fallait accepter ou refuser.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Lemythe deSisyphe.
Essai surl’absurde.
(1942)
Un
raisonnement absurde
LALIBERTÉ ABSURDE
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leprincipal estfait.
Jetiens quelques évidences dontjene peux medétacher.
Ceque je
sais, cequi est sûr, ceque jene peux nier,ceque jene peux rejeter, voilàcequi compte.
Jepeux tout
nier decette partie demoi quivitdenostalgies incertaines, saufcedésir d'unité, cetappétit de
résoudre, cetteexigence declarté etde cohésion.
Jepeux toutréfuter danscemonde quim'entoure, me
heurte oume transporte, saufcechaos, cehasard roietcette divine équivalence quinaît del'anarchie.
Je
ne sais passice monde aun sens quiledépasse.
Maisjesais quejene connais pascesens etqu'il m'est
impossible pourlemoment deleconnaître.
Quesignifie pourmoiune signification horsdema condition ?
Je nepuis comprendre qu'entermes humains.
Ceque jetouche, cequi me résiste, voilàceque je
comprends.
Etces deux certitudes, monappétit d'absolu etd'unité etl'irréductibilité decemonde àun
principe rationnel etraisonnable, jesais encore quejene puis lesconcilier.
Quelleautrevérité puis-je
reconnaître sansmentir, sansfaire intervenir unespoir quejen'ai pasetqui nesignifie riendans les
limites dema condition ?
Si j'étais arbreparmilesarbres, chatparmi lesanimaux, cettevieaurait unsens ouplutôt ce
problème n'enaurait pointcarjeferais partie decemonde.
Je serais ce
monde auqueljem'oppose
maintenant partoute maconscience etpar toute monexigence defamiliarité.
Cetteraison sidérisoire,
c'est ellequim'oppose àtoute lacréation.
Jenepuis lanier d'un trait deplume.
Ceque jecrois vrai,je
dois donc lemaintenir.
Cequi m'apparaît siévident, mêmecontre moi,jedois lesoutenir.
Etqu'est-ce qui
fait lefond dececonflit, decette fracture entrelemonde etmon esprit, sinonlaconscience quej'en ai ?
Si donc jeveux lemaintenir, c'estparune conscience perpétuelle, toujoursrenouvelée, toujourstendue.
Voilà ceque, pour lemoment, ilme faut retenir.
Àce moment, l'absurde, àla fois siévident etsidifficile
à conquérir, rentredanslavie d'un homme etretrouve sapatrie.
Ace moment encore,l'esprit peut
quitter laroute arideetdesséchée del'effort lucide.Elledébouche maintenant danslavie quotidienne.
Elle retrouve lemonde del'« on » anonyme, maisl'homme yrentre désormais avecsarévolte etsa
clairvoyance.
Iladésappris d'espérer.
Cetenfer duprésent, c'estenfinsonroyaume.
Touslesproblèmes
reprennent leurtranchant.
L'évidence abstraiteseretire devant lelyrisme desformes etdes couleurs.
Les conflits spirituels s'incarnent etretrouvent l'abrimisérable etmagnifique ducœur del'homme.
Aucun n'estrésolu.
Maistoussont transfigurés.
Va-t-onmourir,échapper parlesaut, reconstruire une
maison d'idées etde formes àsa mesure ? Va-t-onaucontraire soutenirlepari déchirant etmerveilleux
de l'absurde ? Faisonsàcet égard undernier effortettirons toutes nosconséquences.
Lecorps, la
tendresse, lacréation, l'action,lanoblesse humaine, reprendront alorsleurplace danscemonde insensé.
L'homme yretrouvera enfinlevin del'absurde etlepain del'indifférence dontilnourrit sagrandeur..
»
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