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Connaissance de l'homme et sociologie du primitif

Publié le 21/02/2012

Extrait du document

sociologie

Dans « les Noyers de l’Altenburg « Malraux met en scène les par­ticipants d’un colloque qui cherchent à définir l’homme et la culture, découvrant en tout cas, par l'entremise de Pan d’entre eux, que c’est au-delà d’archaïques structures collectives qu’il faut réaliser l’universel.

 

... « La culture ne nous enseigne pas l’homme, elle nous enseigne tout modestement l’homme cultivé, dans la mesure où il est cultivé « comme l’introspection ne nous enseigne pas l’homme, mais tout modestement l’homme qui a l’habitude de se regarder !

Les esprits voués à cette prospection-là, disons le Tolstoï de Guerre et Paix, Stendhal, Montaigne, Meredith peut-être, Dostoïevski surtout, — qui vous voudrez — si on leur demandait : « Alors, en somme, connaître l’homme, qu’est-ce que c’est? « ils répondraient, tout modestement : ne plus pouvoir être surpris par lui. C’est tout. C’est beaucoup. Ne plus être surpris par lui. Connaissance négative? Hé, elle semble bien prendre maintenant le pas sur l’autre! Elle n’aboutit point à un système, mais à un domaine, à une caractérologie peut-être... Ce qui est bien naturel, car, après tout, nous ne prévoyons guère les actes vraiment importants de nos proches. On ne prévoit pas, on ne connaît pas : on reconnaît... Le mot exploration, appliqué à l’homme, n’est pas devenu pour rien une sorte de cliché : connaître un pays, c’est y être allé! Un homme que nous connaissons, c’est un homme dont un acte inattendu se relie, presque tout de suite, à quelque chose de déjà connu : la part de mystère de Dupont n’est pas dans ce qu’il fait d’imprévisible — tout serait mystère — mais plutôt dans l’impossibilité de rattacher son acte imprévu« quand il a eu lieu, à la part de Dupont qui nous est familière... «

« La notion d’homme a-t-elle un sens?

« Autrement dit : sous les croyances, les mythes, et surtout sous la multiplicité des structures mentales, peut-on isoler une don­née permanente, valable à travers les lieux, valable à travers l’his­toire, sur quoi puisse se fonder la notion d’homme? «

« Il y a cent ans, on ignorait quatre continents sur cinq; aujour­d’hui, nous n’ignorons plus une seule peuplade de quelque impor­tance. Parfait. Fini le temps où on pensait qu’on comprendrait plus tard, selon les meilleures traditions ! Le bilan est déposé.

« Il est inquiétant... Il est inquiétant.

« Plus nous plongeons dans le temps, moins nous y trouvons la brute primitive à massue : au fond de ces ténèbres, au-delà d’Ur, du monde sumérien, de toute l’humanité archéologique, il y a encore des villes, l’Etat. Depuis que, derrière l’homme — si tant est que le mot ait un sens — nous ne voyons plus le singe, que commençons-nous à voir apparaître? une sorte de fourmi. «

(A. Malraux. « Les Noyers de l’Altenburg «. Gallimard, éditeur).

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