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et incertaine lueur.

Publié le 04/11/2013

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et incertaine lueur. Tout à coup, arrivée à l'embranchement du corridor, un homme fit deux pas en avant, démasqua un bougeoir e vermeil dont il s'éclairait en s'écriant : - Le voilà ! Marguerite se trouva face à face avec son frère Charles. Derrière lui se tenait debout, un cordon e soie à la main, le duc d'Alençon. Au fond, dans l'obscurité, deux ombres apparaissaient debout, l'une à côté de l'autre, ne reflétant d'autre lumière que celle que renvoyait l'épée nue qu'ils tenaient à la main. Marguerite embrassa tout le tableau d'un coup d'oeil. Elle fit un effort suprême, et répondit en souriant à Charles : - Vous voulez dire : La voilà, Sire ! Charles recula d'un pas. Tous les autres demeurèrent immobiles. - Toi, Margot ! dit-il ; et où vas-tu à cette heure ? - À cette heure ! dit Marguerite ; est-il donc si tard ? - Je te demande où tu vas. - Chercher un livre des discours de Cicéron, que je pense avoir laissé chez notre mère. - Ainsi, sans lumière ? - Je croyais le corridor éclairé. - Et tu viens de chez toi ? - Oui. - Que fais-tu donc ce soir ? - Je prépare ma harangue aux envoyés polonais. N'y a-t-il pas conseil demain, et n'est-il pas convenu que chacun soumettra sa harangue à Votre Majesté ? - Et n'as-tu pas quelqu'un qui t'aide dans ce travail ? Marguerite rassembla toutes ses forces. - Oui, mon frère, dit-elle, M. de La Mole ; il est très savant. - Si savant, dit le duc d'Alençon, que je l'avais prié, quand il aurait fini avec vous, ma soeur, de me venir trouver pour me donner des conseils, à moi qui ne suis pas de votre force. - Et vous l'attendiez ? dit Marguerite du ton le plus naturel. - Oui, dit d'Alençon avec impatience. - En ce cas, fit Marguerite, je vais vous l'envoyer, mon frère, car nous avons fini. - Et votre livre ? dit Charles. - Je le ferai prendre par Gillonne. Les deux frères échangèrent un signe. - Allez, dit Charles ; et nous, continuons notre ronde. - Votre ronde ! dit Marguerite ; que cherchez-vous donc ? - Le petit homme rouge, dit Charles. Ne savez-vous pas qu'il y a un petit homme rouge qui revient au vieux Louvre ? Mon frère d'Alençon prétend l'avoir vu, et nous sommes en quête de lui. - Bonne chasse, dit Marguerite. Et elle se retira en jetant un regard derrière elle. Elle vit alors sur la muraille du corridor les quatre ombres réunies et qui semblaient conférer. En une seconde elle fut à la porte de son appartement. - Ouvre, Gillonne, dit-elle, ouvre. Gillonne obéit. Marguerite s'élança dans l'appartement, et trouva La Mole qui l'attendait, calme et résolu, mais l'épée à la main. - Fuyez, dit-elle, fuyez sans perdre une seconde. Ils vous attendent dans le corridor pour vous assassiner. - Vous l'ordonnez ? dit La Mole. - Je le veux. Il faut nous séparer pour nous revoir. Pendant l'excursion de Marguerite, La Mole avait assuré l'échelle à la barre de la fenêtre, il l'enjamba ; mais avant de poser le pied sur le premier échelon, il baisa tendrement la main de la reine. - Si cette échelle est un piège et que je meure pour vous, Marguerite, souvenez-vous de votre promesse. - Ce n'est pas une promesse, La Mole, c'est un serment. Ne craignez rien. Adieu. Et La Mole enhardi se laissa glisser plutôt qu'il ne descendit par l'échelle. Au même moment on frappa à la porte. Marguerite suivit des yeux La Mole dans sa périlleuse opération, et ne se retourna qu'au moment où elle se fut bien assurée que ses pieds avaient touché la terre. - Madame, disait Gillonne, madame ! - Eh bien ? demanda Marguerite. - Le roi frappe à la porte. - Ouvrez. Gillonne obéit. Les quatre princes, sans doute impatientés d'attendre, étaient debout sur le seuil. Charles entra. Marguerite vint au-devant de son frère, le sourire sur les lèvres. Le roi jeta un regard rapide autour de lui. - Que cherchez-vous, mon frère ? demanda Marguerite. - Mais, dit Charles, je cherche... je cherche... eh ! corne de boeuf ! je cherche M. de La Mole. - M. de La Mole ! - Oui ; où est-il ?Marguerite prit son frère par la main et le conduisit à la fenêtre. En ce moment même deux hommes s'éloignaient au grand galop de leurs chevaux, gagnant la tour de bois ; l'un d'eux détacha son écharpe, et fit en signe d'adieu voltiger le blanc satin dans la nuit : ces deux hommes étaient La Mole et Orthon. Marguerite montra du doigt les deux hommes à Charles. - Eh bien, demanda le roi, que veut dire cela ? - Cela veut dire, répondit Marguerite, que M. le duc d'Alençon peut remettre son cordon dans sa poche et MM. d'Anjou et de Guise leur épée dans le fourreau, attendu que M. de La Mole ne repassera pas cette nuit par e corridor.

« Marguerite montradudoigt lesdeux hommes àCharles. – Eh bien, demanda leroi, que veut direcela ? – Cela veutdire, répondit Marguerite, queM. le ducd’Alençon peutremettre soncordon danssapoche et MM. d’Anjou etde Guise leurépée dans lefourreau, attenduqueM. de La Mole nerepassera pascette nuitpar le corridor.. »

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