
Publié le 01/11/2013
Extrait du document
«
Toutefois,
cettesituation nepouvait seprolonger.
Lesforces deMathias Sandorf
commençaient às’épuiser sensiblement.
Ende certains moments, tandisqu’ilsoulevait latête
d’Étienne Bathory,lasienne s’enfonçait souslacouche liquide.
Larespiration luimanquait
subitement.
Ilhaletait, ilétouffait, ilavait àse débattre contreuncommencement d’asphyxie.
Plusieurs fois,même, ildut lâcher soncompagnon, dontlatête s’immergeait aussitôt ;mais
toujours ilparvint àle ressaisir, etcela aumilieu decet entraînement deseaux qui,gonflées en
certains pointsresserrés ducanal, déferlaient avecuneffroyable bruit.
Bientôt lecomte Sandorf sesentit perdu.
Lecorps d’Étienne Bathoryluiéchappa
définitivement.
Parundernier effort,ilessaya delereprendre… Ilne letrouva plus,etlui-
même s’enfonça danslesnappes inférieures dutorrent.
Soudain, unchoc violent luidéchira l’épaule.
Ilétendit lamain, instinctivement.
Sesdoigts, en
se refermant, saisirentunetouffe deracines, quipendaient dansleseaux.
Ces racines étaient cellesd’untronc d’arbre, emporté parletorrent.
Mathias Sandorfse
cramponna solidementàcette épave, etrevint àla surface delaFoïba.
Puis,pendant qu’ilse
retenait d’unemainàla touffe, ilchercha del’autre soncompagnon.
Un instant après,Étienne Bathory étaitsaisiparlebras, et,après deviolents efforts,hissésurle
tronc d’arbre, oùMathias Sandorfpritplace àson tour.
Tousdeux étaient momentanément
hors decedanger immédiat d’êtrenoyés, maisliésausort même decette épave, livréeaux
caprices desrapides duBuco.
Le comte Sandorf avaitpendant uninstant perduconnaissance.
Aussi,sonpremier soinfut-il de
s’assurer qu’Étienne Bathorynepouvait glisserdutronc d’arbre.
Parsurcroît deprécaution,
d’ailleurs, ilse plaça derrière lui,demanière àpouvoir lesoutenir.
Ainsiposé, ilregardait en
avant.
Pourlecas oùquelque lueurdujour pénétrerait danslacaverne, ilserait àmême de
l’apercevoir etd’observer l’étatdeseaux àleur sortie d’aval.
Maisrienn’indiquait qu’ilfûtprès
d’atteindre l’issuedecet interminable canal.
Cependant, lasituation desfugitifs s’étaitquelque peuaméliorée.
Cetronc d’arbre mesurait
une dizaine depieds danssalongueur, etses racines, ens’appuyant surleseaux, devaient faire
obstacle àce qu’il seretournât brusquement.
Àmoins dechocs violents, sastabilité paraissait
assurée, malgrélesdénivellations delamasse liquide.
Quantàsa vitesse, ellenepouvait pas
être estimée àmoins detrois lieues àl’heure, étantégale àcelle dutorrent quil’entraînait.
Mathias Sandorfavaitrepris toutsonsang-froid.
Ilessaya alorsderanimer soncompagnon,
dont latête reposait surses genoux.
Ils’assura quesoncœur battait toujours, maisqu’il
respirait àpeine.
Ilse pencha sursabouche pourinsuffler unpeu d’air àses poumons.
Peut-
être lespremières atteintesdel’asphyxie n’avaient-elles pointproduit enson organisme
d’irréparables désordres !
En effet, Étienne Bathory fitbientôt unléger mouvement.
Desexpirations plusaccentuées
entrouvrirent seslèvres.
Enfin,quelques motss’échappèrent desabouche :
« Ma femme !… Monfils !… Mathias ! »
C’était toutesavie qui tenait danscesmots.
« Étienne, m’entends-tu ?… m’entends-tu ?demandalecomte Sandorf, quidut crier aumilieu
des mugissements dontletorrent emplissait lesvoûtes duBuco.
– Oui… oui… !Jel’entends !… Parle !…Parle !… Tamain danslamienne !
– Étienne, nousnesommes plusdans undanger immédiat, réponditlecomte Sandorf.
Une
épave nousemporte… Où ?…Jene puis ledire, mais dumoins, ellenenous manquera pas !
– Mathias, etledonjon ?…
– Nous ensommes loindéjà ! Ondoit croire quenous avons trouvé lamort dansleseaux dece
gouffre, et,certainement onnepeut songer ànous ypoursuivre ! Enquelque endroitquese
déverse cetorrent, merourivière, nousyarriverons, etnous yarriverons vivants !Quele
courage net’abandonne pas,Étienne ! Jeveille surtoi !.
»
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