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D'où vient Tristan ?

Publié le 14/12/2011

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L'intérêt des grandes oeuvres, c'est qu'elles permettent toutes les exégèses. Que n'a-t-on pas écrit sur Homère, par exemple, qui attire autour de son oeuvre les spécialistes les plus avertis, comme les amateurs les plus illuminés ? Il en va de même du plùs grand roman de la littérature celtique. L'histoire troublante et merveilleuse de Tristan et Iseult est devenue un objet d'études généralement contradictoires où s'affrontent les tenants des diverses origines de l'oeuvre. C'est en Iran, au dire de Pierre Gallais, auteur d'une thèse intitulée Genèse du roman occidental; essais sur Tristan et Iseult et son modèle persan (Sirac éditeur), qu'il conviendrait d'aller chercher le modèle du poème. Pourquoi pas ? D'autres y ont déjà pensé. Il existe en effet un poème du XIe siècle, Wis et Ramin, qui par certains côtés, fait penser à la première histoire d'amour de l'Occident. Le Persan Gurgâni qui vécut un siècle avant Béroul, aurait donc été connu de celui-ci ?

 

« on pense, c'est lui qui importe avec sa façon d'être devant le monde.

Il apprend à se con­ naître en apprenant à connaître les autres.

La matière première de son œuvre est visible dans ce~;~ carnets que domine la méditation et qui le préparent à la mort.

Claudel devant la Bible Neuf fois de suite, Claudel a demandé à la Bible son mystère, qui est celui de Dieu.

Le neuvième volume d'exégèse biblique qu'il ait écrit · vient de paraître chez Gallimard.

C'est le vingt-septième volume des œuvres com­ plètes.

Et pour la neuvième fol3, le lecteur, qui s'y laisse toujours prendre, comme s'il ne connaissait pas l'écrivain, retrouve ou plutôt redécouvre le prodigieux bruissement verbal de l'auteur du Soulier de Satin, ce torrent infini qui transporte sans relâche la montagne vers l'océan.

Les spécialistes de la Bible qui en font des analyses scientifiques ne trouvent peut-être pas dans Claudel les solutions aux problèmes que leur pose le texte sacré; ils doivent même souvent s'énerver que le poète ait tendance à laisser courir son imagination et sa plume au Heu d'atteindre le noyau de cette lente révélation.

Mais quelle épopée que Claudel cheminant vers la mort en compagnie des prophètes de l'Ancien Testament ! Tout y est, une lecture, comme on dit, du vieux texte, et aussi des souvenirs, des inventions touristi­ ques, bref tout ce qui fait le Claudel des grands jours.

Ce furent ses derniers écrits, du moins les derniers qu'il ait recopiés et préparés à l'édi­ tion.

Isaïe le fait entrer en transes.

L'incandes­ cence de la parole est, chez Claudel, une in­ cantation, dans le sens magique du mot.

Ce fils de la terre savait que le langage n'existe que par les communications qu'il permet entre les hommes entre eux entre les hommes .et le ciel.

L'exégèse de la Bible qu'il a faite est d'or­ dre poéti'que, sûrement, plus que scientifique; mais qui lui en voudrait ? Ces lignes ultimes sont un dialogue du poète avec les prophètes qui l'avaient nourri.

Une sorte de testament.

Un poète nommé Sai'nt-John Perse Alexis Léger avait le goût des mots, qui est aussi celui des noms.

II s'appelait Alexis Saint-Léger Léger, ce qui n'est pas simple, mais était inscrit à l'état civil; il choisit le pseudo­ nyme de Saint-John Perse.

Ses parents, des plan­ teurs de la région de Pointe~à-Pitre, dont les aïeux étaient venus aux Antilles au XVIII" siècle, avaient leurs terres sur l'île Saint..tLéger-les­ feuilles.

Au large de la Guadeloupe, une ile porte le nom de Saint-John.

Tout le secret de ces jeux de mots et de noms est peut-être enfermé dans ces archives familiales et cette géographie.

·Qui le dil'a ? Alexis Léger a voulu gal'del' son secret pour lui-même, si tant est qu'il y ait eu un secl'et.

Il est mort le 20 septembre, à Giens, dans le Var.

Il était né en 1887.

Il eut le prix Nobel de littérature en 1960.

Saint-John Perse, né aux Antilles, n'avait pas douze ans quand il vint en France avec ses parents qui s'installèrent à Pau.

Bordeaux fut la ville de ses études.

Il fit du droit, en même temps qu'il s'essayait à l'écriture.

A peine a-t-il atteint ses vingt ans qu'il envoie à la NRF, jeune revue qui a vite acquis de la notoriété, ses premiers écrits, Images à Crusoé, et Eloges.

Mais son avenir n'est pas, croit-il, dans la littérature.

Il sera diplomate.

Il va en Chine, en Mongolie extérieure, représ.entel' le gouver­ nement français.

Il va aux Etats-Unis.

Aucun de ces voyages n'est inutile.

Non seulement le fonctionnaire est digne de la confiance qu'on lui donne, mais le poète secl'et qui est en lui trouve, dans ces tl'aversées de continents in­ connus, dans ces désel'ts ou ces villes .en ges­ tation, une imagerie qui convient à son ima­ gination et une inspiration à la mesure de son souffle.

L'homme est nourri de textes classiques, des Grecs surtout, un Pindare ou un Eschyle, avec les•quels il se sent à égalité, ils lui ont donné la leçon de son art, une manière de parler des airs et de la mer, de l'homme et des hom­ mes, qu'il n'oubliera jamais.

L'Asie lui a fait dé­ couvrir l'ï.mmense poésie de la nature, la puis­ sance des pulsions telluriques, la beauté de l'es­ pace infini.

Lui trouve les mots qu'il faut pour dire ce que sont ces paysages, et surtout pour dire ce qu'ils sont au regard de l'•homme.

La rencontre est d'importance.

Mais Saint-John Pers.e est devenu Alexis Léger.

II cache ce qu'il écrit; il fait retirer du commerce les quelques livres qu'il a publiés.

Briand, qu'il rencontre à Washington en 1925, se prend d'affection pour lui et l'ins­ talle au Quai d'Orsay.

Alexis Léger, secrétaire général aux Aff11..ires étrangères, délaisse tout ce qui n'a pas de rapport avec sa fonction.

La guerre survient.

Nommé par Paul Reynaud à l'ambassade de France aux Etats-Unis, poste qu'il refuse, il se retrouve, après l'armistice à Londres puis à New York.

L'exil lui inspire des poèmes.

La solitude est son lot, mais il retrouve sa liberté dans la moisson verbale qu'il fait sienne.

Revenu .en France en 1957,: il épouse, l'année suivante, une Américaine et reçoit, en 1960, le Nobel.

Son nom était désor­ mais consacré.

La consécration n'est pas nécessairement la popularité.

Saint-John Pers.e n'a jamais cherché celle-ci et on voit mal comment il l'aurait ac­ quise.

Ce descendant des grands rhétoriciens, cet héllénish: qui savait ce qu'on peut faire dire à la mer et au soleil, au vent et ·à la nuit, avait l'orgueil de ce qu'il était.

C'était aux au­ tres de l'atteindl'e, et non l'in·verse ! C'est là sa limite et sa grandeur.. »

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