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Cinna La gloire qu'on remporte à punir les tyrans, Et faisons publier par toute l'Italie : « La liberté de Rome est l'oeuvre d'Émilie ; On a touché son âme, et son coeur s'est épris ; Mais elle n'a donné son amour qu'à ce prix.

Publié le 12/04/2014

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Cinna La gloire qu'on remporte à punir les tyrans, Et faisons publier par toute l'Italie : « La liberté de Rome est l'oeuvre d'Émilie ; On a touché son âme, et son coeur s'est épris ; Mais elle n'a donné son amour qu'à ce prix. » FULVIE Votre amour à ce prix n'est qu'un présent funeste Qui porte à votre amant sa perte manifeste. Pensez mieux, Émilie, à quoi vous l'exposez, Combien à cet écueil se sont déjà brisés ; Ne vous aveuglez point quand sa mort est visible. ÉMILIE Ah ! tu sais me frapper par où je suis sensible. Quand je songe aux dangers que je lui fais courir, La crainte de sa mort me fait déjà mourir ; Mon esprit en désordre à soi-même s'oppose : Je veux et ne veux pas, je m'emporte et je n'ose ; Et mon devoir confus, languissant, étonné, Cède aux rébellions de mon coeur mutiné. Tout beau, ma passion, deviens un peu moins forte ; Tu vois bien des hasards, ils sont grands, mais qu'importe : Cinna n'est pas perdu pour être hasardé. De quelques légions qu'Auguste soit gardé, Quelque soin qu'il se donne et quelque ordre qu'il tienne, Qui méprise sa vie est maître de la sienne. Plus le péril est grand, plus doux en est le fruit ; La vertu nous y jette, et la gloire le suit. Quoi qu'il en soit, qu'Auguste ou que Cinna perisse, Aux mânes paternels je dois ce sacrifice ; Cinna me l'a promis en recevant ma foi ; Et ce coup seul aussi le rend digne de moi. Il est tard, après tout, de m'en vouloir dédire. Aujourd'hui l'on s'assemble, aujourd'hui l'on conspire, L'heure, le lieu, le bras se choisit aujourd'hui ; Et c'est à faire enfin à mourir après lui. SCÈNE IIICINNA, ÉMILIE,FULVIE SCÈNE IIICINNA, ÉMILIE,FULVIE 5 Cinna ÉMILIE Mais le voici qui vient. Cinna, votre assemblée Par l'effroi du péril n'est-elle point troublée ? Et reconnaissez-vous au front de vos amis Qu'ils soient prêts à tenir ce qu'ils vous ont promis ? CINNA Jamais contre un tyran entreprise conçue Ne permit d'espérer une si belle issue ; Jamais de telle ardeur on n'en jura la mort, Et jamais conjurés ne furent mieux d'accord ; Tous s'y montrent portés avec tant d'allégresse, Qu'ils semblent, comme moi, servir une maîtresse ; Et tous font éclater un si puissant courroux, Qu'ils semblent tous venger un père comme vous. ÉMILIE Je l'avais bien prévu, que, pour un tel ouvrage, Cinna saurait choisir des hommes de courage, Et ne remettrait pas en de mauvaises mains L'intérêt d'Émilie et celui des Romains. CINNA Plût aux dieux que vous-même eussiez vu de quel zèle Cette troupe entreprend une action si belle ! Au seul nom de César, d'Auguste, et d'empereur, Vous eussiez vu leurs yeux s'enflammer de fureur, Et dans un même instant, par un effet contraire, Leur front pâlir d'horreur et rougir de colère. « Amis, leur ai-je dit, voici le jour heureux Qui doit conclure enfin nos desseins généreux ; Le ciel entre nos mains a mis le sort de Rome, Et son salut dépend de la perte d'un homme, Si l'on doit le nom d'homme à qui n'a rien d'humain, À ce tigre altéré de tout le sang romain. Combien pour le répandre a-t-il formé de brigues ! Combien de fois changé de partis et de ligues, Tantôt ami d'Antoine, et tantôt ennemi, Et jamais insolent ni cruel à demi ! » Là, par un long récit de toutes les misères Que durant notre enfance ont enduré nos pères, Renouvelant leur haine avec leur souvenir, Je redouble en leurs coeurs l'ardeur de le punir. Je leur fais des tableaux de ces tristes batailles SCÈNE IIICINNA, ÉMILIE,FULVIE 6
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« ÉMILIE Mais le voici qui vient.

Cinna, votre assemblée Par l'effroi du péril n'est-elle point troublée ? Et reconnaissez-vous au front de vos amis Qu'ils soient prêts à tenir ce qu'ils vous ont promis ? CINNA Jamais contre un tyran entreprise conçue Ne permit d'espérer une si belle issue ; Jamais de telle ardeur on n'en jura la mort, Et jamais conjurés ne furent mieux d'accord ; Tous s'y montrent portés avec tant d'allégresse, Qu'ils semblent, comme moi, servir une maîtresse ; Et tous font éclater un si puissant courroux, Qu'ils semblent tous venger un père comme vous.

ÉMILIE Je l'avais bien prévu, que, pour un tel ouvrage, Cinna saurait choisir des hommes de courage, Et ne remettrait pas en de mauvaises mains L'intérêt d'Émilie et celui des Romains.

CINNA Plût aux dieux que vous-même eussiez vu de quel zèle Cette troupe entreprend une action si belle ! Au seul nom de César, d'Auguste, et d'empereur, Vous eussiez vu leurs yeux s'enflammer de fureur, Et dans un même instant, par un effet contraire, Leur front pâlir d'horreur et rougir de colère.

« Amis, leur ai-je dit, voici le jour heureux Qui doit conclure enfin nos desseins généreux ; Le ciel entre nos mains a mis le sort de Rome, Et son salut dépend de la perte d'un homme, Si l'on doit le nom d'homme à qui n'a rien d'humain, À ce tigre altéré de tout le sang romain.

Combien pour le répandre a-t-il formé de brigues ! Combien de fois changé de partis et de ligues, Tantôt ami d'Antoine, et tantôt ennemi, Et jamais insolent ni cruel à demi ! » Là, par un long récit de toutes les misères Que durant notre enfance ont enduré nos pères, Renouvelant leur haine avec leur souvenir, Je redouble en leurs coeurs l'ardeur de le punir.

Je leur fais des tableaux de ces tristes batailles Cinna SCÈNE III\24CINNA, ÉMILIE,FULVIE 6. »

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