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Claude Roy, Le bon usage du monde.

Publié le 28/03/2011

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Partie du programme abordée: Aventure, conquêtes et découvertes. Conseils pratiques : Le texte du résumé est clair et bien structuré ; dans la discussion, on essaiera au préalable de clairement définir les notions d 'ailleurs et surtout d'inutilité, cette dernière étant la plus intéressante : l'inutilité immédiate pouvant déboucher sur une utilité ultérieure (et réciproquement). On ne manquera pas, pour les exemples, de puiser dans l'actualité récente (d'Aboville, etc.). Le vieux débat de l'actif et du contemplatif, de l'ermite et du voyageur, n'a pas cessé de se poursuivre. Tandis que la plupart des hommes s'émerveillent d'entendre dans l'espace la voix d'un homme qui leur parle d'une fusée en route vers le cosmos, certains haussent les épaules. Ils déplorent que tant d'efforts, de science, d'ingéniosité et de courage soient dépensés en vue de coloniser la planète Mars ou de mettre pied sur la Lune, alors que nous ne sommes pas parvenus à rendre tout à fait humaine la terre des hommes, tout à fait habitable la planète où nous campons. [...] Qu'importe pour eux que l'homme devienne le maître de l'espace, puisqu'il est incapable d'être le maître de lui-même !  

Ce scepticisme est tout à fait logique et ce désabusement tout à fait raisonnable. Malheureusement la passion des voyages, le feu des découvertes ni le désir de l'inconnu ne sont des sentiments raisonnables. On pouvait raisonnablement dire aux premiers navigateurs qui venaient de creuser un tronc d'arbre et de se confier aux flots que tant que la roue, le chariot et la brouette n'étaient pas inventés, il n'était pas très sage de disperser les efforts de l'humanité, et de se lancer à la conquête de l'Océan, alors que la terre était loin d'être explorée. On pouvait objecter aux premiers pionniers de l'aviation qu'avant d'essayer de donner des ailes à l'homme, il aurait été plus sensé de perfectionner les moyens de transport déjà existants. [...] Au reste, l'histoire des sciences et celle des découvertes nous prouvent que l'on ne trouve pas toujours exactement ce que l'on cherchait, que les découvertes les plus inutiles en apparence portent des fruits inattendus, que les recherches les plus désintéressées et en apparence les plus absurdes ont soudain des applications extrêmement fécondes. Un grand alpiniste français, Lionel Terray, a intitulé le récit de ses ascensions Les conquérants de l'inutile. À l'état pur, avant d'être l'avidité du marchand, l'impatience du guerrier, la curiosité du collectionneur, le voyage est d'abord une passion. Toutes les passions sont, en un certain sens, des passions inutiles. On ne désire point une femme, un secret, un pays parce que leur possession peut être utile, mais parce que le désir qu'on en a est plus fort que tous les calculs, que toutes les raisons — que l'utilité. Il faut plaindre un peu celui qui part en voyage en étant capable de donner le catalogue méthodique des raisons qu'il a de partir. On ne part pas pour s'instruire ou pour s'enrichir, pour se divertir ou pour s'éprouver, pour connaître les hommes ou pour rapporter des papillons, pour visiter des musées ou pour étudier des industries, on part d'abord pour partir. Avant d'être un paradis ou jardin de délices, un pays lointain, c'est d'abord ce qui nous est refusé, ce qui est hors de portée de nos regards et de nos mains. [...] Les conquérants de Tailleurs sont toujours, avant tout, des conquérants de l'inutile. Claude Roy, Le bon usage du monde.  

Résumé (8 points) Résumez ce texte en 130 mots. Une marge de 10% en plus ou en moins est admise. Vous indiquerez à la fin de votre résumé le nombre de mots utilisés. Vocabulaire (2 points) Expliquez le sens dans le texte des mots soulignés : - «ce scepticisme«, — s'éprouver. Discussion (10 points) «Les conquérants de l'ailleurs sont toujours, avant tout, des conquérants de l'inutile«. En vous appuyant sur des exemples précis, vous expliquerez et éventuellement discuterez cette affirmation de Claude Roy.

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